L'heure de l'examen a enfin sonné pour Marc Trestman. Un premier match éliminatoire, dans une ligue où il n'y a pas grand-chose d'autre que novembre qui compte.

Même s'il s'agira de son baptême en séries dans la LCF - et aussi au Stade olympique -, le natif du Minnesota ne devrait pas trop être dépaysé cet après-midi lorsque les Alouettes recevront les Eskimos d'Edmonton en finale de la division Est. Des matchs sans lendemain, Trestman en a vécu quelques-uns au sud de la frontière.

 

«Ils ont tous été fantastiques, que ce soit en 1989 lorsque j'étais un jeune coordonnateur à Cleveland, à San Francisco en 1995 et 1996, ou encore pendant mes années à Oakland. Ce sont tous de très beaux souvenirs.

« Mais je dirais que c'est la victoire contre Dallas en 1996 qui vient au sommet de ma liste personnelle, rappelle Trestman. C'était la première fois en 51 ans que les Cardinals gagnaient un match éliminatoire et on formait essentiellement une équipe d'inconnus, menée par un tout jeune quart-arrière (Jake Plummer). Il y avait 25 000 partisans lorsqu'on est arrivés à l'aéroport de Phoenix après notre victoire, c'était une sensation assez incroyable.»

Éliminés, les champions

Trestman était le coordonnateur à l'attaque et l'entraîneur des quarts lorsque les Cardinals ont surpris et éliminé Troy Aikman, Emmitt Smith et compagnie. En plus de ce demi-siècle sans victoire en séries, les Cards n'y avaient même pas participé depuis 1982. Et n'oublions pas que ce sont les Cowboys de Dallas qui se trouvaient de l'autre côté du terrain, champions en titre et vainqueurs de trois des quatre Super Bowl précédents.

Sept ans plus tôt, Trestman était le plus jeune coordonnateur à l'attaque de la NFL quand les Browns de Cleveland se sont inclinés pour une troisième fois en quatre ans contre les Broncos de Denver en finale de la Conférence américaine - Trestman n'était toutefois pas avec l'équipe en 1986 et 1987. Les Browns avaient embauché Trestman afin qu'il dirige les quarts en 1988, puis ont ajouté le titre de coordonnateur à l'attaque l'année suivante.

Bernie Kosar, le quart régulier des Browns à cette époque, avait mené les Hurricanes de l'Université de Miami au titre national du football universitaire sous la tutelle de Trestman en 1983...

Plummer et Kosar ne sont pas les seuls passeurs qui ont connu leurs meilleurs moments lorsqu'ils avaient Trestman dans leur coin. Steve Young a mené la NFL avec 4779 verges en 1995 et Rich Gannon a reçu le titre du joueur par excellence de la ligue en 2002, saison qui s'est terminée au Super Bowl. Coordonnées par Trestman, les attaques des 49ers et des Raiders ont mené le circuit pour les verges lors de ces deux saisons.

Kosar, Young, Plummer, Gannon, Anthony Calvillo, l'entraîneur-chef des Alouettes a décidément le tour avec les quarts. Sa brève carrière de passeur - il était le quart réserviste derrière Tony Dungy chez les Golden Gophers de l'Université du Minnesota - y est-elle pour quelque chose?

«D'avoir été un très mauvais quart-arrière m'a permis de réaliser à quel point c'est difficile de jouer à cette position. Je pense que c'est la plus difficile du monde du sport. Vous êtes toujours sans défense, et c'est généralement le chaos complet autour de vous. Même si ça fait très longtemps que je suis entraîneur, j'ai réalisé il y a quelques années seulement à quel point le métier de quart-arrière était difficile. Ça m'aura pris 20 ans pour vraiment le saisir.»

Sa relation avec les médias

Avant de se retrouver à Montréal, Trestman n'avait jamais été un entraîneur-chef, de sorte qu'il n'avait jamais eu à s'entretenir quotidiennement avec les médias par le passé.

Très hermétique en début de saison, on a senti le coach s'ouvrir petit à petit. Il n'y aura jamais de déclarations incendiaires qui sortiront de sa bouche, mais le coach de 52 ans a semblé moins sur la défensive au rythme des semaines.

«J'ai essayé d'être honnête, d'être le plus ouvert possible. À chaque jour avant de rencontrer les médias, je prends une grande respiration et je me dis que je n'ai qu'à être moi-même, à dire ce que je pense et ce que j'ai observé.

« Cela dit, l'équipe passera toujours avant quoi que ce soit; je ne dirai jamais quelque chose aux médias qui pourrait affecter notre équipe.»

L'une des autres principales différences auxquelles Trestman a été confronté cette saison aura été la qualité des installations de l'équipe. Par exemple, les Alouettes peuvent s'entraîner à au moins quatre endroits différents selon la température ou la disponibilité de ces terrains. Loin d'être l'idéal.

«J'ai toujours cru que l'essentiel n'est pas la maison, mais bien ce qu'il y a à l'intérieur. J'ai souvent vu de magnifiques installations, alors que c'était complètement le bordel à l'intérieur... On n'a peut-être pas un château ici, mais on s'est fait un petit chez-nous. Et je pense qu'on forme un bon groupe, au sein duquel il y a de la communication, beaucoup de compassion et de coeur. On tient tous les uns aux autres.»

La communication est telle que Trestman ne se sent pas obligé de marteler le même message à ses joueurs.

«La situation dans laquelle se retrouve l'équipe dicte toujours son état d'esprit, ça va de soi. Mais ce serait franchement insultant pour les joueurs si je leur rappelais constamment quels sont les enjeux. Ils les connaissent déjà très bien.»

 

TRESTMAN EN SÉRIES DANS LA NFL

1988 Houston 24, Cleveland 23 (Entraîneur des quarts)

1989 Cleveland 34, Buffalo 30 (Coordonnateur de l'attaque et entraîneur des quarts)

Denver 37, Cleveland 21 (Finale de la Conférence américaine)

1995 Green Bay 27, San Francisco 17 (Coordonnateur et entraîneur des quarts)

1996 Philadelphie 0, San Francisco 14 (Coordonnateur et entraîneur des quarts) San Francisco 14, Green Bay 35

1997 Tampa Bay 20, Detroit 10 (Entraîneur des quarts)

1998 Arizona 20, Dallas 7 (Coordonnateur et entraîneur des quarts)

2001 Jets de N.-Y. 24, Oakland 38 (Entraîneur des quarts)

Oakland 13, Nouvelle-Angleterre 16

2002 Jets de N.-Y. 10, Oakland 30 (Coordonnateur et entraîneur des quarts)

Tennessee 24, Oakland 41 (Finale de la Conférence américaine)

Oakland 21, Tampa Bay 48 (Super Bowl)

L'équipe en italique est celle dont faisait partie Marc Trestman.