La décision controversée de l'entraîneur-chef des Seahawks de Seattle Pete Carroll, qui a opté pour une passe plutôt qu'une course alors que son équipe se trouvait à la porte des buts à la toute fin du match du Super Bowl, dimanche, n'a pas fini de faire réagir. La Presse s'est entretenue hier avec quelques acteurs du milieu du football québécois pour savoir ce qu'ils ont pensé de ce jeu qui aura fini par coûter le championnat aux Hawks.

DANNY MACIOCIA, entraîneur-chef des Carabins de l'Université de Montréal

«J'étais un peu sous le choc. Rendu à la ligne de 1 verge, en situation de deuxième essai et avec l'un des meilleurs porteurs de ballon de la ligue, je pensais que la course était automatique. J'ai vécu des choses comme entraîneur, mais dans un match de championnat, c'est la première fois que je vois ça. Quand tu as cette ligne offensive et un porteur qui avait cumulé 102 verges jusque-là et qui avait en plus réussi une course de 4 verges lors du jeu précédent, j'aimerais penser que c'est un no-brainer. Je ne peux pas l'expliquer.»

JACQUES DUSSAULT, analyste des matchs des Alouettes au 98,5 FM

«C'est la pire décision que j'ai vue de ma vie! Il y a un principe de base quand tu es entraîneur: tu dois t'assurer de mettre le ballon dans les mains de ton meilleur joueur. Je n'en revenais pas. Il leur restait un temps d'arrêt, et ce n'est pas comme si Marshawn Lynch était facile à arrêter. Ça n'enlève rien au mérite de celui qui a réussi l'interception, mais c'est le Super Bowl, c'est le match ultime. Ce n'est pas le temps d'être cute

JUSTIN ÉTHIER, coordonnateur offensif du Rouge et Or de l'Université Laval

«C'est surtout surprenant étant donné que le jeu précédent était une belle course de quatre verges de Marshawn Lynch. On s'attendait vraiment à une course ensuite. D'un point de vue stratégique d'entraîneur, il y avait une logique derrière ça, puisque les Patriots allaient utiliser toutes leurs ressources pour arrêter Lynch. Il y a de grands risques lorsqu'on tente une passe à l'intérieur. Dans les circonstances, si j'avais eu Lynch, j'y serais allé pour une course! Mais autant on parle de cette décision, autant on ne parle pas assez du jeu incroyable du demi défensif [Malcolm Butler, des Patriots].»

TOM HIGGINS, entraîneur-chef des Alouettes

«Je regarde le Super Bowl pour la pure satisfaction que me procure le volet stratégique de la rencontre, et sur ce plan, c'était un grand match. En tant qu'entraîneur, vous n'avez jamais tort, mais vous pouvez toujours être remis en question. Je suis moi-même passé par là souvent. Il y avait une logique derrière ce jeu, car les Seahawks auraient eu deux autres chances de marquer le touché par la suite. Un seul jeu ne détermine pas l'issue d'un match. Il faut dire cependant que c'était tout un jeu de la part de [Malcolm Butler]. Mais mon fils, qui est un partisan des Seahawks, était dévasté.»

ANDRÉ BOLDUC, entraîneur adjoint à l'attaque des Alouettes

«C'est le pire scénario qui aurait pu se produire. Les explications de Carroll après le match n'étaient pas satisfaisantes, selon moi. Pourquoi avoir mis trois receveurs sur le terrain alors que tout le monde sait que nous sommes à la ligne de 1? Ce n'était pas le temps de surprendre l'adversaire avec un petit jeu. Je pense que le coordonnateur offensif aura beaucoup de difficulté à regagner la confiance de ces gars-là. Ce ne sera pas facile à oublier. Malgré tout, j'étais content, car j'avais prédit une victoire des Pats par trois!»