Lundi prochain, les Argonauts de Toronto s'amèneront à Montréal pour une deuxième fois cette saison. On peut affirmer, sans trop de risque, que les Alouettes sortiront du stade Percival-Molson avec une victoire. L'organisation torontoise a déjà été une force dans la Ligue canadienne mais, depuis quelques années, elle traîne la patte.

Comment une équipe avec un propriétaire si généreux - le sénateur David Braley, également propriétaire des Lions de la Colombie-Britannique - ne réussit-elle pas à mettre une équipe gagnante sur le terrain? Dans quelle direction se dirige l'équipe et comment faire pour la ramener dans le droit chemin?

Sur le terrain, les Argonauts ont des lacunes patentes: une attaque anémique, une défense surtaxée et un manque de joueurs canadiens de qualité.

La ligne offensive, pilotée au centre par le Québécois Dominic Picard, est solide et constitue l'un des seuls éléments qui permette à l'équipe d'être compétitive.

Le problème à l'attaque se situe au poste de quart-arrière et chez les receveurs. Ralenti par une blessure à l'épaule en début de saison, Steven Jyles n'a effectué son premier départ que le 10 septembre. Bien qu'il détienne à mon avis les atouts nécessaires pour réussir dans cette ligue, on ne le sent pas encore établi dans son nouveau système.

Le groupe de receveurs est, quant à lui, médiocre. L'an dernier, le meilleur receveur de l'équipe, Jeremaine Copeland, a terminé au 23e rang de la ligue au chapitre des verges par la passe. Toutefois, l'organisation n'a procédé à aucun changement au cours de la saison morte. Cette année, Andre Durie mène l'équipe avec 521 verges et figure au 22e rang. Dans un circuit de huit équipes, c'est inacceptable. De nombreuses passes échappées, un manque de vitesse et l'incapacité de bien courir des tracés de passes sont quelques-unes des raisons de cette faiblesse.

Dans le champ arrière, Cory Boyd demeure une menace constante, mais on comprend pourquoi ses statistiques ne sont pas à la hauteur de celles de 2010. Un peu plus d'équilibre à l'attaque pourrait aider le porteur de ballon, qui souffre d'un jeu aérien déficient.

De l'autre côté du ballon, le front défensif est un des meilleurs de la ligue. Il réussit constamment à appliquer de la pression sur les quarts adverses. Toutefois, comme l'attaque ne passe qu'un peu plus de 26 minutes sur le terrain et génère très peu de premiers jeux, la défense est surtaxée. Cela explique en grande partie pourquoi la défense torontoise a accordé 208 points en deuxième demie cette saison, un sommet dans la ligue.

Par ailleurs, pour connaître du succès dans la LCF, il faut absolument posséder un solide groupe de joueurs canadiens. En raison du ratio exigé par les règlements de la ligue, la moitié des joueurs sur l'alignement de chacune des équipes doivent provenir du Canada. Si l'organisation désire obtenir plus de victoires, elle devra combler ses lacunes flagrantes à ce chapitre. En dehors de la ligne offensive, l'équipe possède peu de joueurs canadiens capables d'avoir un impact positif sur le terrain. Par des transactions ou grâce au repêchage, les Argonauts doivent solutionner ce problème rapidement.

L'ensemble de cette situation incombe à l'entraîneur-chef et directeur général Jim Barker. Selon moi, jumeler ces deux responsabilités est possible, mais peu souhaitable. Chez les Argonauts, cette formule a failli et il faut se rendre à l'évidence. C'est trop pour Barker d'avoir à dénicher, évaluer et embaucher des joueurs, alors qu'il doit diriger une équipe qui ne performe pas sur le terrain. L'attention de Barker est diluée et il doit absolument mettre l'accent sur une seule des deux tâches.

À mon avis, tout en continuant à se préparer de manière professionnelle et en mettant l'équipe la plus compétitive possible sur le terrain à chaque rencontre, l'organisation des Argonauts doit dès maintenant commencer à planifier la prochaine campagne. La 100e finale de la Coupe Grey arrive à grands pas dans la capitale ontarienne et un grand ménage sera nécessaire si les Argonauts veulent faire partie de la grande fête du football canadien.