Deux mois après l'étonnante décision des Alouettes de le libérer, Bear Woods ne la comprend toujours pas. Surtout compte tenu du moment où elle a été prise par Kavis Reed.

« Il m'a dit qu'il voulait rajeunir l'équipe. Je lui ai répondu que je ne trouvais pas que j'étais un vieux joueur [à 30 ans]. C'est quand même un peu étrange si l'on considère que les deux secondeurs à mes côtés ont 34 ans [Chip Cox] et 36 ans [Kyries Hebert] », a noté le secondeur à la longue crinière rousse.

« Le moment était très mal choisi. Toutes les formations étaient complètes dans la ligue. Je n'ai même pas eu le temps de saluer mes coéquipiers avant de partir. J'aurai enfin l'occasion de revoir les partisans et de les remercier demain [vendredi soir]. C'est l'une des choses qui m'ont le plus déçu lorsqu'on m'a libéré », a précisé Woods.

« Je venais de connaître la meilleure saison de ma carrière ! », a poursuivi celui qui a terminé 2016 avec 126 plaqués, 5 sacs et 2 interceptions, en plus d'avoir provoqué 3 échappés. Des statistiques qui ont valu à Woods d'être nommé joueur défensif par excellence de la division Est pour la deuxième fois en trois ans.

« Jacques [Chapdelaine] m'a dit que ce n'était pas une décision liée au football et qu'il allait l'expliquer aux joueurs et aux médias, et c'est ce qu'il a fait », a dit Woods.

« Au bout du compte, Dieu voulait que je me retrouve avec le directeur général et l'entraîneur-chef qui m'ont permis de jouer dans cette ligue », a lancé le secondeur, faisant bien sûr allusion à Jim Popp et à Marc Trestman.

GREEN EXCELLE À PLUSIEURS ÉGARDS

Alors que Woods occupe actuellement le deuxième rang de la LCF avec 45 plaqués, S.J. Green, lui, est deuxième pour les gains aériens chez les receveurs avec 673 verges. S'il maintient la cadence, il finira la saison avec une récolte de 1730 verges. Ce ne serait pas si mal pour un joueur de retour au jeu après avoir subi trois déchirures ligamentaires à un genou.

« S.J. joue extrêmement bien, non seulement dans les matchs, mais dans les entraînements aussi. Il ne rate presque jamais un entraînement et il s'entraîne à un très haut niveau », a indiqué Trestman.

« Je n'ai eu aucun problème avec mon genou. Je ne porte même plus mon orthèse. D'ailleurs, je ne sais même plus où elle est. »

- S.J. Green

« S.J. est vite devenu un meneur dans notre équipe grâce à son éthique de travail et à son talent de communicateur », a expliqué Trestman, qui n'a pas eu à être convaincu lorsque Popp lui a annoncé qu'il pouvait obtenir Green, acquis des Alouettes en retour d'un maigre choix de sixième tour.

« J'étais excité et très surpris qu'il soit disponible », a avoué Trestman, qui est heureux de pouvoir compter sur plusieurs anciens complices à Toronto.

« J'aime beaucoup travailler avec Jim [Popp], et j'ai de très bons rapports et des liens très forts avec les joueurs qui étaient chez les Alouettes, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. Ce sont tous des leaders fantastiques », a estimé le pilote des Argos.

« DE L'HISTOIRE ANCIENNE »

Même s'il a été échangé après avoir passé une décennie dans l'uniforme des Alouettes, Green n'éprouve aucune rancune.

« C'est de l'histoire ancienne pour moi. Les Argonauts ont été exceptionnels et je sens que je fais partie de leur famille. C'est le plus important », a soutenu Green, qui a tout de même ressenti un pincement au coeur, hier après-midi.

« Lorsque je me suis réveillé dans le train et que j'ai vu Montréal, j'ai pleinement pris conscience de la réalité de la situation : je ne joue plus pour Montréal, mais bien pour Toronto », a raconté Green, qui s'attend à une soirée fertile en émotions au stade Percival-Molson.

« Je ne sais pas dans quel ordre les émotions viendront, mais je sais qu'il y en aura plusieurs. Je m'y prépare. Mais ce qui compte le plus, c'est l'équipe. Il y a 43 autres joueurs qui voudront gagner ce match, ce n'est pas à propos de moi. Je vais jouer au mieux de mes habiletés pour mon équipe. »

UN ENDROIT SPÉCIAL POUR TRESTMAN

Même s'il n'est pas vraiment du genre à parler ouvertement de ses émotions, Trestman n'a pas caché que Montréal occupait une place importante dans son coeur, hier.

« C'est une très belle sensation d'être de retour ici. Je conserve de très beaux souvenirs de Montréal et j'ai plusieurs bons amis ici. Je suis très heureux, mais c'est un voyage d'affaires », a-t-il rappelé.

« Je n'ai jamais aimé aucun endroit plus que Montréal. Que ce soit sur le plan professionnel ou dans la vie en général. Ma famille et moi revenons à Montréal tous les ans et nous y passons une semaine durant la saison morte. On aime la ville, les gens et la culture. Ça vient du coeur et c'est ce que je ressens. »

IL Y A MARTESE JACKSON, AUSSI...

À moins que les plans ne changent au cours des prochaines heures, Jim Popp n'assistera pas au match de ce soir entre les Argonauts et les Alouettes. Il est actuellement à New York afin de visiter les Giants et les Jets à l'occasion de sa tournée annuelle des camps de la NFL. « Les camps de la NFL battent leur plein et c'est important pour moi de faire du recrutement », a expliqué Popp, qui a multiplié les acquisitions d'anciens joueurs des Alouettes depuis qu'il travaille à Toronto. S.J. Green, Bear Woods, Brandon Whitaker et Alan-Michael Cash sont bien connus du public, mais il y a un autre ancien des Als qui semble en voie de devenir un joueur clé chez les Argos. Il s'agit de Martese Jackson, un joueur de 25 ans qui est déjà l'un des « retourneurs » les plus productifs de la ligue. « On l'a embauché moins de 24 heures après que les Alouettes l'ont libéré. Il avait bien fait lors de notre camp avec les Alouettes en 2016 et nous [les Argos] jugions qu'il avait le talent pour devenir un joueur étoile », a dit Popp.