La saison s'est amorcée le week-end dernier dans la LCF et nous avons eu droit à plusieurs surprises. Notamment la défaite des Tiger-Cats d'Hamilton, considérés par plusieurs comme la plus grande menace des Alouettes cette saison dans la division de l'Est, aux mains des Blue Bombers de Winnipeg.

À sa troisième année à la barre des Tiger-Cats, il est grandement temps pour l'entraîneur-chef Marcel Bellefeuille de maximiser le potentiel des éléments mis à sa disposition par un propriétaire généreux, Bob Young. Mais Bellefeuille paraît ne pas vouloir être seul sur un siège éjectable alors qu'il met beaucoup de pression sur les épaules de son quart-arrière partant, Kevin Glenn.

Glenn a connu une excellente saison en 2010, alors qu'il a lancé pour plus de 5000 verges et qu'il a réussi 33 passes de touché, des sommets en carrière. À la suite de ces performances, il a signé une prolongation de contrat jusqu'en 2012 durant la saison morte. Tout portait donc à croire qu'après quelques années laborieuses, Hamilton avait trouvé son homme. Or, ce même Glenn n'est visiblement pas à la hauteur depuis le début du dernier camp d'entraînement. Lors du match préparatoire contre les Alouettes, il a trop souvent manqué de précision en lançant le ballon beaucoup trop haut ou trop loin pour ses receveurs et le synchronisme avec sa brigade offensive était défaillant à plusieurs égards. Malgré une victoire écrasante de 57-20 au terme de ce match, Glenn a encore souffert du «syndrome Tiger-Cats» des années récentes en étant incapable de mettre le match hors de portée lorsque son équipe avait les devants. Le résultat de la rencontre a été l'affaire de Quinton Porter et du reste de l'attaque qui a malmené l'équipe «B» de Montréal.

Cette précision déficiente de Glenn a d'ailleurs mené à trois interceptions lors du match d'ouverture contre les Blue Bombers. Winnipeg a converti ces interceptions en 10 points. Après la troisième interception du match et avec 8 minutes 45 secondes à écouler au quatrième quart, Bellefeuille en avait assez vu et a décidé de retirer son quart au profit de son substitut, Porter.

À mon avis, il s'agit d'une décision très risquée. Alors que son équipe tirait de l'arrière par seulement quatre points, je crois qu'il aurait fallu insuffler un peu de confiance à son joueur-vedette et non le décourager. Glenn a même admis qu'il considérait avoir «reçu une claque en pleine face». Il venait d'être réprimandé pour une performance médiocre dès le premier match de la saison et n'était visiblement pas d'accord avec la décision de son patron.

C'est un pari dangereux qu'a pris Bellefeuille. En retirant son pivot du match, il a créé un climat de crainte et de méfiance au sein de l'organisation. Est-ce le genre de régime qu'on veut instaurer dès le début de la saison? Si les joueurs ne produisent pas, on ne perd pas de temps, on les sort! A-t-il perdu la confiance et le respect de son joueur le plus important, ou assistons-nous à une véritable bataille pour le poste de partant? Bellefeuille a d'ailleurs indiqué, après le match, qu'il ne savait toujours pas qui serait au poste de quart pour faire face aux Eskimos d'Edmonton. Il a finalement confirmé que Glenn serait à son poste.

Néanmoins, la question se pose encore. Si c'est le cas, on risque de voir deux quarts-arrière jouer pour ne pas faire d'erreurs au lieu de jouer pour gagner.

Bellefeuille vient certainement de se compliquer la tâche. Pour une équipe qui aspire aux grands honneurs, c'est une bien mauvaise façon d'amorcer la saison.