Nous terminons notre tour d'horizon des équipes de la LCF avec un arrêt à Edmonton, où les Eskimos espèrent faire oublier leur mauvaise saison 2010. Aucune autre équipe n'a fait plus de changements au cours des derniers mois, et les Eskimos croient avoir suffisamment amélioré leur formation afin de renouer avec leur tradition gagnante dès cette année.

Dans le monde du football canadien, les Eskimos d'Edmonton, ce sont les Yankees de New York au baseball, ou encore le Canadien au hockey: l'organisation qui fait l'envie de ses rivales, le modèle à suivre. Celle qui connaît normalement autant de succès sur le terrain qu'en affaires.

Sauf que l'équipe au casque jaune va dans la mauvaise direction depuis sa dernière conquête de la Coupe Grey, en 2005. Dans les 5 saisons qui ont suivi le 13e championnat de son histoire, l'équipe a obtenu une fiche de 38-51-1 et a raté les éliminatoires à 3 reprises. Pour une organisation qui a participé aux séries pendant 34 années de suite, ce sont des résultats inacceptables.

C'est pourquoi le DG Danny Maciocia a été remercié l'été dernier et que Richie Hall n'aura dirigé l'équipe que pendant deux ans. Les Eskimos ont remporté cinq de leurs sept derniers matchs, l'automne dernier, mais le mal était fait, et Hall a été remplacé par Kavis Reed.

En fait, les Eskimos étaient probablement pires que ce qu'indiquait leur fiche de 7-11, en 2010. Ils ont accordé 163 points de plus qu'ils en ont marqué, de loin le pire différentiel de la ligue - les Argonauts ont eu le deuxième parmi les pires (-69 points).

Hier, Reed a dit qu'il croyait que son équipe serait concurrentielle dès cette année, même si les Eskimos semblent être dans une phase de reconstruction.

«J'estime qu'on forme une équipe améliorée sur tous les plans. Elle est plus rapide, notre groupe de receveurs est plus imposant, et surtout, notre ensemble de joueurs canadiens est supérieur et possède plus de profondeur», a-t-il analysé.

«On sait qu'il faudra être patients. Cela étant dit, on croit que nos chances de connaître du succès sont aussi bonnes que celles des sept autres équipes de la ligue», a exprimé l'entraîneur-chef recrue.

Une deuxième chance pour Tillman

À défaut d'avoir choisi un entraîneur-chef expérimenté, les Eskimos ont opté pour un directeur général possédant une longue feuille de route. Eric Tillman a été nommé le nouveau DG de l'équipe en septembre dernier après avoir occupé les mêmes fonctions avec quatre autres équipes du circuit (Lions, Argonauts, Renegades et Roughriders) et remporté trois fois la Coupe Grey.

Tillman et les Roughriders ont officiellement mis fin à leur alliance, en janvier 2010, après qu'il eut plaidé coupable à des accusations d'agression sexuelle contre une adolescente de 16 ans qui gardait ses enfants, un événement qui se serait déroulé en août 2008. Tillman, qui soutenait être sous l'influence de médicaments au moment où il aurait commis l'agression, a reçu une absolution inconditionnelle et n'a donc pas de casier judiciaire.

Contrairement aux Roughriders, les Eskimos ont jugé que Tillman méritait une deuxième chance, et le DG ne chôme pas depuis qu'il travaille pour l'organisation. Il a multiplié les transactions et a fait l'acquisition de plusieurs joueurs, dont les vétérans Marcus Adams, Chris Bauman, Adarius Bowman et LaVar Glover. Or, si l'on peut parler de quantité, on ne peut pas dire que les joueurs obtenus sont de très grande qualité - du moins, pas à première vue.

Ce qui veut essentiellement dire que les destinées de l'équipe devraient encore une fois largement reposer sur les épaules de Ricky Ray. Malheureusement pour les Eskimos, le quart-arrière vient de connaître sa pire saison (11 touchés contre 16 interceptions) et plusieurs observateurs se demandent si ce n'est pas le début de la fin.

S'il est inquiet au sujet de son quart, Reed ne l'a nullement démontré lors de la téléconférence d'hier. Selon lui, Ray fait toujours partie des meilleurs passeurs de la ligue.

«J'ai regardé tous ses matchs de 2010 et plusieurs de 2009, et je crois que Ricky Ray demeure un quart capable de réussir 70% de ses passes. Et l'organisation est convaincue qu'il est encore un quart-arrière en mesure de remporter un championnat. Il est en parfaite santé, et on s'attend à une excellente saison de sa part.»

Les Eskimos ont par ailleurs annoncé que leur président, Rick LeLacheur, ne serait pas de retour au terme de son contrat actuel, qui prendra fin le 31 décembre 2012. LeLacheur a fait part de sa décision au conseil d'administration de l'équipe afin que la recherche de son successeur puisse s'amorcer le plus rapidement possible.

LeLacheur s'est joint aux Eskimos en 2002 et il est leur président depuis 2006.

Du sang-neuf

Kavis Reed, entraîneur-chef



C'est tout de même étonnant que les Eskimos aient opté pour un candidat sans expérience à titre d'entraîneur-chef, et dont la spécialité est la défense, pour succéder à Richie Hall. Ce dernier avait presque le même profil lorsqu'il est devenu le pilote des Eskimos, en 2009, et n'a remporté que 16 de ses 36 matchs avant de se faire montrer la sortie. C'est la sixième fois que Reed change d'employeur depuis qu'il est devenu un entraîneur dans la LCF, en 2001. Il a cependant fait du très bon travail à titre de coordonnateur défensif des Blue Bombers de Winnipeg l'année dernière.

Les piliers



Ricky Ray, quart-arrière

Les Eskimos ont un nouveau DG, un nouvel entraîneur-chef et des dizaines de nouveaux joueurs. Leurs espoirs reposent cependant sur le bon vieux Ricky Ray, qui entame sa neuvième saison avec l'équipe albertaine. Le quart de 31 ans a de loin connu sa pire saison en 2010, mais les Eskimos croient que c'était une erreur de parcours, et qu'il retrouvera sa forme des beaux jours, à l'été. Un retour en beauté de Ray est essentiel au succès des siens.

Fred Stamps, demi inséré

À sa quatrième saison dans la Ligue canadienne, Stamps s'est clairement établi comme le meilleur receveur des Eskimos, captant 80 passes pour 1223 verges et 5 touchés. Même si l'organisation a obtenu quelques cibles additionnelles pour Ray pendant l'hiver, notamment Adarius Bowman (Winnipeg) et Chris Bauman (Hamilton), le rapide Stamps demeure sans contredit son meilleur receveur, et peut-être même son meilleur joueur.

Chris Thompson, demi défensif

Il est difficile de trouver des points positifs à une défense qui a accordé 545 points la saison précédente - une moyenne de 30 par match -, et 57 de plus que n'importe quel autre club. Thompson a été l'un des meilleurs joueurs de l'unité grâce à ses sept interceptions, deuxième total dans la LCF.