Le quart-arrière Darian Durant, qui est considéré par plusieurs comme le premier digne successeur d'Anthony Calvillo, a fait preuve d'une grande humilité et d'une bonne dose de leadership lors de son premier point de presse depuis son embauche par les Alouettes de Montréal.

Durant a accepté une entente de trois saisons des Oiseaux, jeudi, et vingt-quatre heures plus tard il a été présenté aux membres des médias dans le vestiaire de l'équipe, au Stade olympique.

D'entrée de jeu, Durant s'est dit heureux de retrouver chez les Alouettes l'entraîneur Jacques Chapdelaine, qui l'a dirigé à titre de coordonnateur offensif avec les Roughriders de la Saskatchewan en 2015, et Calvillo, qui lui a infligé deux défaites crève-coeur en finale de la Coupe Grey en 2009 et 2010.

«À l'époque, j'étais un jeune blanc-bec qui commençait sa carrière, a-t-il rappelé. C'est plus facile à accepter (les deux défaites) aujourd'hui, mais je dois admettre que je suis heureux d'être maintenant de ce côté-ci. C'est merveilleux d'avoir l'opportunité d'apprendre d'AC et de "Coach Chap", et de l'appliquer dans mon jeu sur le terrain afin de remettre cette équipe sur la bonne voie.»

Le nouveau directeur général de l'organisation montréalaise, Kavis Reed, a cependant dû y mettre le paquet pour convaincre le vétéran de s'y joindre. Selon le réseau Sportsnet, le contrat serait d'une valeur de 1,25 million $, dont 400 000 $ pour la première saison - une portion de 225 000 $ aurait même été versée comme bonus de signature. Mais pour Reed, le risque était calculé.

«(Le contrat de trois ans) était important, parce que nous voulions instaurer une certaine stabilité au sein de cette équipe, a confié Reed. De plus, nous voulions disposer de suffisamment de temps pour évaluer les autres quarts de l'organisation, qu'ils soient déjà ici ou qu'ils s'y greffent au cours des prochaines saisons.»

La plupart des observateurs connaissent Durant, le joueur. En 155 matchs en carrière, dont 111 en tant que quart partant, Durant a complété 2186 des 3519 passes qu'il a tentées pour des gains de 28 136 verges et 149 passes de touché. Il pointe actuellement au 16e rang de l'histoire de la LCF pour le nombre de verges par la passe.

Mais au-delà des statistiques de Durant qui en feront fort probablement un candidat au Temple de la renommée du football canadien dans quelques années, c'est son leadership qui a justifié son embauche, a expliqué Reed. Après tout, c'est un secret de Polichinelle, le vestiaire des Alouettes était très divisé la saison dernière.

«C'est bien qu'il y ait de la fébrilité dans l'air, et des attentes envers l'équipe, a noté Reed. Darian est capable de prendre la pression sur ses épaules. Mais il n'est qu'une pièce du casse-tête, et nous devrons être très prudents afin de greffer les bons joueurs au groupe en place pour nous replacer dans la bonne voie.»

Le vétéran de 11 saisons - toutes passées avec les Roughriders - dans la LCF a offert un aperçu de sa personnalité vendredi. Lorsqu'un membre des médias lui a fait remarquer que de nombreux amateurs le considéraient comme étant «le sauveur», Durant ne s'est pas laissé emporter.

«Je ne suis qu'une pièce du casse-tête. Je vais tenter de faire mon travail du mieux possible, mais tout le monde devra s'impliquer afin que ça fonctionne, a-t-il expliqué, calmement. Je ne suis qu'une pièce du casse-tête. Et si nous voulons gagner, il faudra qu'on devienne une équipe.

«Je ne suis pas un gars égocentrique, et Kavis (Reed) le savait en m'offrant un contrat, a-t-il poursuivi. Vous pouvez demander à Drew Willy ou Drew Tate; je suis ici pour partager mon expérience. J'ai déjà été blessé par le passé et je sais qu'il faut plus qu'un bon quart pour connaître du succès dans cette ligue. Il faudra qu'on soit tous dans le même bateau pour connaître du succès.»

Car l'arrivée de Durant signifie que les quarts Vernon Adams et Rakeem Cato ont été rétrogradés dans la hiérarchie montréalaise. Afin d'éviter la dissension au sein de l'équipe, Reed a confié s'être entretenu avec Adams, notamment, pour lui expliquer son plan à long terme. Reed compte ainsi implanter la même recette à succès qu'à l'époque où il était l'entraîneur-chef des Eskimos d'Edmonton, entre 2011 et 2013.

«À l'époque, nous avions cinq jeunes joueurs au poste de quart, a rappelé le principal intéressé. On regarde aujourd'hui à travers la ligue et des gars comme Matt Nichols, Jacory Harris, Jeremiah Masoli et Mike Reilly, qui faisaient tous partie du même vestiaire, connaissent tous des carrières florissantes. Le plan consistait à faire d'un vétéran, Kerry Joseph, la pièce maîtresse du casse-tête. Il était le vétéran, et il leur a appris à devenir des professionnels, car ils sont rares les jeunes qui sortent des universités et qui sont déjà prêts à devenir les meneurs de leur équipe professionnelle. (...) C'est exactement ça que nous voulons reproduire ici.»