Après une saison désastreuse, les Alouettes ne disputeront pas le match de la Coupe Grey cette année. Mais leur ex-directeur général Jim Popp, qui a quitté l'organisation il y a un an, y sera, lui, accompagné de plusieurs autres anciens des Alouettes. La Presse s'est entretenue avec lui.

Pour Jim Popp, le match de la Coupe Grey de dimanche entre ses Argonauts de Toronto et les Stampeders de Calgary sera le 11e de sa carrière, un sommet dans l'histoire pour un directeur général. Après avoir atteint la finale à 10 reprises de 1994 à 2010, Popp n'y avait toutefois pas participé depuis sept ans.

«C'est une très belle sensation. Je répétais toujours, lorsqu'on se rendait en finale à Montréal, que ce n'était pas normal de le faire si souvent. Il fallait l'apprécier. Je suis très choyé et chanceux d'avoir pu participer au match de la Coupe Grey aussi souvent», a dit Popp en entrevue avec La Presse, hier.

On savait tous que les Argonauts étaient en bonnes mains avec Popp et Marc Trestman. Que les deux hommes soient toutefois parvenus à mener en finale une équipe qui a terminé l'année 2016 avec une fiche de 5-13 dès leur première saison tient cependant de l'exploit.

«Lorsque j'ai accepté l'offre des Argonauts, mon objectif était de remporter la Coupe Grey dès cette année. À toutes mes saisons, mon objectif n'a jamais changé, il a toujours été de gagner la Coupe Grey.»

Ce qui rend le succès des Argonauts encore plus impressionnant, c'est que Popp et Trestman ont été embauchés trois mois après la fin de la saison 2016. Mais le DG des Argos estime que ce fut ultimement un mal pour un bien.

«L'organisation a été critiquée parce qu'on a été embauchés alors que le marché des joueurs autonomes était commencé depuis quelques semaines. Mais ça nous a permis d'avoir l'argent disponible afin d'ajouter des joueurs clés en cours de route, dont S.J. Green, Armanti Edwards, Marcus Ball et Bear Woods», a expliqué Popp.

Woods: leader extraordinaire

Congédié par les Alouettes après la première journée du camp d'entraînement, Woods a eu de bons mots pour Popp après la victoire des Argos en finale de la division l'Est, dimanche. Il a notamment dit que le DG avait toujours cru en lui.

«C'est très flatteur d'entendre des paroles comme celles-là. Au football professionnel - et dans la plupart des milieux, je pense -, la chose la plus importante est la confiance. Lorsqu'on a confiance en une personne et que c'est réciproque, de bonnes choses surviennent généralement. Je pense qu'il faut traiter ses joueurs avec honnêteté, sincérité et professionnalisme», a dit Popp, qui n'a pas hésité longtemps à faire signe à Woods lorsqu'il a été libéré par les Als.

«J'ai beaucoup regardé jouer Bear avant de l'embaucher à Montréal et j'étais convaincu qu'il serait un bon joueur dans la LCF. Mais c'est lorsqu'on apprend à le connaître qu'on constate qu'il possède des qualités de leader exceptionnelles. Sa contribution est probablement plus grande à l'extérieur du terrain. Il est d'une grande aide à l'entraîneur-chef, car il encourage ses coéquipiers à se surpasser, notamment en étudiant davantage.»

«Bear est un leader extraordinaire et ça prend des joueurs comme lui dans une équipe. C'est essentiel. Il accepte tout le monde à bras ouverts. Je crois en Bear Woods et j'ai confiance en lui, pas seulement comme joueur, mais comme être humain.»

Fin de règne à Montréal

La présence des Argos au match de la Coupe Grey est certainement gratifiante pour Popp. Blâmé pour tous les maux des Alouettes, le DG a démontré qu'il savait encore faire son boulot en multipliant les acquisitions importantes au cours des neuf derniers mois.

«On a un bon mélange de joueurs et notre groupe d'entraîneurs est excellent et nous donne la chance de gagner toutes les semaines. Notre esprit d'équipe est particulièrement bon», a noté Popp, qui ne croit pas que la situation chez les Alouettes était aussi désastreuse qu'on semblait le croire avant son départ.

«Je sais qu'on a fait de très bonnes choses à Montréal dans mes dernières années, même si les résultats n'étaient pas toujours au rendez-vous. Notre équipe s'est très rarement fait déclasser durant nos matchs. Dans les quatre années qui ont suivi notre dernier championnat [en 2010], on a atteint la finale de l'Est à deux reprises. Mais c'était insuffisant, car les gens étaient habitués à nous voir en finale presque tous les ans.»

Un avantage pour les Stampeders

À quelques jours de la finale, les Stampeders sont favoris par 7 points, selon les preneurs aux livres. Ce qui ne devrait surprendre personne, puisqu'il s'agira d'une quatrième finale en six ans pour l'équipe du sud de l'Alberta.

«C'est une grande équipe. Leur constance et leur stabilité me font penser à ce qu'on a longtemps eu à Montréal. Les Stampeders procèdent à très peu de changements et c'est un avantage important», a dit Popp, qui reconnaît également que l'expérience des champions de l'Ouest pourrait être un facteur.

«La semaine sera très différente en raison de tous les évènements qui entourent le match. Ils ont participé à cette rencontre à quelques reprises dans les dernières années, alors ça leur donnera un petit avantage. Mais rendu à ce stade de la saison, c'est 50-50. Notre but n'est pas de participer au match de la Coupe Grey, c'est de le gagner.»

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Cinq décisions payantes

En poste depuis moins de neuf mois, Jim Popp a eu la main heureuse à plusieurs occasions depuis qu'il a été embauché comme directeur général des Argonauts. Voici cinq décisions qui ont permis aux Argos d'accéder au match de la Coupe Grey, qui sera disputé dimanche à Ottawa.

L'embauche de Trestman

Avant même de signer son contrat comme DG avec les Argonauts, Jim Popp était en constante communication avec Marc Trestman. «On parlait souvent ensemble, et les Argos savaient qu'il était l'entraîneur-chef que je voulais. C'était une décision facile pour moi. On travaille bien ensemble et le timing était bon, autant pour lui que pour moi. On s'est donc dit: allons-y! Sautons dans cette aventure. Tout est tombé en place rapidement.»

Un certain James Wilder

Popp a confirmé hier que les Alouettes avaient soustrait le nom de James Wilder de leur liste de négociation avant que les Argos ne l'embauchent. Un colosse de 6 pi 2 po et 230 lb, Wilder a été dominant en deuxième moitié de saison, lui qui n'a que 25 ans. «On avait un très bon demi en Brandon Whitaker, mais au fur et à mesure que la saison progressait, on voyait que James apportait une autre dimension à l'attaque lorsqu'il jouait. Il nous a ouvert plusieurs portes offensivement, et il n'y a aucun doute que sa présence a fait de nous une meilleure équipe.»

Deux transactions pour des receveurs

En plus d'avoir acquis S.J. Green des Alouettes en retour d'un maigre choix de sixième tour, Popp a mis la main sur un autre très bon receveur en Armanti Edwards, qui a été obtenu des Roughriders de la Saskatchewan en retour du joueur de ligne offensive Peter Dyakowski. L'un des plus faibles de la LCF avant ces transactions, le groupe de receveurs des Argonauts est rapidement devenu une force. Les statistiques totales de Green et d'Edwards à leur première saison à Toronto: 187 attrapés, 2424 verges et 14 touchés.

Un jeune «retourneur»

Lorsque les Alouettes ont curieusement choisi de libérer Martese Jackson, Popp a vu l'occasion de mettre la main sur l'un des jeunes «retourneurs» les plus explosifs du circuit. Et il a vu juste. Jackson a totalisé 2204 verges sur des retours de botté en 2017. Disons qu'il aurait été une bonne police d'assurance derrière Stefan Logan chez les Alouettes.

Ball et Woods font la paire

La défense des Argonauts a dû composer avec de nombreux blessés cette saison, mais lorsque l'unité est en santé, comme c'est actuellement le cas, elle est dominante. Et c'est en grande partie grâce à Marcus Ball et à Bear Woods, deux secondeurs que Popp a embauchés à titre de joueurs autonomes. Deux vétérans qui n'ont jamais craint le jeu musclé, Ball et Woods forment le noyau dur de la défense de Corey Chamblin.