C'est vraiment une bonne jeune équipe qu'ont construit Dick Jauron et les Bills de Buffalo. Discrètement et avec des moyens limités.

Buffalo n'a jamais eu l'attrait de New York ou Chicago, alors les saisons perdantes qui s'accumulent depuis le règne des Bills dans l'Association américaine ont fini de convaincre les joueurs autonomes de regarder ailleurs lorsqu'ils pouvaient le faire. Et ce n'est pas comme si les Bills baignaient dans une mer de fric. Ils ne présentent pas des matchs à Toronto pour la cuisine internationale.

De mémoire, la seule fois que les Bills ont fait parler d'eux sur le marché des joueurs autonomes depuis cinq ou six ans, c'est lorsqu'ils ont payé deux fois trop pour Derrick Dockery et Langston Walker, deux joueurs de ligne à l'attaque, en mars 2007. Rien pour faire vendre des chandails.

Vous l'aurez compris, tout passe par le repêchage à Buffalo. Et heureusement pour eux, les Bills font du bon boulot en avril depuis quelques années. Trent Edwards, Marshawn Lynch, Lee Evans, Josh Reed et James Hardy sont tous des choix au repêchage. Edwards est le meilleur quart de l'équipe depuis qu'elle a stupidement tassé Doug Flutie, Lynch n'est pas très spectaculaire, mais obtient des résultats corrects et, à 6'5, Hardy pourrait vite devenir le complément idéal à Evans (5'10) et Roscoe Parrish (5'9).

Les Bills ont payé une fortune pour Dockery (49 millions, sept ans) et Walker (25 millions, cinq ans), mais c'est Jason Peters qui est leur meilleur joueur de ligne. Un ancien ailier rapproché qui n'a jamais été repêché, Peters est selon certains le meilleur bloqueur à gauche de la NFL. Son salaire annuel de 3,25 millions ne semblant donc plus trop une si bonne affaire, Peters a fait la grève pendant le camp d'entraînement, mais est de retour avec l'équipe. Lui, Dockery et Walker doivent absolument bien performer; aussi bon soit-il, Edwards n'a que 24 ans et même pas une saison complète sur le terrain.

La plupart des membres de la défense proviennent également du repêchage. Les ailiers Aaron Schobel et Chris Kelsay sont solides, tandis que le secondeur Paul Posluszny, le demi de sûreté Donte Whitner et les demis de coin Ashton Youboty et Leodis McKelvin sont prometteurs et ont tous deux saisons ou moins d'expérience dans le circuit.

Les Bills ont conclu une rare transaction afin d'obtenir l'imposant Marcus Stroud pendant la saison morte, estimant qu'il manquait un plaqueur dominant au milieu de tous ces jeunes. Jusqu'ici, les Bills ont donné 10 points aux Seahawks et 16 aux Jaguars.

En plus de se bâtir une attaque et une défense équilibrées presque exclusivement par la voie du repêchage, les Bills accordent sagement une grande importance à leurs unités spéciales. Le récent premier choix McKelvin leur donne trois bons spécialistes des retours - Parrish et Terrence McGee sont les autres -, Rian Lindell fait partie des meilleurs botteurs de précision et Brian Moorman des meilleurs de dégagement. On ne réalise jamais à quel point les unités spéciales sont importantes avant qu'elles ne vous fassent perdre un match. À Buffalo, elles en font gagner. Un autre avantage d'accorder beaucoup d'importance aux unités spéciales, c'est que ça ne coûte pas cher de les garder intactes.

Et il y a le facteur météo...

On comprendrait les partisans de Buffalo d'en vouloir à l'humanité. L'humiliation des quatre défaites au Super Bowl, le but de Brett Hull en finale, toutes ces blagues plates à propos de leur ville plate.

Les Bills ne forment pas encore une équipe très sexy. Il y aura encore des après-midi laborieux en attaque, le coach est plus ennuyeux que le parc de La Vérendrye et l'équipe s'en remet à ses unités spéciales pour gagner... Mais pour la première fois depuis plus d'une décennie, ça pointe vers le haut chez les Bills. Un déménagement permanent à Toronto alors que leur club recommence à gagner serait assez cruel pour les fans de Buffalo, qui ont déjà passablement souffert.