En Saskatchewan, l'identité du quart numéro un des Roughriders nourrit autant les discussions que le choix du gardien partant du Canadien à Montréal.

Comme l'a rappelé le Sherbrookois d'origine et joueur de troisième année avec les Riders Marc Parenteau, jeudi, à l'occasion du déjeuner d'équipe des Riders, l'adage veut que le joueur le plus populaire à Regina soit toujours le quart substitut - peu importe qui il est. De la même manière qu'un Jaroslav Halak a son lot de partisans au Québec, indépendamment des succès ou insuccès de Carey Price.

«Je pense que les Roughriders ne seraient pas les Roughriders sans une controverse des quarts», lance quant à lui le Montréalais Jocelyn Frenette, un spécialiste des longues remises qui en est à sa huitième campagne avec les Roughriders.

«Je pense que le dernier qui a fait l'unanimité, c'est Ron Lancaster!», ajoute Frenette, en faisant allusion au défunt quart légendaire qui a joué pour les Riders dans les années 1960 et 1970.

La controverse s'est quand même calmée un peu cette saison, malgré l'arrivée à la barre de l'équipe d'un quart qui n'avait jamais été partant dans la LCF, Darian Durant. Celui-ci s'est retrouvé au coeur de la renaissance des Roughriders cette saison, aidant l'équipe à remporter le titre de la section Ouest et à se rendre jusqu'au match de la Coupe Grey, qui sera disputé dimanche face aux Alouettes de Montréal.

La situation n'était pas évidente pour Durant. Comme l'a expliqué l'entraîneur-chef Ken Miller, plus tôt cette semaine, la direction des Riders avait envisagé d'embaucher un vétéran établi l'hiver dernier, mais elle a finalement décidé d'y aller avec l'athlète de 27 ans qui avait trois campagnes dans le corps avec l'équipe en vert, mais aucune à temps plein.

«Nous avons finalement décidé que le moment était venu pour les Riders de développer leur propre quart de l'avenir, a indiqué Miller. Nous avons préféré ajouter à la confrérie des quarts partants dans cette ligue, plutôt que de recycler une figure déjà établie.»

«Quand j'ai signé un nouveau contrat, ils m'ont dit que le poste de partant m'appartenait à moins de contre-performance, a expliqué Durant, jeudi, au déjeuner d'équipe des Roughriders. Cela en soi était un beau vote de confiance et, à partir de là, je me suis préparé du mieux que je pouvais afin de m'assurer d'être prêt pour la saison. Evidemment, ça ne peut pas toujours bien aller, parfois il y a des coups durs, mais je me suis efforcé de continuer à travailler en attendant de passer à travers. Ca nous a amenés jusqu'ici.»

«(Durant) a répondu à toutes les attentes, a ajouté Miller. Il a encore beaucoup de chemin à faire, mais il a encore une longue carrière devant lui pour atteindre le niveau de performance dont il est capable.»

Durant a reconnu qu'il était plutôt tendu en début de saison. Il a toutefois gagné en confiance en cours de saison, à l'image de tous ses coéquipiers d'ailleurs.

«Au début, tu as un peu peur de commettre des erreurs, tu crains que ça va te faire perdre ton poste, a reconnu l'Américain né en Caroline du Sud. Mais à mesure que la saison s'est déroulée, l'entraîneur est devenu plus patient malgré mes erreurs parce qu'il savait que tôt ou tard, je reviendrais plus fort.»

Cette patience a rapporté, alors que Durant a réussi 60,4 pour cent de ses passes (339-en-561) au cours de la saison régulière, pour des gains de 4348 verges avec 24 touchés et 21 interceptions. Ce qui lui a permis de talonner dans quelques catégories un vétéran comme Anthony Calvillo, qui a complété 72 pour cent de ses relais (396-en-550) pour 4639 verges avec 26 touchés et six interceptions.

«Tu vois le caractère d'un joueur par la façon dont il réagit face à l'adversité, a souligné Durant. La patience de l'entraîneur m'a permis de me présenter sur le terrain et de jouer mon match, et d'avoir l'occasion de me racheter quand les choses n'allaient pas bien.»

Quant à savoir si les partisans des Riders ont été aussi patients, Durant se fait hésitant.

«Je ne sais pas... On verra! Seul le temps le dira. Vous savez, les partisans des Riders y vont un match à la fois!», a-t-il lancé.

Un quart calme

«(Durant) est toujours calme dans le caucus, affirme Parenteau, un joueur de ligne à l'attaque. Il sait ce qu'il a à faire. Même l'an dernier, quand il a remplacé Kerry Joseph et Marcus Crandell après qu'ils se soient blessés, on savait déjà qu'il allait être un très bon joueur. On voyait que ça ne prendrait qu'un peu de travail pour qu'il apprivoise son rôle complètement.»

Durant, lui, dit avoir beaucoup progressé dans l'art de protéger le ballon et de lire les différentes formations défensives adverses au fil de la campagne.

«Il y a des limites à ce que tu peux apprendre juste à regarder les autres, a-t-il souligné. Bien des choses doivent s'acquérir par l'expérience.»

Invité à parler de Durant, l'entraîneur des Alouettes Marc Trestman a vanté le travail que Miller et que ses adjoints ont fait pour le transformer en quart de premier plan dans la LCF.

«Ils ont fait un travail fantastique, a-t-il souligné. (Durant) a une telle force dans ses jambes qu'il est difficile de le pousser au sol. Il est mobile, il a une bonne présence dans la zone de protection et il protège bien le ballon. Il peut effectuer des jeux partout sur le terrain et il excelle à compléter ses jeux. Un quart doit donner espoir à son équipe et c'est là un élément qu'il apporte effectivement aux Roughriders.»