Shaun Suisham aurait aimé jouer dans la Ligue nationale de hockey, mais il admet qu'il n'était pas assez bon. «J'ai joué junior, mais c'était du junior C», dit-il en riant.

Pas assez bon pour la LNH, monsieur Suisham a donc pensé à faire quelque chose d'autre. Jouer au football dans la NFL, par exemple...

 

Finalement, le jeune homme de 26 ans a fait le bon choix. Le voici botteur chez les Redskins de Washington, après avoir tenté sa chance avec les Steelers et avec les Cowboys, avec les 49ers aussi. Pas pire du tout, le jeune Suisham; il a même réussi un placement de 50 verges cette saison...

Suisham vient d'un petit bled perdu de l'Ontario, Wallaceburg, là où il a grandi en fan des Maple Leafs, tient-il à préciser devant le journaliste montréalais. «Mais je suis devenu un fan des Capitals... Je vais les voir souvent à Washington», tient-il aussi à préciser.

Il a joué au hockey. Longtemps. Mais une fois rendu au secondaire, il s'est mis au football, avant d'obtenir une bourse à l'Université Bowling Green. De là, tout a déboulé d'un seul coup: les défunts Renegades d'Ottawa l'ont repêché, et les Steelers de Pittsburgh l'ont invité à leur camp d'entraînement, en 2005.

Et le voici enfin chez les Redskins, dans le rôle du botteur, LE botteur de précision de l'équipe. Pas trop pire, non?

«Je suis très heureux d'être ici, ça ne pourrait pas aller mieux pour moi, ajoute-t-il. J'aime l'équipe, les partisans, l'ambiance des gros matchs dans notre stade. J'en suis à ma dernière année de contrat ici, et je souhaite être de retour la saison prochaine. On verra...»

Son job peut paraître facile, mais ce n'est pas si facile que ça. «Les gens te jugent rapidement; quand tu es botteur, ou bien tu réussis, ou bien tu rates ton botté. C'est aussi simple que ça, et tout le monde comprend ça. Il n'y a pas vraiment de milieu. Quand je rate mon coup, des fois, j'entends des choses dans les gradins... mais ce n'est pas si pire que ça.»

*****

Souvent, les botteurs sont un peu des «rejets». Dans les vestiaires de la NFL, le botteur, c'est toujours le plus petit, celui qui est à part, celui qui est seul dans son coin et qui ne parle à personne. Mais ce Suisham est un cas. Dans le vestiaire des Redskins, c'est lui qui blague avec tout le monde, c'est lui qui se permet de taquiner le demi de coin Fred Smoot, son voisin de droite. C'est d'ailleurs lui qui a insisté pour que le représentant de La Presse prenne place sur le tabouret de Smoot lors de l'entretien...

En plus, Shaun Suisham aime ça quand ça brasse sur le terrain. Mais si. C'est connu, la plupart des botteurs aimeraient mieux faire la bise à un pit-bull que de tenter de faire un plaqué lors d'un retour de botté.

Pas lui.

«J'étais comme ça au hockey; j'aimais ça quand ça brassait... J'adore le jeu physique. Si j'ai la chance de faire un plaqué, je vais le faire. Ça fait partie du jeu, mais le problème, c'est que les botteurs ne s'entraînent jamais pour ça...»

Shaun Suisham en a, de la chance. Jouer dans la NFL, c'est déjà bien. Jouer pour une équipe aussi prestigieuse que les Redskins de Washington, c'est encore mieux. Surtout quand vient le temps de disputer des matchs immenses, comme celui de demain soir face aux Cowboys de Dallas.

«Avant d'arriver aux États-Unis, je ne saisissais pas toute l'importance du football au pays. Je ne savais pas combien le football est quelque chose de très sérieux par ici. Alors j'ai dû apprendre. Aujourd'hui, je comprends mieux comment ça fonctionne.»

C'est vrai qu'il comprend bien, le Suisham. En fait, il a tellement bien appris qu'il jure ne jamais lire ce qui s'écrit sur son club dans les journaux ou sur le net. Un vrai pro, quoi. «Les Cowboys sont favoris pour l'emporter? Je ne savais pas...»

Pas grave, on est là pour ça.