S'il admet que les résultats n'étaient pas au rendez-vous, Jacques Chapdelaine a bien du mal à expliquer les raisons de son congédiement. Tout simplement parce qu'on ne les lui a pas données.

«Ça a peut-être pris 20 secondes, a-t-il dit en entretien avec La Presse canadienne. J'étais en réunion avec les entraîneurs en offensive, comme on le fait à chaque jour, à 6h15. Vers 6h20, Kavis a frappé à la porte. Il a demandé à me voir et m'a dit simplement: "Ce ne sera pas très long Jacques. J'ai reçu un appel tard hier (mardi soir) et nous allons aller dans une autre direction", simplement. Je n'ai pas questionné; j'ai compris. Ce n'était pas une phrase qui menait à une discussion. Elle présentait une information tout simplement.

«Nous étions très optimistes en abordant la présente semaine. On avait un plan de match et on avait déjà eu des rencontres avec des joueurs. Nous regardions en avant. Je te mentirais si je te disais qu'avec la fiche que nous avons, dans le métier qu'on pratique, on ne soupçonnait pas que quelque chose puisse arriver. Ceci étant dit, jamais je ne travaillais avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. On allait de l'avant tout simplement.»

Même s'il a affirmé le contraire plus tôt aux journalistes affectés à la couverture de l'équipe, Reed n'a jamais invité Chapdelaine, qui a préféré ne pas aborder ses conditions contractuelles, à discuter davantage avec lui plus tard en journée.

«C'est drôle, car les choses se sont produites assez rapidement ce matin. Je comprenais que j'avais à peu près 10 minutes pour vider mon espace de travail et que je pourrais retourner récupérer mes effets personnels (mercredi) soir. Je ne sais pas si j'aurai une autre discussion. Kavis n'a pas indiqué d'une façon ou d'une autre qu'il comptait me reparler.»

Gentilhomme, Chapdelaine, qu'on a limogé après avoir compilé un dossier de 3-8 en 2017 et de 7-10 au total à la barre des Alouettes, n'a pas voulu critiquer le travail de qui que ce soit au sein de l'organisation.

«Quand tu travailles, tu mets notre énergie sur la préparation de match, mais tu as aussi pleine confiance en tes dépisteurs, afin qu'ils te fournissent le meilleur talent possible, a-t-il notamment répondu quand on lui a demandé s'il jugeait avoir eu tous les effectifs nécessaires pour connaître du succès. Après cela, tu travailles avec les joueurs que tu reçois et tu tentes de faire le meilleur travail possible dans ces conditions.

«De mon côté, si je mettais en doute les efforts des personnes qui fournissent le talent, ça diminuerait mon travail à moi. On a toujours travaillé en pensant que ces gens nous amèneraient les meilleurs joueurs disponibles.»

Était-il l'homme de Reed?

«C'est difficile de dire si j'étais son premier choix ou non. Est-ce que je me sentais comme l'homme de confiance? J'ai toujours eu l'opportunité de prendre les décisions sur les 44 joueurs en uniforme pour nos matchs. Kavis pouvait me donner son opinion ou de l'information, mais en fin de compte, la décision me revenait.

«Je pense que lorsqu'on parle d'une relation de travail où le niveau de confiance est profond, ça prend plusieurs années à établir. Quand on regarde ailleurs dans la LCF, la confiance est établie avec les hauts et les bas d'une ou plusieurs saisons.»

Chapdelaine n'en veut pas à Andrew Wetenhall, qui a tenu de durs propos à l'endroit des opérations football du club mardi, lors du tournoi de golf du club.

«Andrew Wetenhall doit être honnête avec tout le monde, car s'il ne l'est pas, je ne sais pas si ça va être bien reçu de nos partisans, qui veulent des réponses franches et honnêtes. Personne n'est satisfait de la saison jusqu'ici. Certainement qu'Andrew ne l'est pas. Je comprends entièrement sa position et je respecte la façon dont il voyait les choses.»

Malgré cette sortie rapide, Chapdelaine ne regrette pas son séjour à Montréal.

«J'étais rendu à un certain point dans ma carrière où les opportunités deviennent moins fréquentes que pour un jeune entraîneur, a dit celui qui a passé la journée dans le Vieux-Port en compagnie de son épouse. Il y a toujours un risque dans toutes ces opportunités. J'étais prêt à prendre le risque et j'ai trouvé que ça en valait la peine.»