Les plus jeunes ne le savent peut-être pas, mais avant de goûter à l'ivresse de remporter des championnats avec les Trojans de USC et les Seahawks de Seattle, Pete Carroll était considéré comme un entraîneur médiocre. Il était même tourné en dérision par certains membres des médias lorsqu'il dirigeait les Jets de New York et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre dans les années 90.

Comme les choses ont changé depuis! Si ses Seahawks gagnent un deuxième Super Bowl consécutif, dimanche soir, Carroll sera plutôt considéré comme l'un des meilleurs entraîneurs de son époque.

Comment expliquer les succès de Carroll depuis ses passages mitigés avec les Jets et les Patriots? Selon l'entraîneur, c'est d'abord et avant tout parce que ces deux organisations lui ont laissé plus de pouvoir qu'il n'en avait notamment chez les Patriots de 1997 à 1999.

«C'est complètement différent. À USC, je pouvais prendre toutes les décisions qui concernaient le football et ça m'a permis d'être à mon mieux. C'est une situation similaire avec les Seahawks et ça fait une grande différence. Les gens de football devraient pouvoir prendre les décisions qui concernent le football. C'est certainement cette formule qui me convient le mieux», a dit Carroll en conférence de presse hier, à Phoenix.

Même s'il a évité d'écorcher le propriétaire des Patriots, Robert Kraft, Carroll a laissé entendre qu'il n'avait pas les coudées franches durant ses trois saisons en Nouvelle-Angleterre. Carroll a finalement été remplacé par Bill Belichick.

«Notre relation était ouverte et je pouvais lui dire ce que je pensais. Il était un nouveau propriétaire à cette époque et j'essayais de lui apprendre certaines choses au sujet de la ligue. Lorsqu'il songeait à embaucher Bill [Belichick], je lui ai dit que c'était une très bonne idée, à condition qu'il le laisse faire son travail. Bill a ses propres idées et il a besoin de liberté et de pouvoir afin d'exceller.»

Lorsque les Patriots ont éliminé les Colts d'Indianapolis en finale de la conférence Américaine, le 18 janvier, Carroll a téléphoné à son ancien patron afin de le féliciter. Les deux hommes ont conservé une bonne relation, même si Kraft a congédié Carroll.

«Ce n'était pas le grand amour et très plaisant entre nous deux dans les premières semaines [qui ont suivi son congédiement], mais Robert a toujours été très généreux au fil des ans. J'essaye donc de lui rendre la pareille.»

Une dynastie en devenir?



Dès la première conquête des Seahawks, l'année dernière, plusieurs personnes dans les médias ont commencé à parler de «dynastie». Jeunes, talentueux et hyper motivés, les Seahawks possédaient les principales qualités des équipes qui réussissent à remporter plusieurs championnats. En obtenant leur place en finale pour une deuxième année de suite, ils ont jusqu'à présent donné raison à ceux qui leur prédisaient de grandes choses.

«L'avenir nous le dira. On a une belle occasion devant nous, mais je ne crois pas que ce soit le bon moment de parler de dynastie. Les Patriots sont une dynastie. Ils s'apprêtent à jouer dans leur sixième Super Bowl [en 14 ans] et je ne sais plus combien de championnats de division ils ont remportés. C'est ridicule le succès qu'ils ont obtenu», a répondu Carroll lorsqu'il a été interrogé sur les chances de son équipe de devenir la prochaine grande dynastie de la NFL.

Carroll estime toutefois qu'il est un peu plus facile de gagner un deuxième championnat qu'un premier. «C'est très difficile à accomplir la première fois, mais lorsqu'on y parvient, on pave la voie pour la fois suivante. On fait face aux mêmes situations et aux mêmes distractions», a-t-il expliqué.



Dans le vestiaire

Kraft critique la ligue et les médias.

Avant que Bill Belichick monte sur le podium afin de donner sa conférence de presse, hier soir à Phoenix, Robert Kraft, le propriétaire des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, s'est adressé aux médias. Kraft s'est porté à la défense de l'entraîneur-chef Belichick et du quart-arrière Tom Brady. «Ils ne m'ont jamais menti par le passé, alors je crois tout ce qu'ils m'ont dit.» Le proprio a profité de l'occasion pour critiquer les médias et la ligue. «Je n'ai vraiment pas aimé la façon dont ce dossier a été mené [par la ligue] et couvert par les médias Si l'enquête ne démontre pas hors de tout doute qu'on a altéré nos ballons, je m'attends à ce que notre organisation reçoive des excuses de la part de la ligue, en particulier Bill Belichick et Tom Brady pour tout ce qu'ils ont eu à endurer au cours de la dernière semaine.» Fox Sports a rapporté hier que la NFL aurait des informations qui impliqueraient un préposé à l'équipement des Patriots dans le scandale communément appelé «Deflategate». Par ailleurs, Ted Wells, l'enquêteur qui a été embauché par la NFL la semaine dernière, a indiqué que l'enquête de la NFL durerait encore au moins quelques semaines.

Belichick: «Un honneur d'affronter les Seahawks»

Après l'allocution de Robert Kraft, Bill Belichick n'a pas voulu répondre aux questions concernant la controverse des ballons dégonflés. «J'ai déjà donné deux conférences de presse à ce sujet et je veux maintenant seulement parler des Seahawks et du match de dimanche», a-t-il dit à plusieurs reprises. Belichick a louangé ses adversaires de dimanche pendant de longues minutes au début de sa conférence de presse. «C'est un grand honneur d'affronter les Seahawks. Ils sont excellents dans les trois aspects du jeu et ce sera un énorme défi de pouvoir leur livrer une bonne bataille.»

Le départ de Harvin, un bienfait

Les Seahawks de Seattle ont surpris bien des gens en échangeant Percy Harvin au milieu de la saison. Parce qu'ils avaient sacrifié un premier choix afin de l'obtenir un peu plus d'un an plus tôt, mais surtout parce que leur groupe de receveurs était déjà ordinaire avec lui... «Ce n'était pas une décision populaire, mais on sentait qu'on n'avait pas le choix de la prendre. Les choses ont bien fonctionné pour nous jusqu'à présent et j'espère qu'elles fonctionneront bien pour Percy à l'avenir», a expliqué l'entraîneur-chef Pete Carroll, hier. Selon Doug Baldwin, le meilleur ailier espacé des Seahawks, le départ de Harvin a eu un effet bénéfique sur les autres receveurs de l'équipe. «Les gens ne cessent de répéter qu'on n'a plus Golden [Tate] et Percy [Harvin]. On utilise ça comme motivation.»