Les Alouettes ont subi six défaites à leurs sept premiers matchs, dont une de 50-11 il y a quelques jours. Une saison qui devait en être une de renouveau ressemble de plus en plus à la campagne de misère de l'année dernière, et Mike Sherman admet que la situation l'affecte. L'entraîneur-chef des Alouettes s'est entretenu avec La Presse, hier.

Lorsqu'on a été entraîneur-chef dans la NFL et la NCAA pour un total de 10 années, l'argent n'est plus un souci. Si Mike Sherman est sorti de sa paisible semi-retraite dans le Maine, ce n'est pas pour arrondir ses fins de mois.

Et c'est encore moins pour se faire planter par 40 points par de vieux rivaux comme June Jones et Jerry Glanville, des Tiger-Cats de Hamilton. Sherman est un homme fier et le rendement de son équipe depuis le début de la saison l'affecte.

« C'est très difficile. Je ne dors pas bien du tout depuis trois semaines, a avoué Sherman, hier. Les amateurs viennent au stade pour voir des victoires, et on ne leur en donne pas. »

« La plupart sont demeurés jusqu'à la toute fin du match vendredi soir et je n'ai jamais rien vu de tel dans ma carrière. Je suis très déçu pour ces gens. »

Sherman a également parlé des propriétaires de l'équipe, Robert et Andrew Wetenhall. Il a rapidement pu constater jusqu'à quel point les deux hommes veulent gagner.

« Nos propriétaires sont des gens exceptionnels, et tout ce qu'ils souhaitent, c'est de donner une équipe gagnante aux Montréalais. Nos fans sont super, eux aussi. Ils restent solidaires malgré toutes ces défaites. Ils pourraient réagir différemment, mais ils continuent de nous soutenir. Je meurs d'envie de leur donner des victoires. 

« Ça peut sembler banal, mais c'est ce qui m'affecte le plus. Je ne veux laisser tomber personne, ni nos fans ni nos propriétaires. C'est pour ces gens-là que je veux gagner des matchs. »

Sensation désagréable

Ce n'est pas la première fois que Sherman se dit extrêmement déçu de la performance de son équipe au stade Percival-Molson. Non seulement les Oiseaux perdent-ils, mais en plus ils se font écraser. L'humiliante défaite de vendredi soir a été particulièrement dure à avaler pour l'homme de 63 ans.

« Tout ce qui aurait pu mal tourner a mal tourné. On avait pourtant eu notre meilleure semaine d'entraînement de la saison. Johnny [Manziel] avait démontré une précision exceptionnelle. 

« J'ai reçu plusieurs messages d'amis qui me disaient qu'on avait sorti ce mauvais match de notre système. Espérons-le ! J'ai probablement subi des défaites similaires dans ma carrière, mais je les ai effacées de ma mémoire. Ce n'était pas une sensation agréable du tout d'être sur ce terrain, je vous l'assure. »

Sherman a-t-il sous-estimé la tâche qui l'attendait à Montréal ? Le défi de relever les Alouettes est-il plus grand qu'il ne le croyait à l'origine ?

« Je savais que ce serait un gros défi dès le départ et j'ai accepté de le relever », a répondu le pilote après un long moment de silence. « Je savais que l'équipe ne gagnait plus et que j'aurais à me retrousser les manches. Qu'il y avait beaucoup de travail qui m'attendait. »

Sherman soutient qu'il était parfaitement conscient de la qualité du jeu dans la Ligue canadienne. Un calibre qui s'est considérablement amélioré au fil des ans.

« J'avais vu des matchs par le passé et je savais qu'il se jouait du bon football, quoique différent. Il y a de très bons joueurs et c'est un jeu excitant. D'ailleurs, mon épouse et plusieurs personnes de mon entourage sont d'avis que c'est un meilleur jeu parce qu'il est plus rapide et excitant. Les "gros" jeux sont plus nombreux, mais malheureusement, la plupart sont à nos dépens. Espérons que ça changera sous peu. »

Le plan a changé

Il y a quelques semaines, les Alouettes n'avaient toujours pas de quart-arrière (laissons quelques matchs à Manziel pour se faire justice, si vous le voulez bien...). Leur groupe de receveurs était correct, sans plus, et il y avait de l'incertitude sur la ligne.

Personne ne s'attendait donc à ce que cette équipe marque 40 points par match. Le plan pour 2018 semblait clair : limiter les erreurs et assurer un minimum de production en attaque, et laisser une défense qui semblait bien outillée gagner des matchs. Ce n'est bien sûr pas de cette façon que ça se déroule. La défense de Rich Stubler est la pire du circuit.

« Oui, je m'attendais à ce que notre défense soit meilleure. On pensait certainement qu'elle serait plus avancée à ce stade de la saison. Mais ça s'explique en partie par les nombreuses blessures dans la tertiaire. Il a fallu changer plusieurs joueurs de position, et la continuité en a souffert », a analysé Sherman.

« Notre tertiaire doit faire un meilleur travail, et c'est la même chose pour notre ligne offensive. On a effectué beaucoup de changements et le résultat, c'est qu'on n'a toujours pas trouvé de constance de ce côté-là non plus. Si on trouve de la stabilité dans notre tertiaire et notre ligne offensive, je vous garantis qu'il y aura une amélioration substantielle. »

La défense et la ligne offensive en arrachent, mais aucun joueur des Alouettes ne peut se targuer de connaître une bonne saison. Quelques « C », beaucoup de « D » et de « E ».

« On doit tous accepter nos responsabilités. Il faut être honnêtes avec nous-mêmes. Si on le fait, les choses vont se placer. Les joueurs doivent mieux jouer et les entraîneurs doivent mieux coacher. »

Or, malgré un début de saison que certains qualifieraient de catastrophique, des éléments positifs ressortent, selon Sherman.

« L'ambiance dans le vestiaire reste bonne et personne ne montre du doigt. Nos joueurs arrivent tôt et partent tard, ils font tout ce qu'on demande d'eux. Je n'ai eu aucun problème important jusqu'à maintenant, et pour être bien honnête, c'est la première fois que je vois ça dans ma carrière. Les victoires devront suivre. »