Ce sont bien plus que deux formations de football universitaire qui vont s'affronter aujourd'hui au stade Telus de Québec en finale de la Coupe Dunsmore. La rivalité entre le Rouge et Or de l'Université Laval et les Carabins de l'Université de Montréal - entre les «Rouges» et les «Bleus» - a ravivé la «guerre amicale» entre les deux pôles de la province.

«On a rarement vu autant d'attention autour d'un de nos matchs, a raconté l'entraîneur-chef Glen Constantin, hier, en point de presse. Il y a beaucoup de médias et on sent que les gens s'intéressent vraiment au match, ici [à Québec] bien sûr, mais aussi à Montréal et ailleurs dans la province. Ça nous ramène un peu au temps de la rivalité Nordiques-Canadien!»

Ce sont effectivement deux équipes emblématiques de leur ville qui s'affrontent. À Québec, le Rouge et Or, c'est la «grosse» affaire. Le soutien inconditionnel de l'Université, l'implication très active de l'homme d'affaires Jacques Tanguay, la présence de Constantin et d'un groupe d'entraîneurs hors pair ainsi que l'appui fanatique d'un public sevré de sports après le départ des Nordiques ont permis au programme de football de devenir la référence au Canada.

Avec huit titres nationaux (Coupe Vanier), 11 victoires consécutives en finale de la Coupe Dunsmore, 70 victoires consécutives à Québec sur son terrain, le Rouge et Or est une véritable locomotive pour le football québécois, quitte à écraser parfois (souvent...) les autres formations du RSEQ.

«Il faut donner crédit au Rouge et Or pour le développement du football dans la province, a rappelé hier Danny Maciocia, entraîneur-chef des Carabins. C'est beaucoup grâce à Glen [Constantin] et à Jacques Tanguay si nous avons autant de postes d'entraîneurs aujourd'hui dans les universités québécoises. Et c'est aussi grâce à eux et à l'exemple qu'ils ont donné si la conférence québécoise est aujourd'hui la plus forte au Canada.»

Les Carabins n'ont d'ailleurs pas hésité à imiter le modèle du Rouge et Or, la direction des sports de l'université comprenant rapidement l'importance d'un programme de football solide. Ressuscités en 2002, les Carabins ont vite été compétitifs et l'arrivée en 2010 de Maciocia, un entraîneur formé dans la LCF, a amené la mise en place d'un encadrement encore plus rigoureux.

La saison dernière, les Carabins sont venus à quatre points de battre le Rouge et Or en finale de la Coupe Dunsmore. «C'est leur meilleure formation parmi toutes celles que nous avons affrontées au cours des années, aussi bien en termes de talent qu'au niveau de la préparation et de la discipline», a d'ailleurs estimé Constantin hier, bien conscient de la tâche qui attend son équipe aujourd'hui.

Pas si différents...



Même si la rivalité est vive entre les deux équipes, on devine en parlant aux joueurs qu'elles ne sont guère différentes l'une de l'autre. En fait, ce sont deux «familles» qui s'affrontent.

«Avec les Carabins, nous sommes vraiment très près les uns des autres, soulignait hier Byron Archambault, le joueur défensif de l'année au Québec. À part les cours, nous passons pratiquement tout notre temps ensemble, presque 12 mois pas année.

«Plus jeune, j'ai pensé aller jouer dans une université américaine, a raconté celui qui est originaire du quartier LaSalle à Montréal. Puis j'ai compris que j'avais la chance de trouver tout ce que je cherchais juste à côté de chez moi, quand Danny [Maciocia] m'a expliqué que les Carabins étaient sa deuxième famille et qu'ils pouvaient aussi être la mienne.»

Le meneur défensif des Bleus pourrait passer chez les pros la saison prochaine et on sent qu'il apprécie doublement cette fin de saison sous les projecteurs. C'est un peu la même chose pour Vincent Desloges, le meilleur joueur de ligne du RSEQ, qui a décidé de jouer une cinquième saison avec le Rouge et Or, même s'il avait été repêché par l'équipe d'Ottawa dans la LCF.

«Je pensais que j'avais encore des choses à apprendre à Laval, que je pouvais encore progresser comme joueur et comme individu avec une dernière saison dans les rangs universitaires», a expliqué Desloges hier.

«C'est une grande fierté de pouvoir faire partie d'une telle tradition. J'ai eu la chance d'être conseillé par de grands joueurs quand j'ai joint le Rouge et Or, il y a cinq ans, et c'est à mon tour aujourd'hui d'aider les jeunes. Je ne suis pas celui qui parle le plus et ça m'arrange de laisser parler les autres. Mais quand j'ai un message à passer, les autres m'écoutent habituellement...»

Archambault et Desloges seront au coeur de la guerre de tranchées qui opposera les fronts offensifs et défensifs des deux équipes aujourd'hui. Les Bleus et les Rouges, Montréal et Québec, ne pourraient mettre leur sort en de meilleures mains.



AUJOURD'HUI

> Finale de la Coupe Dunsmore (RSEQ): Montréal à Laval, Stade Telus (PEPS), 13h

> Finale de la Coupe Yates (Ontario): Guelph à McMaster, 16h

> Finale de la Coupe Hardy (Canada-Ouest): Manitoba à Calgary

> Dans les Maritimes, Mount Allison a remporté le titre la semaine dernière

SAMEDI PROCHAIN

> Champions de l'Ouest c. Champions du RSEQ, 12h30

> Mount Allison c. Champions de l'Ontario, 16h

HUGO RICHARD, JOUEUR DE L'ANNÉE

Hugo Richard, le quart-arrière de première année du Rouge et Or de l'Université Laval, a été nommé hier joueur de l'année de la conférence québécoise de football universitaire et sera le candidat du RSEQ pour le trophée Hec Crighton remis chaque saison au joueur par excellence au Canada.

Les autres gagnants du RSEQ dévoilés hier sont le secondeur Byron Archambault de Montréal (meilleur joueur défensif), l'ailier défensif Vincent Desloges de Laval (meilleur joueur de ligne), le bloqueur Alexandre Laganière de Montréal (leadership et engagement social) et le pilote Mickey Donovan de Concordia (entraîneur de l'année). Boris Bede de Laval (unités spéciales), Régis Cibasu de Montréal et Chris Amoah de Laval (recrues offensives, à égalité) et Karl Forgues de McGill (recrue défensive) ont aussi été honorés.