Comme bien des enfants de son âge, Jonathan Savoie n'était pas le plus bavard. On comprend, après tout, que ça peut être intimidant pour un gamin de voir tous ces joueurs de football, ces journalistes et ces photographes défiler dans sa chambre.

Mais Jonathan n'avait pas besoin de parler. Ses yeux parlaient d'eux-mêmes.

Pendant quelques minutes, hier, le garçon de huit ans et demi a pu rencontrer certains joueurs des Alouettes, qui faisaient leur tournée annuelle des hôpitaux pour enfants de la métropole.

Jonathan n'est peut-être pas le plus grand amateur des Moineaux ni même de football, mais qu'importe. Cette rencontre lui a surtout permis d'égayer l'ambiance d'ordinaire lourde dans sa chambre de l'Hôpital de Montréal pour enfants. Et d'oublier un peu son cancer du cerveau.

«C'est agréable de voir que les joueurs s'impliquent et viennent le voir, même s'il ne les connaît pas. C'est sûr que ça ne guérira pas son cancer, mais ça fait en sorte que la journée est moins longue, moins plate. Il sera content de pouvoir dire à sa famille et à ses amis qu'il a vu des joueurs des Alouettes, vu qu'il ne peut pas aller à l'école et qu'il est pris à la maison», explique sa mère, Julie Legault.

Justement, il n'y a pas que ces trop jeunes patients qui tirent profit de cette visite des Als. C'est aussi le cas de leurs parents, pour qui voir leur enfant sourire dans ces malheureuses circonstances «n'a pas de prix», comme le souligne Karen Polletta, mère du petit Vincenzo Cervini, qui soigne lui aussi un cancer.

«C'est super encourageant de voir le sourire et la joie dans ses yeux, dit-elle. C'est un changement d'air. C'est long, être ici, pris dans une chambre. D'avoir une visite comme ça, c'est bien. Ça apporte de la joie et un petit quelque chose de spécial dans sa vie.»

Les joueurs touchés au coeur

De son propre aveu, après cette visite annuelle, Luc Brodeur-Jourdain rentre souvent chez lui avec les émotions à fleur de peau. Et cette année revêt un cachet encore plus singulier pour le centre, qui vient tout juste de devenir papa lui-même.

«La seconde à laquelle tu vois ton enfant, quand il est là, dans tes mains... Tout ce que tu souhaites, c'est qu'il soit en santé et que tout aille bien. Tu te mets tout de suite à réfléchir: tu ne sais pas s'il fait de l'asthme ou si quelque chose peut survenir. Tu essaies de tout faireen ton pouvoir pour lui donner la meilleure santé possible.

«Un enfant, c'est fragile, poursuit-il. Et de voir ici des enfants vivre des épreuves, qui te font penser au fait que la vie est injuste... Ce sont des choses qu'on voit même en tant qu'adulte. [...] Mais quand ce sont des enfants, tu ne connais pas encore la vie. Tu n'as même pas su en profiter encore pleinement et tu es déjà touché par une terrible épreuve.»

À l'évidence, devant ces jeunes qui luttent littéralement pour leur vie, la difficile saison 2015 s'est retrouvée bien loin dans l'esprit des Moineaux.

«Présentement, ça ne va pas très bien. On vient d'encaisser deux revers de suite. Souvent, on trouve qu'on fait pitié et on se sent mal. Mais quand tu viens ici, tu te dis que finalement, on n'a pas à se plaindre», résume le receveur Samuel Giguère.

«Ce qui est unique aujourd'hui, c'est que nous sommes ceux qui deviennent plus forts après cette visite, car nous voyons ces enfants qui font face à une véritable adversité. Nous voyons ces familles qui, jour après jour, doivent faire des efforts pour travailler tout en prenant soin des leurs. Nous sortons d'ici motivés par ces jeunes», souligne pour sa part le secondeur Bear Woods.

Chaque enfant que les Alouettes ont visité gardera en souvenir de l'événement une photo et un mini-ballon autographié. Mais surtout, chacun se souviendra d'avoir eu à nouveau du plaisir pendant ces quelques instants, en dépit des circonstances.

«C'était bizarre, parce que je les avais déjà vus en train de jouer. Mais pas d'aussi près», lance en riant Laury Croteau, 15 ans, qui soigne un lymphome.

On lui souhaite d'assister à un autre match très bientôt.