Mais que se passe-t-il donc avec Boris Bede? La question alimentait déjà toutes les discussions dans l'entourage des Alouettes. Elle se pose maintenant plus que jamais, alors que l'équipe s'apprête à appeler du renfort à la position de botteur.

Les problèmes du numéro 14 se sont de nouveau manifestés hier soir, alors que les Lions de la Colombie-Britannique étaient de passage au stade Percival-Molson. Et cette fois, on pourrait même dire qu'il a touché le fond du baril.

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«C'est frustrant, car je vois ce que je suis capable de faire. Je sais ce que je suis capable de faire. Ça devient un peu long», a-t-il avoué dans le vestiaire, sans se défiler des nombreux journalistes venus l'interroger après la rencontre.

Il y avait à peine trois minutes d'écoulées dans la rencontre lorsque Bede a raté sa première tentative de placement, sur une distance de 36 verges. Aussitôt, les 19 125 spectateurs réunis dans les gradins ont manifesté leur mécontentement à son endroit. Bede a eu plus de succès à son deuxième essai en première demie, réussi sur seulement 17 verges, toutefois. Il a maintenant réussi seulement 7 de ses 16 tentatives de placement en 2016.

Si Bede avait réussi à sauver un peu de son honneur en effectuant de bons bottés de dégagement jusqu'ici cette saison, ce fut la catastrophe hier. Il en a raté deux au cours de la première demie, dont un qui n'a franchi que 11 verges au deuxième quart. Encore une fois, les huées ont retenti dans le stade.

«Je peux comprendre la foule. Les gens font avec ce qu'ils voient, et malheureusement, ça ne va pas pour moi en ce moment. Il faut passer par-dessus. C'est simplement un gros test. [...] C'est une très bonne leçon de caractère.»

Au retour de la mi-temps, Bede a mieux paru, bien qu'il ait jonglé avec une remise de Martin Bédard avant de réussir un botté de dégagement au troisième quart. Les huées ont fait place aux applaudissements lorsqu'il a réussi un long simple un peu plus tard. On ne pouvait cependant se défaire de l'impression que cette ovation avait un arrière-goût d'ironie...

Popp en a assez

Ce n'est pas qu'on veut s'acharner sur son sort. Mais à l'évidence, quelque chose cloche sérieusement entre les deux oreilles de Bede.

«C'est dur en ce moment, a-t-il d'ailleurs admis. Tu te retrouves un peu seul, on va dire. Mais ça fait partie de la job. Quand tout va bien, tout le monde t'aime. Quand ça ne va pas, c'est l'inverse. On fait avec.»

Quoi qu'il en soit, la patience de Jim Popp a atteint sa limite. L'entraîneur-chef et directeur général a confirmé après le match qu'il partirait à la recherche d'un autre botteur. Il a toutefois précisé que Bede pourrait effectuer certains bottés malgré la présence d'un nouveau coéquipier.

«Nous avons probablement exploré toutes les options possibles afin de chasser ses problèmes, mais ça n'a pas fonctionné. Alors nous essaierons d'amener quelqu'un d'autre ici», a-t-il fait savoir, la mine déconfite.

À court terme, il serait étonnant que Popp aille jusqu'à libérer Bede. Cela dit, dans les circonstances, un peu de temps passé sur les lignes de côté pourrait faire le plus grand bien au jeune homme. Ses aptitudes physiques et athlétiques sont indéniables. C'est réellement dans la tête que ça déraille.

Un jeu fatal

Pour revenir au match lui-même, ne vous fiez pas trop au pointage final de 38-18 en faveur de la Colombie-Britannique. Comme le veut l'expression consacrée, les Alouettes méritaient un meilleur sort.

L'attaque a bien fait dans l'ensemble, notamment grâce à la combinaison de Kevin Glenn (18 en 27, 231 verges, 2 passes de touché) et de Duron Carter (7 attrapés, 115 verges), qui fut à l'origine de quelques belles pièces de jeu. La défense a elle aussi été efficace.

Les Lions ne menaient que par cinq points - 23-18 - lorsqu'ils ont réussi le jeu qui allait sceller l'issue de la rencontre, au tout début du quatrième quart. Ronnie Yell a fait perdre le ballon au receveur recrue Corbin Louks, avant que Loucheiz Purifoy le ramène dans la zone des buts, 47 verges plus loin.

La séquence a brisé les reins des Als, qui n'ont plus inscrit aucun point par la suite, en plus de donner l'impression d'avoir baissé les bras. 

«Quand on rate des bottés, ça change parfois l'état d'esprit de vos joueurs et c'est décevant. Mais il faut passer à travers cela. Il y a toujours des hauts et des bas dans un match», a déclaré Popp.

Reste qu'avec tout ça, les Alouettes se retrouvent désormais avec une fiche de 2-4 après le premier tiers de la campagne. Chez les joueurs, on assure garder le moral. Mais pour combien de temps?

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