Les entraîneurs des Alouettes sont réunis depuis vendredi dernier au lac Taureau, dans Lanaudière, afin de travailler sur leurs livres de jeux en vue de la prochaine saison. Hier, ils ont pris une pause afin de casser la croûte dans le vestiaire de l'équipe au Stade olympique en compagnie des journalistes affectés à la couverture de l'équipe. Compte rendu.

Première impression: il semble déjà y avoir une belle chimie au sein du groupe d'entraîneurs, même si plusieurs de ces hommes ne se connaissaient pas il y a un mois à peine.

«Plus on passe de temps ensemble, plus je sens que notre groupe devient homogène et uni. Je vois une bonne chimie. Et lorsque les joueurs constatent que cette chimie existe chez les entraîneurs, ils développent souvent une relation similaire entre eux. À l'inverse, si le courant ne passe pas bien entre les entraîneurs, ça se reflétera sur l'équipe», a expliqué l'entraîneur-chef Mike Sherman.

C'est Sherman qui a eu le dernier mot quant à l'embauche de chacun de ses adjoints, même si la plupart de ceux-ci lui ont été recommandés par le DG Kavis Reed. Du groupe, seuls André Bolduc (entraîneur des demis offensifs) et Billy Parker (entraîneur des demis défensifs) étaient avec les Als la saison dernière.

«À la fin de la saison, je pensais que c'était nécessaire que l'équipe procède à plusieurs changements et à un remaniement. La culture de l'équipe devait changer», a reconnu Bolduc, qui ne savait pas s'il se retrouverait au chômage ou non.

«J'avais dit à Kavis que je voulais obtenir une entrevue, peu importe qui serait nommé comme entraîneur-chef. Il ne pouvait pas me le promettre, mais je pense que coach Sherman a vu que nos demis offensifs jouaient avec passion la saison dernière. Il m'a donc demandé d'aller le rencontrer chez lui à Boston et m'a fait passer une entrevue de six ou sept heures. À la fin, il m'a dit que j'étais son entraîneur des demis offensifs.»

En apprentissage

Lorsqu'on a demandé à Sherman s'il s'appuyait un peu plus sur certains entraîneurs compte tenu de son inexpérience dans la LCF, il a notamment nommé Bolduc. Les deux hommes semblent déjà avoir jeté les bases d'une bonne relation.

«Lorsqu'il m'a interviewé à Boston, je lui ai posé des questions, moi aussi, a expliqué Bolduc. J'avais beaucoup regardé les Packers et Brett Favre jouer lorsqu'il les dirigeait, alors je voulais en apprendre le plus possible en discutant avec lui.»

Pour l'instant, c'est toutefois Sherman qui doit en apprendre le plus possible. Le jeu canadien n'est pas si simple à maîtriser pour un vétéran de la NFL et de la NCAA comme lui. Les histoires de succès comme celle de Marc Trestman sont plutôt rares.

«J'ai toujours été très pointilleux sur les points de repère quant aux tracés de passe et aux jeux de course, alors la largeur du terrain change certaines choses sur ce plan. Il y a beaucoup de variantes entre les deux jeux, et il n'y a aucun doute que la plupart des règlements dans la LCF favorisent l'attaque. Le travail le plus difficile dans cette ligue, pas de doute, c'est celui de coordonnateur défensif!»

Au-delà des aspects techniques, Sherman sait le genre d'équipe qu'il veut avoir sous la main. «Je veux une équipe qui prend ses responsabilités et qui est honnête avec elle-même», a-t-il indiqué.

«Si nous prétendons jouer avec abandon en défense, c'est ce que nous devrons faire. Si on prétend que notre attaque ne se battra pas elle-même, c'est ce qu'elle devra faire. Et si on ne le fait pas, nous devrons l'admettre. Impossible de s'améliorer lorsqu'on n'est pas honnête avec soi-même.»

Droit au but

Sherman ne semble pas trop du genre à passer par quatre chemins. Il n'y aura pas trop de cachettes avec lui, ce qu'ont confirmé ses adjoints, hier.

«C'est un homme très discipliné. Il sait ce qu'il veut et il sait ce qu'il veut de nous. Il est très franc, et j'adore ça», a souligné le coordonnateur défensif Kahlil Carter.

«C'est sûr qu'il est un peu intimidant en raison de sa grande expérience. Il est pince-sans-rire et a un humour très sec. Il a beaucoup de vécu, beaucoup d'anecdotes à raconter», a expliqué Bolduc.

Après avoir travaillé sous les projecteurs de la NFL et de la NCAA, avoir goûté aux millions que lui ont permis de toucher ces deux circuits, Sherman a-t-il accepté de venir diriger les Alouettes par simple amour du football? Pas tout à fait.

«Ce n'est pas tant pour retrouver l'essence de l'amour du football. J'aime relever des défis, même à l'âge de 63 ans. J'adore le football, c'est un sport qui est très exigeant à bien des égards, mentalement et physiquement. Il peut faire ressortir le meilleur d'une personne, comme il peut faire ressortir le pire. Je suis très enthousiaste en ce moment, j'ai hâte de faire face à ce nouveau défi.»

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Les coordonnateurs des Alouettes

Khari Jones (attaque)

On ne compte plus les coordonnateurs offensifs qui ont tenté de relancer l'attaque des Als depuis le départ de Marc Trestman. Khari Jones a toutefois une chose que plusieurs de ses prédécesseurs n'avaient pas: de l'expérience. Il a été coordonnateur offensif des Lions de la Colombie-Britannique et des Tiger-Cats de Hamilton.

«On a de bons morceaux en place. On a hérité d'une ligne offensive expérimentée et d'un bon porteur de ballon [Tyrell Sutton], notamment», a indiqué Jones, qui n'a pas voulu dire quel quart actuel des Alouettes détenait la position de tête.

«Ce sera difficile à évaluer tant et aussi longtemps que je n'aurai pas vu nos quarts jouer en personne. Mais j'aime ce que je vois sur les bandes vidéo. Je suis optimiste que nous aurons un bon quart-arrière.»



Photo Alain Roberge, La Presse

Khari Jones

Kahlil Carter (défense)

Le nouveau coordonnateur défensif des Alouettes était très souriant, hier. Kahlil Carter n'a pas caché qu'il était extrêmement heureux que plusieurs joueurs autonomes aient choisi Montréal la semaine dernière, notamment le chasseur de quarts Jamaal Westerman. 

«Ce n'est pas seulement la pression qu'il exerce sur le passeur. C'est l'intensité et l'effort qu'il apporte jeu après jeu. Son frère Jabar est un bon joueur, lui aussi, et n'oublions pas John Bowman! J'aime beaucoup notre ligne défensive. Tommie Campbell est un excellent demi de coin, et les autres demis défensifs qu'on a obtenus sont tous très polyvalents, alors je suis très satisfait des joueurs que j'ai sous la main.»



Photo Alain Roberge, La Presse

Kahlil Carter

Mickey Donovan (unités spéciales)

Mickey Donovan ne s'en doutait pas lorsqu'il a subi une blessure sérieuse à un genou dès le premier match qu'il a disputé dans la LCF, en 2005, mais c'était peut-être un mal pour un bien. 

«Kavis était l'un des entraîneurs des Tiger-Cats à cette époque et il m'a pris sous son aile. J'ai commencé à apprendre les rudiments du coaching dès ce moment.» 

Petit train va loin, Donovan a ensuite occupé des postes d'adjoint avec plusieurs universités canadiennes avant de devenir le pilote des Stingers de Concordia de 2014 à 2017. 

«J'avais joué trois saisons avec les Stingers et j'ai été un adjoint à McGill. Alors Montréal, c'est la maison pour moi. De pouvoir faire le saut dans la LCF sans avoir à quitter Montréal et le Québec, c'est une situation rêvée pour moi.»

Photo Alain Roberge, La Presse

Mickey Donovan