Comme le rapportait La Presse vendredi dernier, Jim Popp ne sera pas de retour comme entraîneur-chef des Alouettes en 2017. La question est maintenant de savoir s'il conservera son poste de directeur général, qu'il occupe depuis la résurrection des Alouettes en 1996.

POUR

DU FLAIR POUR LES COACHS

La dernière fois que les Alouettes ont choisi un entraîneur-chef autre que Popp, ce dernier n'avait eu aucun droit de regard. Le propriétaire Robert Wetenhall avait choisi Tom Higgins, qui n'a dirigé l'équipe que 27 matchs. Popp avait pourtant réussi quelques coups fumants dans ses embauches, notamment avec Don Matthews et Marc Trestman. Selon deux sources, avant de nommer Dan Hawkins en 2013, Popp avait même réussi à convaincre Hue Jackson, actuellement pilote des Browns de Cleveland, de s'amener à Montréal. Il y a toutefois eu un pépin, ce qui a mené à la regrettable embauche de Hawkins. Bref, si Popp peut choisir son homme, les chances sont grandes pour qu'il prenne la bonne décision.

UN HABILE RECRUTEUR

On peut critiquer Popp pour bien des choses, mais personne ne peut nier qu'il est particulièrement doué dans l'art d'évaluer le talent des joueurs. On n'a qu'à regarder les équipes aux quatre coins de la ligue pour s'en convaincre. Il y a plusieurs anciens joueurs des Alouettes dans presque toutes les villes du circuit. Mais plutôt que d'avoir fait la tournée des camps de la NFL pour trouver de nouveaux joueurs, Popp était à Montréal l'été dernier et cette année. Ce n'est pas une situation gagnante pour personne.

FOUETTÉ DANS SON ORGUEIL

Si Popp conserve son poste de directeur général, son degré de motivation pour relancer l'équipe devrait être plus élevé que jamais. Il est hué par les amateurs lors des matchs locaux au stade Percival-Molson. Il est blâmé pour tous les maux du club. La dernière fois que Popp a quitté le poste d'entraîneur-chef après avoir amorcé la saison précédente sur les lignes de côté, c'était avant la campagne de 2008. Popp a peut-être connu ses meilleures saisons à titre de DG dans les années qui ont suivi, alors que l'équipe a participé au match de la Coupe Grey trois saisons de suite.

UNE SUCCESSION INCERTAINE

Qui remplacerait Popp s'il n'est plus DG? Il n'y a personne dans l'organisation qui est prêt à relever pareil défi, ou qui est même près de l'être. Changer pour changer n'est pas toujours la meilleure des solutions. Si elle compte procéder à un changement, l'organisation devra s'assurer qu'elle a un ou des candidats de choix dans sa ligne de mire.

UN RÉSEAU DE CONTACTS ENVIABLE

Popp connaît des hommes de football à travers les États-Unis, autant dans la NFL que dans la NCAA. C'est un facteur majeur lorsqu'on est directeur général d'une équipe de la Ligue canadienne et rares sont ceux qui peuvent prétendre avoir un réseau de contacts comparable à celui de Popp.

--------------------

CONTRE

UN «ONE MAN SHOW»

S'il y a une chose évidente chez les Alouettes, c'est que Popp occupe trop de place dans l'organisation. C'est devenu un «one man show». Alors, si l'équipe est actuellement dysfonctionnelle, Popp en est forcément le premier responsable. Il est anormal, ou très inhabituel, à tout le moins, qu'un directeur général ait plus de poids qu'un président au sein d'une équipe professionnelle, mais ça semble être le cas chez les Alouettes.

TROP D'INDISCIPLINE

Le mécontentement grandit parmi les joueurs, en raison notamment de l'indiscipline. Le receveur Duron Carter, notamment, a eu plusieurs prises de bec avec des coéquipiers, dont Rakeem Cato lors de l'entraînement de lundi. Le nouveau quart partant n'est pas du type à péter les plombs, mais il a quitté l'entraînement pendant une quinzaine de minutes pour décompresser. Carter est à la source de bien des problèmes dans cette équipe et bénéficie d'un traitement de faveur en raison de son talent (comme Chad Johnson et Michael Sam avant lui, mais pour des raisons différentes). Popp a permis à ces situations de se produire.

UN RECRUTEMENT EN PANNE

C'est probablement en partie parce qu'il passe moins de temps à épier ce qui se passe dans la NCAA et les camps de la NFL, mais Popp trouve moins d'espoirs prometteurs depuis quelques années. Les recrues Ethan Davis et Jonathon Mincy jouent étonnamment bien au poste de demi de coin; Philippe Gagnon sera un bon garde pour plusieurs saisons; et B.J. Cunningham pourrait peut-être devenir un receveur de premier plan. Il y a quelques autres bons jeunes dans l'équipe, mais il y en a moins qu'avant.

UNE LONGUE DISETTE

On ne vous l'apprend pas: le bilan de l'équipe est nettement moins reluisant depuis les départs d'Anthony Calvillo (après quelques matchs au début de la saison 2013) et de Marc Trestman (après la saison 2012). La fiche de l'équipe depuis 2013 est de 26-38 en saison et elle n'a remporté qu'un seul match éliminatoire. Comme disait Janet Jackson: «What have you done for me lately?»

LE POINT DE NON-RETOUR?

Comme dans une relation de couple, il y a parfois des points de non-retour. Trop de blessures, trop d'histoires. Même si ça peut être déchirant, il n'y a peut-être plus d'autres options que de tourner la page. Après un mariage de plus de 20 ans, Popp et les Alouettes en sont peut-être rendus à ce stade.

--------------------

LE VERDICT

Il reste une autre saison au contrat de Popp. Normalement, lorsqu'un DG est dans cette position et que l'équipe veut conserver ses services, elle lui offre une prolongation. Cette option est difficilement envisageable dans l'état actuel des choses. Architecte d'une organisation qui a connu énormément de succès de 1996 à 2012, Popp mérite-t-il une dernière chance? La décision reviendra à Robert Wetenhall. Si Popp revient, il devra trouver le bon entraîneur-chef, régler le sempiternel problème au poste de quart et injecter du sang neuf dans l'alignement, tout en ayant moins de pouvoir dans l'organisation. Contre vents et marées, l'organisation devrait lui donner une autre saison pour sauver son job. Mais «un gouvernement minoritaire», en quelque sorte.