C'était le dernier match de la saison au Stade Percival-Molson, hier, et c'est très bien ainsi. Ce n'est pas le nid des Oiseaux au centre-ville qui est le problème, c'est cette saison régulière qui n'en finit plus de finir.

Les Blue Bombers (7-10) et les Alouettes (11-6) risquent de s'affronter en finale de l'Est, au Stade olympique, dans moins de trois semaines. La rencontre d'hier s'est soldée par une courte victoire d'un point, 24-23 des visiteurs. Malgré ces deux éléments, on a eu droit à un spectacle monotone au possible. Peu d'intensité, encore moins d'émotion.

Une équipe qui dispute un match qui n'a aucune signification - et c'était le cas des Alouettes hier, peu importe ce qu'ils en diront - utilisera généralement des formations et des jeux de base, à la vanille, comme on dit. Ce n'est pas le temps d'étaler son jeu, encore moins lorsqu'on pourrait revoir le même club sous peu. Et c'est exactement ce que semblent avoir fait les Alouettes, hier, mais Marc Trestman soutenait le contraire.

«On a joué pour l'emporter, a dit l'entraîneur-chef. Les Blue Bombers ont disputé tout un match et manifestement, ça n'a pas été notre meilleur. Je sens que je dois prendre une bonne partie du blâme pour cette défaite.»

Sûrement pas autant qu'Anthony Calvillo, qui a passé de longues minutes à fixer le sol dans le vestiaire, toujours vêtu de son équipement. Vous auriez juré qu'il venait de lancer cinq interceptions en plein match de la Coupe Grey. Il s'en voulait plutôt d'en avoir lancé une seule, mais une qui a conduit au placement de la victoire.

Alors que les Alouettes menaient 23-21, Calvillo a voulu se débarrasser du ballon lors d'un jeu qui ne menait nulle part, mais l'a plutôt lancé dans les mains du rival Stanford Samuels. Déjà profondément dans le territoire montréalais, les Bombers ont pris les devants 24-23 grâce au pied d'Alexis Serna alors qu'il restait 1:32 en temps réglementaire. Même s'ils ont obtenu deux autres séries en attaque, les Alouettes ont été incapables de répliquer.

«C'était une interception stupide et ça nous a coûté le match, pestait Calvillo, qui a complété 19 de ses 36 passes pour 191 verges et un touché. Ce n'est pas tant nous qui avons mal joué qu'eux qui ont fait de l'excellent travail. Ils ont été très bons défensivement, donnez-leur le mérite.»

Une déception étonnante

La grande déception de Calvillo a de quoi étonner. Il complète présentement une saison digne du titre de joueur par excellence. Grâce à cette minuscule récolte de 43 touchés, notamment. Une performance ordinaire, surtout lorsqu'on dispute un cinquième match de suite qui ne veut rien dire, ça arrive. Calvillo risque d'avoir suffisamment de pression sur les épaules dans trois semaines au Stade olympique, se faire du mauvais sang à propos d'un match comme celui d'hier ne sert à rien.

D'ailleurs, ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose que les Alouettes perdent ce match. Question de «sortir cette défaite de leur système», vous savez cet exorcisme qui se fait souvent inconsciemment et qui, dit-on, repousserait la prochaine défaite à un peu plus tard. Mais n'allez surtout pas raconter un truc semblable à Trestman, il croira que vous êtes complètement cinglé.

Trêve de plaisanteries, y a-t-il lieu de s'interroger à la suite de cette performance inégale des Oiseaux? Avez-vous payé 150$ pour assister à une Coupe Grey entre les Blue Bombers et les Stampeders (encore)?

Il y aura d'abord cette visite à Edmonton pour finir le calendrier régulier, vendredi soir, puis les Alouettes auront deux semaines afin de se préparer pour la finale de l'Est - une semaine de plus que l'équipe qu'ils affronteront. Deux semaines pour Trestman dans cette ligue, c'est énorme. Si son adversaire en a une de moins, ce n'est pas énorme, c'est injuste.

Disons que Winnipeg ou Edmonton, les deux villes qui se disputeront la demi-finale de l'Est - on invente rien - pourrait avoir de sérieux ennuis à suivre le rythme d'une attaque montréalaise bien reposée, bien préparée. Qu'une impression, mais elle est très forte.

On attendrait donc un peu avant de s'en faire pour rien. Pas vrai, A.C.?