Montréal. Terrain hostile? Équipe redoutée par les adversaires? Tel ne semble plus être le cas. Avec une fiche de deux victoires et trois défaites, une attaque au ralenti et une défense douteuse, la troupe qui foule le gazon vert du stade Percival-Molson en 2012 apparaît plus vulnérable que jamais.

J'ai toujours cru qu'il était difficile de rester au sommet et de gérer le succès. Une équipe gagnante tombe régulièrement dans les mêmes pièges. Elle présume que la victoire est acquise à l'avance, et les joueurs se fient aux autres pour réussir les jeux-clés. Ceux-ci en viennent à penser qu'en raison de l'uniforme qu'ils revêtent, leurs adversaires seront nerveux et concéderont d'entrée de jeu la défaite. C'est ainsi que la préparation devient souvent inadéquate.

Au cours des dernières années, les Alouettes ont su se tenir loin de ces pièges. Mais comment réagiront-ils face à l'insuccès?

Plusieurs dangers guettent les équipes en difficulté. Quand elles commencent à perdre, les joueurs tentent d'en faire trop pour compenser ou jouent sur les talons pour ne pas faire d'erreurs, mettant ainsi de côté leur instinct et la mécanique si chèrement acquise. Les joueurs d'équipes en difficulté prennent fréquemment différentes directions et oublient l'objectif d'équipe en voulant se protéger. On montre l'autre du doigt et on tente de se disculper. Soudainement, le chef du groupe perd de sa poigne et de sa crédibilité.

Quoi faire? Avoir la tête dure et un leadership fort! Il faut d'abord savoir ignorer les gens qui, comme moi, commencent à douter. Les Alouettes demeurent une bonne équipe, mais ne semblent tout simplement pas en mesure de créer une chimie qui leur permettrait d'aligner quelques victoires. Les joueurs doivent donc faire fi des critiques et garder confiance en eux-mêmes. Et c'est un match à la fois qu'ils y parviendront! Préparer le prochain match et éviter de se projeter trop loin dans l'avenir est une des clés pour retrouver le chemin de la victoire.

Deuxième clé: revenir à la base du jeu. Cliché, me direz-vous? Cela demeure pourtant essentiel. Retrouver ses marques. Faire confiance à ses instincts et, contrairement à ce que vos parents ou vos profs vous disaient... arrêter de penser. Au cours de toutes ces années qui les ont menés au rang professionnel, les joueurs ont acquis une mécanique. Certains gestes deviennent automatiques, ce qui permet de dégager l'attention et la concentration au profit de la stratégie. Il faut retrouver ces automatismes!

Ensuite, tout est une question de leadership, et Marc Trestman demeure l'homme de la situation.

J'ai été rassuré en voyant plusieurs joueurs, dont Anthony Calvillo et Marc-Olivier Brouillette, attribuer la dernière défaite à l'ensemble de l'équipe. Je croyais entendre Trestman parler. Il s'est toujours assuré que les joueurs comprennent que tout est une question d'équipe.

Alors que son attaque a longtemps été la force de l'équipe, Trestman s'assurait que tout le monde comprenne que c'était l'effort de tous, tant entraîneurs que joueurs, qui menait aux victoires. Lorsqu'il propageait ce message, tous comprenaient qu'il était lui-même un «joueur d'équipe» et qu'il n'en faisait jamais une histoire personnelle.

Son rôle n'est donc pas simple. Trestman doit à la fois faire comprendre aux joueurs qui ne font pas leur travail qu'ils doivent en faire plus, tout en insistant sur le fait qu'une victoire ou une défaite résulte d'un effort d'équipe. Trestman a su bien gérer le succès. Saura-t-il relever le défi de l'adversité?