Pour certains puristes de la Ligue canadienne, c'était inimaginable: deux gars de la NFL - sans aucune expérience d'entraîneur-chef dans la LCF - qui se retrouvent en pleine finale à leur toute première saison.

Personne ne niera que c'est fort particulier - et plus intéressant qu'on le pense -, le football canadien. Mais à écouter les questions de certains journalistes, on croirait que ça se joue dans une piscine avec des bâtons de golf et un ballon de soccer.

Marc Trestman et John Hufnagel, l'entraîneur-chef des Stampeders de Calgary, participaient conjointement à un point de presse dans un hôtel du centre-ville, hier. Après quatre questions au sujet des différences entre les deux manières de jouer, de l'adaptation, etc, l'idée de leur demander s'ils avaient apprécié de répondre aux mêmes questions 150 fois depuis juin ne me quittait plus. Mais ç'eut refroidi la fête un peu trop.

À vrai dire, Hufnagel connaît bien la LCF - à titre de quart et d'entraîneur. Il a justement été le coordonnateur à l'attaque de ces mêmes Stampeders pendant cinq ans, à la fin des années 90, avant de s'en aller aux États-Unis.

Dans la NFL, Hufnagel a été entraîneur des quarts et coordonnateur à l'attaque avec plusieurs équipes, un parcours qui rappelle celui de Trestman. Il a notamment travaillé avec les deux frères Manning et Tom Brady.

Hufnagel et Trestman se sont rencontrés lors du congrès des espoirs qui se tient annuellement à Indianapolis, mais n'ont pas souvenir de s'être affrontés dans la NFL.

Deux bons coordonnateurs

Hufnagel est visiblement un bon coach de football, mais il est aussi très bien entouré à Calgary. Il y a le coordonnateur à l'attaque, George Cortez, qui deviendra éventuellement un entraîneur-chef selon Hufnagel, et il y a Chris Jones, qui coordonnait la défense des Alouettes l'an dernier et qui a complètement transformé celle des Stamps cette année.

«Si on devait établir quels ont été les changements majeurs au sein de notre équipe cette saison, il y aurait deux choses (Hufnagel en a finalement identifié trois): on protège mieux le ballon en attaque; on est meilleurs contre le course et on concède moins de touchés en défense. Et Chris Jones a fait un travail remarquable, à commencer par le style de défense qu'il emploie et enseigne.

«Notre défense a terminé au dernier rang de la ligue pour le nombre de points concédés, la saison dernière, et au premier cette année. Et il n'y avait essentiellement que deux joueurs partants qui étaient de retour avec l'équipe cette saison. Le travail accompli par Chris Jones et son groupe d'entraîneurs est vraiment admirable.»

Surpris? Bien sûr que non. On espère que les 10 textes écrits sur Jones depuis deux ans vous auront convaincus...

On en rajoute.

«C'est un passionné et il réussit vraiment à transmettre sa passion. J'irais toujours à la guerre avec ce gars-là», a dit Matthieu Proulx.

Peut-être le joueur préféré de Jones l'année dernière, le secondeur T.J. Hill a bien voulu nous expliquer les rudiments de la manière Jones.

«C'est un gars très intense, qui conseille beaucoup ses joueurs. Son système repose sur une couverture homme à homme et ses défenses excellent à défaire le rythme d'une attaque, à forcer les receveurs à changer leurs tracés. Sa tertiaire est toujours robuste et elle ne cède jamais d'un pas.»

Jones confiant

Comme c'est toujours le cas, Jones brillait de confiance, hier. Le coordonnateur estime que ce seront les deux meilleures équipes de la ligue qui se disputeront la Coupe Grey. Du restee, pas grand-chose. Mais cette confiance a de quoi inquiéter les fans montréalais.

Et il est tout à fait normal que le Texan ait cette confiance tranquille. Son douze a nettement eu le dessus lors des deux premiers affrontements. Lors de celui à Calgary, en septembre, la tertiaire a multiplié les durs coups d'épaule, notamment à l'endroit de Ben Cahoon. Ça faisait mal de le regarder à la télé.

Et selon Anthony Calvillo, le match pourrait très bien être décidé par cette confrontation entre ses receveurs et la tertiaire qui leur sera opposée.

«Ils exerceront beaucoup de pression sur nos receveurs et la clé sera de nous défaire de cette couverture. Et les batailles pour attraper le ballon seront également très importantes. On sait qu'il y aura toujours un de leurs joueurs qui sera près du ballon, nos receveurs devront gagner ces luttes», a prévenu le quart-arrière.