Son insolente supériorité depuis deux décennies, son quart-arrière à qui tout réussit, son sulfureux entraîneur, son propriétaire proche de Donald Trump: les Patriots de La Nouvelle-Angleterre, opposés dimanche aux Eagles de Philadelphie au Super Bowl, constituent sans doute l'équipe la plus détestée de l'histoire du sport professionnel américain.

Depuis 2000 et la nomination de Bill Belichick au poste d'entraîneur, les Patriots font la loi dans la NFL. Ils ont remporté le titre suprême à cinq reprises (saisons 2001, 2003, 2004, 2014, 2016) et sont abonnés aux séries éliminatoires qu'ils n'ont ratées qu'à trois reprises en 18 saisons. Ils collectionnent les records, comme leurs 16 victoires en autant de matchs de saison régulière en 2007 ou encore leurs neuf titres de suite (2009-17) dans la division Est de la Conférence américaine. Leur bilan en séries donne le vertige avec 27 victoires et seulement neuf défaites.

Mais à la différence d'autres grandes équipes du sport américain, comme les Celtics de Boston et les Lakers de Los Angeles dans la NBA, ou les Yankees au baseball, les «Pats» n'ont pas la cote auprès des Américains.

Selon une étude du site internet BetOnline, seuls quatre des 50 États, sans surprise localisés dans le nord-est du pays, espèrent une victoire dimanche des Patriots.

Tom Brady, trop fort

À 40 ans et cinq mois, Brady est un phénomène du sport: à un âge où beaucoup sont déjà la retraite, il n'entend pas s'arrêter et veut jouer jusqu'à 45 ans!

«Je prends beaucoup de plaisir, pourquoi tout le monde voudrait que j'arrête», a prévenu cette semaine le quintuple vainqueur du Super Bowl.

À sa sortie de l'Université du Michigan, Brady ne semble pourtant pas parti pour une telle carrière: le beau gosse californien n'a été choisi qu'en 199e position lors du repêchage de 2000.

Mais son acharnement à l'entraînement et son sang-froid ont fini par payer en septembre 2001 lorsqu'il est devenu le quart titulaire des Patriots, conduisant quelques semaines plus tard son équipe à son premier titre, contre les Rams de Saint Louis (20-17).

Pourtant, certains observateurs diront qu'ils doivent leur place dans ce Superbowl à un jeu controversé en finale de conférence, contre les Raiders d'Oakland, survenu deux semaines avant la grande victoire.

Cette rencontre est restée célèbre pour une décision arbitrale controversée en fin de rencontre. Alors que Charles Woodson entre en contact avec Tom Brady, celui-ci lâche le ballon au sol. Les Raiders récupèrent le ballon et pensent gagner la rencontre. Néanmoins, les arbitres revoient l'action à la vidéo et changent leur avis en vertu de la Tuck Rule.

Les Patriots retrouvent la possession en attaque et égalisent sur un coup de pied dans des conditions météorologiques difficiles. Ils gagneront finalement la rencontre et le Superbowl qui suit.

La Tuck Rule stipule que « lorsqu'un joueur [offensif] tient le ballon pour le passer vers l'avant, tout mouvement intentionnel du bras vers l'avant commence une passe, même si le joueur perd la possession de la balle lorsqu'il tente de la rabattre contre son corps. Aussi, si le joueur a rabattu le ballon contre son corps et en perd la possession, il s'agit d'un fumble. »

Cette règle a depuis été changé.

Depuis ce premier Superbowl, Brady a offert quatre autres titres à son équipe, un record pour un quart, remporté le trophée de meilleur joueur de la saison deux fois (2007, 2010), épousé l'ancienne top model Gisele Bündchen et fait fortune avec près de 200 millions de dollars en salaires et contrats publicitaires, le tout sans jamais connaître de blessures graves dans un sport pourtant très violent.

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Gisèle Bündchen et Tom Brady

Mais Brady est à jamais associé à l'un des scandales les plus retentissants du football américain, le «Deflategate» qui lui a valu quatre matchs de suspension en 2016, l'un des nombreux scandales qui jettent une ombre sur la domination des Patriots. 

Il est accusé par ses pairs de ne reculer devant rien pour gagner, comme l'a illustre le «Deflategate», le scandale des ballons sous-gonflés datant de 2015.



Un entraîneur controversé

Avec ses cinq titres -sept si on inclut les deux finales remportées avec les Giants de New York du temps où il était coordinateur défensif dans les années 1980- Bill Belichick peut légitimement prétendre au titre de meilleur entraîneur de l'histoire de la NFL, mais il n'a pas beaucoup d'admirateurs, hors de Boston et de sa région.

Toujours habillé d'un sweat à capuche cachant ses yeux, souvent renfrogné et très cassant avec les journalistes, Belichick, 65 ans, n'a pas que des amis.

En plus de l'épisode des ballons sous-gonflés, à son actif aussi, ce qui lui a valu de lourdes amendes, on compte l'espionnage entre 2002 et 2007, alors que les Patriots se sont fait prendre à filmer les équipes adverses pour décrypter leurs signaux faits au bord du terrain. Ajoutons également à ces tricheries des systèmes audio pour la communication entre les entraîneurs de l'équipe adverse fonctionnant difficilement pendant les matchs au Gillette Stadium.



Le spectre Trump


En août dernier, lors de la traditionnelle visite à la Maison-Blanche, le propriétaire de New England Robert Kraft a offert une chevalière de vainqueur du Super Bowl à Donald Trump.

Kraft est, depuis longtemps, un ami proche du magnant de l'immobilier devenu président des États-Unis. Belichick et Brady aussi lui ont apporté leur soutien durant la campagne présidentielle, mais, depuis, refusent soigneusement d'évoquer la question.

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Le président Donald Trump, le propriétaire des Patriots Robert Kraft et l'entraîneur Bill Belichick.