C'est une équipe qui se cherche qui se présentera sous les lumières du stade Percival-Molson, ce soir. Les Argonauts de Toronto connaissent un début de saison cahoteux, c'est le moins qu'on puisse dire.

Nouveaux entraîneurs, nouveaux joueurs, mais jusqu'ici, à peu près le même résultat. Depuis leur victoire contre les Tiger-Cats de Hamilton en match d'ouverture, les Argos ont perdu trois de leurs quatre matchs. Il y a eu l'effondrement contre les Roughriders de la Saskatchewan - qui ont inscrit 30 points au seul deuxième quart -, le désastre de 44-9 à Calgary la semaine suivante, puis la cruelle défaite de 13-12 contre les Blue Bombers de Winnipeg, le week-end dernier.

Le nouvel entraîneur-chef des Argos, Bart Andrus, savait qu'il y aurait certaines étapes à franchir en s'amenant à Toronto. C'est normalement le cas lorsqu'une équipe perd 14 de ses 18 matchs - et ses neuf derniers - l'année précédente.

«Je savais que ce serait un processus, qu'il y aurait beaucoup de changements, d'ajustements, et que des situations particulières surgiraient en cours de route. Je l'ai souvent dit, si tout avait fonctionné rondement chez les Argonauts, je ne serais pas ici à l'heure actuelle», a déclaré Andrus, qui était un adjoint en attaque chez les Titans du Tennessee en 2008 et l'entraîneur-chef des Admirals d'Amsterdam de 2001 à 2007 dans la défunte NFL Europe.

L'une des situations particulières dont parle Andrus est sans doute le conflit qui l'a opposé au receveur étoile Arland Bruce III. Mis à l'amende à plusieurs reprises depuis le début de la saison - notamment pour avoir célébré un touché en faisant le mort en «hommage» à Michael Jackson -, Bruce a été échangé aux Tiger-Cats la semaine dernière.

«J'ai toujours exigé la même chose des joueurs que j'ai dirigés. Et les entraîneurs-chef pour lesquels j'ai travaillé ont toujours fait la même chose. Arland Bruce ne voulait pas faire ce qu'on exigeait de lui. Ce n'est pas une affaire individuelle qu'on veut construire ici, c'est un collectif.»

Les problèmes entre Bruce et les Argonauts auraient commencé bien avant qu'Andrus n'arrive à Toronto. Nos espions disent que le receveur se repose sur son talent et qu'il n'est pas le plus vaillant avec un livre de jeux dans les mains. Quelques quarts n'auraient pas toujours bien paru à cause de Bruce.

Se tirer dans le pied

Andrus et ses joueurs chantaient le même refrain, hier. Et si on avait commis 21 revirements en cinq matchs, on le chanterait nous aussi. Première chose à corriger, cette dangereuse propension à donner le ballon à l'adversaire. On ne gagnera pas souvent en le faisant quatre fois par match, ça c'est sûr.

«Les revirements, c'est l'histoire de notre saison. On en a commis six contre un seul par les Blue Bombers la semaine dernière, et on est quand même venu à un placement près de gagner le match», a analysé le centre Dominic Picard.

Kerry Joseph a lancé neuf interceptions jusqu'ici, mais plusieurs d'entre elles seraient imputables à tous ces nouveaux receveurs qui l'entourent et qui ne maîtrisent pas encore tout à fait le système.

Compte tenu de cette réalité, ainsi que de la présence d'un très bon porteur de ballon en Jamal Robertson et de l'embauche des joueurs de ligne Picard et Rob Murphy pendant la saison morte, il ne faut pas être devin pour s'apercevoir que les Argos veulent pouvoir miser sur leur jeu au sol. Le problème c'est qu'ils ont tiré de l'arrière par trop de points tôt dans le match à quelques occasions, ce qui a bien sûr pour effet d'éliminer la menace du jeu au sol.

Robertson a amassé 427 verges en 68 courses (moyenne de 6,3), et a attiré l'attention des joueurs défensifs des Alouettes.

«Il est vraiment solide, il n'est pas si costaud (5'9, 216 livres), mais il cogne comme un camion, a dit Matthieu Proulx, des Alouettes. Il est extrêmement difficile à mettre au sol.»

La première de trois étapes

Même si leur jeu n'inspire personne depuis le début de la saison, les Argonauts restent confiants. Andrus, comme ses joueurs.

«Notre DG (Adam Rita) a fait un travail colossal au chapitre des embauches, autant du côté des entraîneurs et que des joueurs. C'est une question de temps, on est comme une bête qui dort», a analysé Picard.

Le centre a décidé de poursuivre sa carrière en Ontario après avoir passé ses trois premières saisons avec les Blue Bombers. Les Alouettes étaient intéressés à ses services, mais un poste de partant l'attendait chez les Argos, ce qui n'était pas nécessairement le cas à Montréal.

Picard avoue que les Alouettes impressionnent depuis le début de la saison, mais rappelle que la saison est longue.

«Il y a trois étapes de six matchs au cours de la saison régulière. On complétera la première, demain (ce soir). Celle-là était plus axée sur l'apprentissage. Maintenant, on va commencer à jouer au football. C'est un marathon, pas un sprint. À mon avis, les Alouettes forment la meilleure équipe depuis le début de la saison. Et lorsqu'on est un vrai compétiteur, c'est ce qu'on veut, affronter les meilleurs.»