C'est afin de mettre une équipe championne sur le terrain, de tenter d'avoir un impact concret et durable sur la communauté, ainsi que de traiter leurs joueurs, leur personnel et leurs partisans avec le plus grand respect que les propriétaires Robert et Andrew Wetenhall ont décidé de chambouler l'état-major des Alouettes de Montréal.

Ces trois concepts fondamentaux ont fait en sorte que l'équipe a annoncé mercredi les nominations de Patrick Boivin comme président et chef des opérations, de Kavis Reed comme directeur général, et de Jacques Chapdelaine à titre d'entraîneur-chef.

«Mais ces concepts ne fonctionnent pas si vous n'avez pas une vision harmonisée et si votre exécution n'est pas à point, a souligné Andrew Wetenhall d'entrée de jeu. Ça veut aussi dire qu'il faut reconnaître et rectifier le tir quand votre exécution n'est pas à point. Les nominations d'aujourd'hui nous offrent une excellente opportunité de renverser cette tendance. (...) Nous allons avoir une nouvelle approche, il s'agit d'un point tournant pour les Wetenhall et cette organisation.»

Si les embauches de Chapdelaine, arrivé comme entraîneur intérimaire après 12 rencontres l'an dernier, et de Reed, dont le nom de Reed a circulé abondamment au cours des derniers jours, ne constituent pas une surprise, la nomination de Boivin, qui remplace Mark Weightman, a de quoi faire sourciller.

Weightman aurait lui-même remis en doute sa capacité à opérer ces importants changements philosophiques au sein de l'entreprise à laquelle il appartient depuis 21 ans et dirige, comme président, depuis 2012. Selon Wetenhall, c'est pourquoi il aurait démissionné.

«Au cours de notre processus de restructuration, au fil de nos discussions, Mark s'est rendu compte qu'il n'était peut-être pas la personne pour mener à bien ce projet», a expliqué Wetenhall, en ajoutant qu'il n'était pas exclu, à la suite d'une période de «réflexion», que Weightman rejoigne l'organisation dans un rôle différent. Il affirme toutefois que la recherche d'un nouveau président s'est amorcée «il y a des mois» et que Boivin a été confirmé dans ses fonctions «il y a 10 jours ou deux semaines».

Mais ce n'est pas en raison des compétences du jeune président de 38 ans que son embauche fait sourciller. Titulaire d'un baccalauréat en finance et commerce international des HEC, il a été directeur du Service des loisirs et des sports de l'Université Concordia depuis 2013, où il dirigeait 11 programmes de sport d'excellence ainsi que la programmation aux étudiants. Boivin, qui a été préféré à quatre autres candidats, a également oeuvré au sein du Canadien de Montréal et de la Ligue nationale de hockey.

«En engageant un nouveau président et chef de la direction, nous avions l'occasion de repenser ce rôle, a noté Wetenhall. (...) Patrick Boivin était le candidat parfait selon nos critères.»

Sans renier ce qui a été fait sous l'ancienne administration, il compte étudier chaque facette de l'organisation afin qu'elle rejaillisse davantage sur la scène sportive montréalaise.

«Nous allons travailler pour que notre équipe retrouve dès la saison prochaine la cohésion et la collaboration, la détermination et l'obsession de la victoire qui animent les grandes équipes gagnantes dans le sport professionnel, a-t-il dit. Nous devons également bâtir une équipe gagnante sur tous les fronts, donc renforcer les liens entre l'équipe et les partisans en révisant nos stratégies marketing et de ventes. Nous devons aussi offrir une expérience unique lors de nos matchs au stade Percival-Molson.»

L'un des éléments-clés que compte développer le nouveau président est le lien entre les Alouettes et le football scolaire au Québec, particulièrement universitaire, un aspect que visiblement, il estime être une lacune de l'organisation.

«Nous avons la meilleure pépinière de football, a rappelé Boivin. C'est un non-sens (...) qu'on ne soit pas un leader dans cet axe de développement. Pourquoi ne l'avons-nous pas fait dans le passé? Je ne sais pas, je vais poser des questions.»

Reed s'est démarqué

Quant à l'embauche de Reed, pas moins de 16 candidats ont été évalués sur cinq points très précis - dépistage, habileté à attirer les joueurs de talent, qualités de gestionnaires, engagement envers la communauté et qualités personnelles - et de ce nombre, cinq ont été interviewés. Du lot, Reed s'est classé premier ou deuxième dans chaque catégorie et il a de loin été le meilleur candidat aux yeux des Wetenhall.

Contrairement à la croyance populaire - renforcée par les propos de Wetenhall lors du dernier tournoi de golf de l'équipe selon qui le choix de l'entraîneur-chef reviendrait toujours aux Wetenhall -, Reed a obtenu carte blanche pour choisir son entraîneur.

«Après avoir discuté avec un très grand nombre de candidats très qualifiés, j'ai décidé samedi dernier que Jacques était l'homme désigné pour occuper ce poste», a-t-il expliqué.

Reed a dirigé les Eskimos d'Edmonton de 2011 à 2013, mais il n'a pas encore travaillé comme directeur général. L'Américain de 43 ans coordonnait les unités spéciales des Alouettes depuis deux saisons.

Chapdelaine, âgé de 55 ans et originaire de Sherbrooke, est devenu l'entraîneur-chef par intérim cette saison, guidant le club à un dossier de 4-2 sous sa gouverne.

En ce qui a trait au reste de l'équipe d'entraîneurs, rien n'est coulé dans le béton, même dans le cas d'Anthony Calvillo, qui a perdu du galon sous Chapdelaine, étant relégué sur la galerie de presse et n'appelant plus les jeux à l'attaque, lui qui était pourtant le coordonnateur.

«Je n'ai pas eu la chance de discuter avec le personnel en place de façon privée jusqu'ici, a déclaré Chapdelaine. Nous avons connu deux saisons l'an dernier: une à oublier, puis on a été capable de faire tourner le vent par la suite. Est-ce que nos entraîneurs ont acquis de nouvelles connaissances de football tout d'un coup? Non. On a de bons entraîneurs, certains qu'on voudrait garder avec nous. Ce sera à Kavis et à moi de nous asseoir et d'évaluer tout ça.»