Marc Trestman dit souvent qu'il respecte tous les autres entraîneurs de la LCF au même degré. Les tièdes poignées de main que s'offrent Jim Barker, des Argonauts de Toronto, et lui à la fin de leurs matchs nous porteraient toutefois à croire le contraire...

En revanche, l'admiration de l'entraîneur-chef des Alouettes pour Ken Miller, son homologue des Roughriders de la Saskatchewan, est évidente. Trestman et Miller ont participé à une conférence de presse, hier, et même si leurs formations se sont livré quelques duels épiques au cours de la dernière année et qu'elles s'affronteront en finale pour une deuxième saison de suite, les deux hommes s'entendent visiblement bien. Et ce n'est pas du bluff.

«On n'a qu'à regarder jouer les Roughriders afin de constater le type d'entraîneur qu'est Ken. Ce ne sont pas les meilleurs joueurs qui connaissent du succès, ce sont les meilleures équipes. Et celles de Ken sont toujours extrêmement disciplinées et bien structurées. Il n'y a aucune trace d'égoïsme. Puis la qualité de leur stratégie est également très élevée dans les trois facettes du jeu», a analysé Trestman, hier.

L'entraîneur-chef des Roughriders a rendu la pareille à Trestman, qui a souligné que ce dernier avait presque révolutionné le circuit canadien.

«Marc a apporté plusieurs nouvelles stratégies en attaque lorsqu'il est arrivé dans la LCF. Il est probablement l'entraîneur offensif qui a le plus d'influence dans le circuit, il a transformé le jeu aérien dans cette ligue. L'autre chose que j'observe, c'est la constance de son équipe. Elle ne se laisse jamais emporter et ne déroge jamais de ses objectifs. Et je pense que c'est grâce au leadership de Marc.»

«Ken a beaucoup plus d'expérience que moi dans cette ligue, alors j'ai étudié son équipe attentivement. De voir que lui et son organisation connaissaient autant de succès m'a convaincu qu'on donnait le bon message à notre propre équipe. Car il y a beaucoup de similitudes dans la façon qu'on conduit nos affaires», a ajouté Trestman.

La plus grande similitude, c'est le niveau de préparation. C'est assez évident que les Alouettes et les Roughriders ont un pas d'avance sur les six autres équipes du circuit à ce chapitre. C'est peut-être d'ailleurs la raison pour laquelle leurs trois derniers affrontements ont été si serrés et spectaculaires. Le match de la Coupe Grey de l'année dernière a certainement été l'un des meilleurs de l'histoire.

La rencontre s'est toutefois terminée dans la souffrance pour les Roughriders, qui croyaient bien l'avoir emporté avant d'être punis pour avoir eu 13 joueurs sur le terrain lors du placement raté de Damon Duval. Le botteur des Alouettes a obtenu une deuxième chance et a permis aux siens de soutirer la victoire aux Riders.

Le regard vers l'avant

«Il n'y a aucun doute que ce fut une défaite désastreuse. Mais chaque personne vit des événements difficiles au cours de son existence, un deuil ou une relation amoureuse qui n'a pas fonctionné, par exemple. On réussi à passer au travers ces épreuves. On y pense occasionnellement, mais elles n'affectent plus notre quotidien», a philosophé Miller, hier.

Les Roughriders ne cachent pas qu'ils pensent encore à leur cruelle défaite face aux Alouettes, tout en insistant sur le fait qu'ils ne considèrent pas le match de dimanche comme une occasion de prendre leur revanche ou de se racheter.

«Utiliser le concept de la vengeance afin de se motiver, ce n'est vraiment pas la solution. La vengeance démontre une étroitesse d'esprit, et c'est une réaction émotive, et non pas intellectuelle. On peut aborder les choses positivement ou négativement dans la vie et notre équipe a choisi de regarder vers l'avant. On se concentre sur ce qu'on peut et doit faire pour gagner plutôt que de vivre dans le passé», explique Miller, dont la sagesse rappelle souvent celle de Trestman. Ce n'est pas étonnant que les deux hommes s'entendent si bien.