Le football universitaire bat son plein depuis quelques semaines partout au pays. Une surprise au Québec: le Vert et Or de Sherbrooke n'a toujours pas une victoire après trois semaines d'activités. Mais comme prévu, les Rouges de Québec et les Bleus de Montréal sont invaincus et devraient se disputer le titre de la conférence au mois de novembre.

Chaque saison de football universitaire me fait vivre une sorte de nostalgie de l'époque où le football était pour moi un plaisir dans tout ce qu'il y a de plus pur. Jouer avec mes amis pour le simple amour du sport et du dépassement de soi. Ces amis qui viennent des quatre coins de la province pour vivre l'aventure d'une «carrière» universitaire d'étudiant-athlète.

Il m'arrive de rêver d'y retourner pour y vivre la franche camaraderie, les émotions intenses que procurent les succès comme les échecs, la montée d'adrénaline lorsqu'on foule le terrain et peut-être... une certaine liberté où hypothèque, taxes municipales et responsabilités parentales n'étaient que des concepts abstraits! Mais l'idée de vivre avec trois colocataires dans un six et demi et surtout l'obligation de jumeler études et football me font hésiter sur ce désir de retourner dans le temps. La réalité des étudiants-athlètes du circuit universitaire n'est pas toujours glorieuse. Elle comporte son lot de sacrifices et de moments difficiles.

Il va sans dire que les études universitaires, peu importe le programme, comportent un certain niveau de difficulté. Les étudiants-athlètes ne sont pas tous en études libres comme certains voudraient le croire! La plupart font des études où les exigences sont élevées et la demande d'engagement est grande. D'ailleurs, le meilleur espoir en vue du prochain repêchage de la Ligue canadienne de football est un étudiant québécois en médecine de l'Université McGill, Laurent Duvernay-Tardif. Entre les examens de chirurgie et d'anatomie, il se prépare en vue de son prochain match!

Lors de mon passage universitaire, je calculais que le football occupait 40 heures par semaine dans mon horaire. Si on additionne les séances d'entraînement, les traitements, les entraînements en salle, l'étude des cahiers de jeux et des bandes vidéo ainsi que le jour du match, c'est l'investissement logique qu'un athlète doit y consacrer. Essentiellement, il s'agit d'occuper un emploi à temps plein en plus de poursuivre des études à temps plein.

Pour ma part, j'étais chanceux, le soutien financier de mes parents et le maigre revenu que j'accumulais l'été me permettaient de ne pas avoir à travailler pendant les trimestres d'automne et d'hiver. Mais pour certains, la réalité est tout autre. Aux heures d'études et de football, il faut ajouter les heures de travail rémunéré.

Comment y arrivent-ils? Avec de la discipline, de la rigueur et un désir profond de réussite.

Et pas question de couper les coins ronds. Pour les athlètes universitaires, les exigences scolaires sont strictes. Aucun passe-droit n'est permis pour un étudiant qui n'accumule pas le nombre de crédits requis annuellement pour pratiquer son sport. Que ce soit un joueur-vedette ou de deuxième plan, tous sont soumis aux mêmes exigences. Le non-respect de ces exigences entraîne une suspension sans appel. On parle ici d'étudiants-athlètes... et non d'athlètes-étudiants!

C'est pourquoi, le sport universitaire est, selon moi, une des meilleures écoles de vie. Il apprend aux jeunes, ou les force dans certains cas, à acquérir des aptitudes qui leur permettront de réussir sur le terrain, dans la salle de classe et, ultimement, dans la vie. Ce n'est pas un hasard que beaucoup d'employeurs reconnaissent la valeur des étudiants-athlètes dans les processus d'embauche. Règle générale, les jeunes qui ont connu ce genre de parcours font notamment preuve d'un bon esprit d'équipe, savent comment surmonter des obstacles et réussissent bien sous pression.

Parce que le sport est de plus en plus populaire et que le niveau de compétition augmente d'année en année, il nous arrive souvent d'être presque aussi critiques à leur égard qu'on le serait pour les professionnels. Lorsque vous regarderez le prochain match de votre fils, de votre neveu ou de votre équipe préférée, n'oubliez pas que ce sont d'abord des jeunes qui apprennent la vie et qui donnent, jour après jour, tout ce qu'ils ont pour y arriver. Peut-être pouvons-nous leur permettre quelques petites erreurs sur le terrain!