Jamel Richardson a réussi un autre touché spectaculaire. Cette phrase, j'ai l'impression de l'avoir écrite 10 fois depuis trois mois. Impossible parce que Richardson a seulement sept touchés, mais si on devait répertorier les 10 plus beaux jeux de la saison des Alouettes, c'est avec un montage sur Richardson qu'on se retrouverait.

L'ancien des Roughriders provoque constamment les oh! et les ah! depuis le début de la saison, mais le nombre de ses attrapés, lui, a significativement augmenté depuis un mois ou deux. L'ailier espacé de 6'3 a capté 18 passes pour 295 verges à ses six premiers matchs, 34 pour 481 à ses six suivants. Et selon Jaime Elizondo, l'instructeur des receveurs, le rôle de Richardson continuera de s'élargir.

 

«Petit à petit, il est devenu un leader dans l'équipe, en partie parce qu'il travaille chaque jour comme un forcené. En visionnant les matchs, ou même les entraînements, on identifie vite les joueurs qui fournissent un effort maximal. Ils ressortent. Et Jamel ressortait toujours. Il prend de plus en plus de place dans notre attaque et ça continuera ainsi parce qu'il complète parfaitement nos autres receveurs.»

Parmi ces autres receveurs, Ben Cahoon et Kerry Watkins toucheront forcément moins souvent au ballon si Richardson reçoit plus de passes. Richardson ne croit toutefois pas que cela puisse devenir une source de tension.

«Ces gars-là ne sont pas des joueurs égoïstes. S'il y a une certitude, c'est que cette équipe n'est pas composée de joueurs individualistes. On a tous adhéré au concept d'équipe et ça prendra l'effort de tous et chacun pour remporter la Coupe Grey, et c'est notre objectif», répond Richardson lorsqu'on lui demande si son ascension ne pourrait pas chatouiller certains vétérans du club.

Avant de devenir un Alouettes, Richardson a disputé quatre saisons chez les Roughriders (2003 à 2006), totalisant 113 attrapés et quatre touchés. Des statistiques ordinaires, pour ne pas dire banales. Après un camp pour le moins discret en juin à Saint-Jean, Richardson avait l'air de tout sauf d'un joueur clé en début de saison.

«Les entraîneurs semblaient avoir confiance en lui dès le départ, raconte toutefois Anthony Calvillo. Ils parlaient comme s'il allait être l'un de nos receveurs réguliers. Je ne le connaissais pas beaucoup et je ne savais pas à quoi m'attendre, mais je crois que plus la saison avançait, plus les entraîneurs réalisaient qu'il se retrouvait constamment libre sur le terrain. Il nous a permis de devenir plus diversifiés en attaque, il n'y a aucun doute.»

Elizondo connaissait également très peu de choses à propos de Richardson, mais n'a pas eu à chercher très loin afin de trouver quelqu'un qui en savait quelque chose.

«Un de mes meilleurs amis est instructeur chez les Cowboys de Dallas et Jamel a participé à leur camp d'entraînement l'an dernier. J'ai donc pu lui demander son opinion, et les commentaires étaient majoritairement positifs.»

Parmi les aspects moins positifs, il y avait les mains de Richardson, pas reconnues comme les plus sûres, selon Elizondo, qui a par contre noté des progrès rapides.

«Jamel s'est fait un devoir d'améliorer ses mains et ses tracés et il le fait de façon exemplaire. Le rapport qui arrivait de Dallas faisait état de passes échappées et il en a échappé quelques-unes pendant notre camp. Lorsqu'on possède un receveur aussi rapide et imposant, les possibilités sont nombreuses pour ce qui est des tracés, on travaille donc continuellement sur cet aspect avec lui», confie Elizondo, qui, soit dit en passant, détient un bac en physiologie et neurobiologie, ainsi qu'une maîtrise en droit. Amoureux du football, il a accepté de suivre Marc Trestman à Montréal, les deux hommes ayant fait connaissance chez les Saints de La Nouvelle-Orléans.

S'il continue de s'améliorer, Richardson pourrait emprunter le chemin inverse. Âgé de 26 ans, le receveur en sera à l'année d'option de son contrat en 2009 et pourrait accepter l'invitation d'une équipe de la NFL dès cet hiver.

Rêve-t-il toujours d'une carrière au sud?

«J'en parlerai lorsque le moment sera opportun», répond en souriant celui qui ressemble un peu à Chris Webber, l'ancien de la NBA. Traduction libre: oui, mais je ne veux pas attirer les problèmes en l'exprimant ouvertement.