Les premières semaines de septembre constituent la période au cours de laquelle les équipes de la Ligue nationale de football (NFL) doivent procéder aux dernières coupes de personnel et finaliser la composition de leur équipe pour le début du calendrier régulier. Plusieurs footballeurs écartés optent alors pour leur plan B: la Ligue canadienne de football (LCF).

C'est donc une période bien mouvementée pour les alignements de la LCF. Certains joueurs vivront l'expérience canadienne pour la première fois. D'autres, qui ont déjà joué dans la LCF et qui ont tenté leur chance au sud de la frontière, reviendront auprès des équipes qui possèdent leurs droits au Canada.

Les règlements ont changé au cours des dernières années. Un joueur qui avait signé un contrat avant le 25 juin 2010 pouvait s'entendre avec une équipe de la NFL avant son année d'option, et l'équipe pour laquelle il jouait dans la LCF conservait ses droits. Cette permission est maintenant disparue en raison de la nouvelle convention collective. Les joueurs qui désirent tenter leur chance dans la NFL doivent attendre la fin de leur année d'option ou demander à être carrément libérés par leur organisation.

Ainsi, il y aura une myriade de joueurs qui feront leur entrée sur la scène du football canadien et viendront brouiller les cartes pour certains clubs. Les joueurs en place le savent, et certains s'inquiètent de l'impact éventuel d'une telle migration. Déjà, cette année, le retour à Edmonton de Jerome Messam, joueur canadien par excellence en 2011, a forcé l'organisation à partager le temps de jeu entre trois porteurs de ballon. De même, Solomon Elimimian, des Lions de la Colombie-Britannique, pourrait effectuer un retour à partir d'aujourd'hui et compliquerait la tâche de Mike Benevides, puisque son remplaçant, Adam Bighill, joue très bien actuellement.

Depuis mon arrivée dans la LCF en 2005, j'ai rarement vu un joueur arriver d'une équipe de la NFL et avoir un impact important immédiat sur le terrain. D'une part, malgré l'excellente condition physique de ces joueurs, ceux qui n'ont jamais évolué dans la LCF doivent s'habituer au football canadien. Plusieurs n'y parviennent pas.

D'autre part, les joueurs retranchés doivent vivre le deuil d'un rêve déchu. Devant cette réalité, les attitudes diffèrent d'un joueur à l'autre. J'en ai vu revenir humbles et heureux d'avoir une autre occasion. J'en ai aussi vu d'autres frustrés et mécontents de leur sort.

À coup sûr, l'attitude adoptée par le joueur se transpose sur le terrain. En 2010, Larry Taylor est revenu d'un camp avec les Jets de New York et regrettait visiblement que son aventure dans la NFL soit terminée. Conséquence: des performances en deçà des attentes et sa libération par les Alouettes (peut-être le regrettent-ils aujourd'hui...). Taylor a pris quelques mois pour se remettre de sa déception, mais est maintenant de retour à sa forme des bons jours, pour le plus grand bonheur des partisans des Stampeders.

Au cours des prochaines semaines, nous verrons donc des nouveaux et des vieux visages faire leur entrée dans la ligue, mais il ne faut pas s'attendre à trop de changements majeurs. Les équipes du circuit Cohon ont des alignements complets et ne cherchent pas nécessairement à modifier leur formule soigneusement construite. L'acquisition de ces joueurs fait souvent partie d'un processus orienté vers le futur, et c'est avec leur formation actuelle que les équipes de la LCF tenteront de remporter un championnat.