Dans le milieu du football universitaire canadien, Blake Nill est une véritable légende. L'entraîneur-chef des Thunderbirds de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) en sera samedi à une huitième participation à la Coupe Vanier et il sera le premier à mener une troisième équipe au match de championnat national.

Personne, surtout pas lui, ne s'attendait pourtant à voir les Thunderbirds connaître autant de succès cette saison. «C'est incroyable, ce que cette bande de joueurs a accompli cette année après n'avoir remporté que deux matchs la saison précédente», a souligné Nill, cette semaine, en entrevue.

«Je sais que cela n'a pas été facile pour eux; je suis très exigeant, très différent de l'entraîneur qu'ils avaient connu avant moi [Shawn Olson], et ils ont dû s'adapter rapidement. Mais ils m'ont fait confiance, ils ont acheté le produit que nous leur proposions, mes adjoints et moi, et ils ont progressé rapidement. Ils ont aussi fait preuve d'une grande résilience et n'ont jamais lâché.»

Nill, ancien joueur de ligne défensive avec les Concordes de Montréal (il a obtenu un premier baccalauréat à Concordia), a commencé sa carrière d'entraîneur avec les X-Men de St. François Xavier. Il est ensuite devenu entraîneur-chef des Huskies de Saint Mary's en 1998, remportant la Coupe Vanier deux fois (2001 et 2002) en quatre participations.

En 2006, il a quitté les Maritimes pour retourner à Calgary, son alma mater. En neuf saisons, il a fait des Dinos l'une des meilleures équipes au Canada, mais a échoué trois fois en finale de la Coupe Vanier, dont deux fois contre le Rouge et Or de son bon ami Glen Constantin. La saison dernière, après une élimination rapide en demi-finale de l'Ouest, il a surpris tout le monde en annonçant son départ pour la Colombie-Britannique.

«La direction des sports à UBC m'a accordé un soutien inconditionnel, mais cela a été très dur sur le plan personnel, a reconnu l'entraîneur de 53 ans. Quitter Calgary comme je l'ai fait, après neuf saisons avec les Dinos, a été très difficile, et je sais que plusieurs personnes ne l'ont pas encore accepté. Chacun des deux matchs que nous avons joué là-bas cette saison a été très éprouvant mentalement.»

Écrasés 49-16 au McMahon Stadium lors du premier match de la saison, Nill et ses Thunderbirds ont eu le dernier mot, il y a deux semaines, en finale de la Coupe Hardy, en infligeant aux Dinos leur seule défaite de la saison, 34-26.

La recette du succès

«Au football universitaire, tout commence avec le recrutement, assure Nill, pour expliquer ses succès. Je consacre une grande partie de mon temps au travail de recrutement. Nous offrons aux jeunes étudiants-athlètes une expérience complète, et j'inclus toujours les parents dans le processus de décision.

«Certains ne s'intéressent qu'aux joueurs, pas moi! Les parents font aussi partie de l'équipe, et les quatre ou cinq années d'un jeune dans un programme de football universitaire doivent être une expérience familiale que tout le monde va apprécier.»

Les plus ambitieux sont aussi attirés par le fait que Nill a produit plusieurs joueurs qui ont connu des carrières professionnelles. «J'ai toujours recherché les meilleurs joueurs, où qu'ils soient. Je suis de ceux qui y vont toujours «pour le circuit» et, si j'ai souvent été retiré au bâton, j'ai aussi eu la chance de travailler avec des joueurs exceptionnels.»

Se tourner vers la NCAA

Son arrivée tardive à UBC a forcé Nill à sortir des sentiers battus cette saison, et il s'est tourné vers les États-Unis. Curieusement, il a réussi à convaincre trois joueurs canadiens - le quart Michael O'Connor, le demi défensif Taylor Loffler et le receveur de passes Malcolm Lee - qu'il avait contactés la saison précédente à Calgary, mais qui avaient tous préféré aller jouer aux États-Unis.

O'Connor, un joueur de 6'5 classé parmi les meilleurs espoirs à son poste par le réseau ESPN, avait opté pour Penn State, mais le départ de l'entraîneur-chef Bill O'Brien pour la NFL l'a laissé en plan. Après avoir passé une saison en réserve (red shirt), le joueur originaire d'Ottawa a décidé d'aller jouer ailleurs. Il avait aussi reçu des propositions d'autres programmes de division 1 de la NCAA, mais il s'est laissé séduire par Nill et son équipe.

«Ils m'ont invité à visiter Vancouver et leur campus, et je me suis dit: "Hey, un voyage gratuit, qu'est-ce que j'ai à perdre?", a raconté O'Connor. Mais j'ai vite réalisé que c'était une formidable occasion.»

Nill avoue: «Nous avions fait nos devoirs, nous savions ce qui était arrivé à Penn State et nous avons vraiment fait un effort maximum pour le convaincre. Je crois que le sérieux de notre programme l'a impressionné.»

Avec un jeune quart de premier plan, des vétérans talentueux et surtout un entraîneur gagnant, personne ne doute plus du sérieux des Thunderbirds. «Il y a une tradition gagnante à UBC et je suis convaincu que nous gagnerons la Coupe Vanier éventuellement, assure Nill. Ce serait un bel exploit de le faire dès la première année!»

_____________________________________

Des fleurs à Maciocia

Blake Nill a beaucoup de respect pour son vis-à-vis Danny Maciocia. «Je le connais depuis plusieurs années et ses succès parlent d'eux-mêmes, a-t-il rappelé. Danny est l'un des rares entraîneurs-chefs à avoir réussi la transition des rangs professionnels au sport universitaire. C'est bien plus difficile que les gens peuvent l'imaginer. Avec les pros, quand un joueur est blessé, on en appelle un autre, et c'est tout. On ne peut évidemment pas faire ça avec des étudiants-athlètes.»

Nill est encore plus proche de Glen Constantin, entraîneur-chef du Rouge et Or de Laval, qui l'a pourtant battu trois fois en finale de la Coupe Vanier, deux fois en demi-finale, et qu'il n'a battu qu'une seule fois en carrière, en 2001, en route vers la Coupe Vanier avec Saint Mary's.