La Ligue canadienne de football (LCF) a procédé à plusieurs modifications à ses règlements en vue de la présente saison. L'un des plus importants changements empêche les joueurs défensifs d'entrer en contact avec les receveurs à plus de cinq verges de la ligne d'engagement. Maintenant que la campagne est vieille de quelques semaines, comment cette nouvelle règle se fait-elle sentir?

À l'origine, ce changement au règlement, comme tous les autres adoptés avant le début de l'année, a été décrété pour favoriser le jeu offensif. D'un point de vue purement statistique, les chiffres semblent donner raison au circuit jusqu'ici.

Lundi, la Ligue rapportait que dans les matchs joués lors des quatre premières semaines de 2015, il s'est marqué une moyenne de 50,6 points par rencontre, comparativement à 45,5 au même moment l'an dernier. La moyenne de verges par la passe par match a aussi augmenté de 13 %, passant de 481 à 542.

Pour la même période, on recense 48 punitions - 32 pour contact illégal avec un receveur et 16 pour obstruction du receveur contre un joueur défensif - attribuables au changement de règlement. En comparaison, on comptait 12 punitions pour ces deux types d'infraction à pareille date en 2014. Ainsi, on a décerné 2,25 punitions de plus par match en moyenne depuis l'entrée en vigueur de cette nouvelle règle.

Au total, il s'est décerné une moyenne de 27,1 punitions par match après quatre semaines d'activités en 2015, une légère hausse par rapport à l'an dernier (24,3).

Équitable, selon Green

Les chiffres, c'est bien beau, mais qu'en disent ceux qui doivent composer directement avec ce règlement?

Le demi inséré S.J. Green, des Alouettes, affirme qu'il n'a pas eu à adapter son jeu de quelque façon que ce soit depuis. Il domine actuellement la LCF avec des gains de 341 verges en 20 réceptions, dont une pour un touché.

«Je crois qu'à l'intérieur de cinq verges, la règle est équitable, dit-il. Je crois aussi que c'est juste qu'un receveur ne puisse pousser [son couvreur] par la suite. Mais ce sera un processus, et ça prendra du temps aux arbitres pour s'acclimater, tout comme pour les joueurs.»

Green croit qu'à long terme, cette nouvelle réglementation peut avoir une influence durable sur le sport, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Il s'inquiète toutefois du fait que l'issue d'un match puisse être touchée en raison des punitions qu'elle génère.

«En bout de ligne, on peut en arriver à un point où on va simplement commencer à contester les décisions, souligne-t-il. À ce moment, vous vous en remettez à l'officiel pour changer le momentum d'un match à la suite d'un gros jeu. Je n'aime pas cette partie du règlement.»

Trop tolérants?

Parlant de punitions, de l'autre côté du ballon, le demi défensif Jerald Brown juge que les arbitres laissent encore trop souvent passer des infractions pour obstruction de la part d'un receveur.

«Ils ont dit qu'ils allaient signaler une punition d'obstruction contre les receveurs après cinq verges. Je ne suis pas certain du pourcentage de punitions signalées, mais ce que je sais, c'est que les receveurs continuent de nous pousser», a noté le vétéran des Als.

Brown a cependant tout de suite tenu à préciser qu'à l'instar de Green, cette modification au règlement ne changeait en rien son style de jeu, pas plus que celui de ses coéquipiers.

«Nous jouons en défense. Les receveurs attrapent le ballon et nous les frappons. Nous les empêchons d'attraper le ballon, peu importe que vous vouliez qu'on les touche avant ou après cinq verges. On s'en fout. Est-ce que les autres équipes ont marqué davantage de points contre nous?»

Pour répondre à sa question, les Alouettes ont alloué 69 points à leurs adversaires jusqu'ici, ce qui les place au troisième rang de la LCF derrière les Eskimos d'Edmonton (55) et les Tiger-Cats de Hamilton (67). Ceux-ci avaient cependant disputé un match de moins au moment d'écrire ces lignes. En 2014, les Als avaient accordé 113 points après quatre rencontres.

«Si vous avez une défense solide, vous allez bien jouer quoi qu'il arrive. Je ne vois pas vraiment de différence. Je vois des choses à propos desquelles je ne peux pas vraiment émettre de commentaires», conclut Brown.