Il y a eu la production inattendue d'Avon Cobourne en première moitié de saison, les performances complètement dingues de Jamel Richardson en deuxième, Marc Trestman et son système, le retour en force d'Anthony Calvillo et de la ligne... Mais si ça se corse, samedi, c'est vers le bon vieux Ben Cahoon que l'attaque risque de se tourner.

Les statistiques de Cahoon parlent d'elles-mêmes encore une fois cette saison: 107 attrapés, un sommet de la LCF, 1231 verges et sept touchés. Et l'impact qu'il a eu sur cette équipe ne se quantifie pas par de simples statistiques. Ne serait-ce que par la seule façon dont il se prépare pour un match, Cahoon influence tous les autres receveurs du club, dont Danny Desriveaux. À sa deuxième saison professionnelle, le Québécois voue une admiration sans bornes à son coéquipier.

«C'est un gars qui arrive toujours tôt le matin, il étudie, il pose beaucoup de questions pendant les réunions, il prend des notes. Il essaie toujours de voir comment il pourrait améliorer le plan de match à l'attaque. Il analyse beaucoup les joueurs défensifs adverses et je sais que je peux toujours lui demander conseil à propos de tel ou tel joueur pendant un match. Il est très réceptif. C'est un gars qui a un bon oeil, qui est un bon analyste.»

Les habitudes de travail de Cahoon impressionnent tout autant Jamel Richardson, qui vient lui-même de connaître une spectaculaire saison.

«Je le surnomme l'«assassin silencieux». C'est un travailleur infatigable. Il s'entraîne fort, il étudie fort et il le fait depuis si longtemps... C'est vraiment un plaisir pour moi de le côtoyer», affirme Richardson.

Or, même s'il exerce clairement une influence sur ses coéquipiers, Cahoon ne veut rien savoir des félicitations.

«Je suis heureux que ces gars obtiennent du succès. Je suis heureux que Jamel soit ici, il a été exceptionnel cette saison et il joue un rôle très important dans tout ce qu'on accomplit en attaque. Mais je ne suis pas quelqu'un qui parle beaucoup, alors je ne dois pas recevoir le mérite pour le succès de ces joueurs. Ils sont très bons, avec ou sans moi.»

Homme généralement de peu de mots, Cahoon n'est, semble-t-il, guère plus volubile à l'abri des médias.

«C'est un gars très réservé, qui n'aime pas vraiment attirer l'attention, dit Desriveaux. Il ne parle pas souvent dans le vestiaire, sauf lorsqu'il sent qu'il doit exercer un rôle de leadership. C'est en quelque sorte le grand sage de notre équipe, notre leader tranquille. On voit tous à quel point l'équipe lui tient à coeur par la façon dont il joue. Il ferait n'importe quoi pour nous aider à gagner. On n'a pas trop besoin de parler lorsqu'on joue comme lui.»

Jouer comme lui, c'est entre autres faire preuve d'une bravoure sur le terrain sans limite. Tous les joueurs de football - du premier au dernier - sont des types braves. Mais Cahoon fait partie d'une espèce rare - surtout chez les receveurs. Aucune zone sur le terrain n'est trop périlleuse pour le numéro 86. À cet égard, il fait justement penser à un autre numéro 86, Hines Ward, des Steelers de Pittsburgh. Et en séries, c'est précisément ce type de joueur que l'on recherche.

«C'est agréable de pouvoir compter sur lui toutes les semaines, mais encore plus à ce stade de la saison. Sa grande expérience nous servira bien», a souligné Trestman.

Finir en beauté?

Le contrat de Cahoon vient à échéance au terme de la présente saison, mais le vétéran de 11 saisons ignore toujours ce que l'avenir lui réserve. «J'y pense constamment, mais je n'ai encore rien décidé», a-t-il dit hier.

On sait toutefois déjà que c'est la dernière fois que Cahoon obtiendra la chance de disputer un match de la Coupe Grey devant ses partisans montréalais, qui ont toujours eu une affection particulière pour le receveur de 36 ans.

«Ce serait super, mais on doit d'abord faire le travail ce week-end. Parler de la Coupe Grey est vraiment sans intérêt à l'heure actuelle, car c'est précisément lorsqu'on commence à regarder trop loin vers l'avant qu'on perd sa concentration», rappelle Cahoon, qui estime que son équipe n'aura pas une grande marge de manoeuvre, samedi.

«On doit être solides dans tous les aspects. On devra garder possession du ballon en attaque, la défense devra fermer la porte aux moments clés et les unités spéciales devront réussir quelques jeux importants. Les deux équipes se valent. On devra disputer un très bon match afin de l'emporter.»

Cahoon est cependant satisfait de l'ambiance qui règne présentement dans l'équipe.

«On a une attitude très «business» cette semaine. Mais il y a une belle énergie, les gars sont bien reposés et on a tous hâte de jouer. On aurait voulu jouer dès samedi dernier, lorsqu'on a su qu'on affronterait les Eskimos. Les gars étaient déjà prêts.»

Il n'y a aucun doute dans son cas.