Autant son élévation au grade de quasi-messie aura été rapide, autant la chute de Troy Smith, congédié jeudi par les Alouettes, aura été brutale.

Avant le début de la saison, il avait été présenté aux partisans comme le quart-arrière d'avenir du club. Il était devenu le visage de l'organisation. Mardi, il était encore tout sourire en posant pour la photo d'équipe annuelle.

Soudain, tout cela s'est évaporé. Après avoir fait croire à bien du monde que les Moineaux avaient trouvé un digne successeur à Anthony Calvillo, après avoir montré de belles promesses à la fin de la saison dernière, Smith se retrouve maintenant en chômage.

Luc Brodeur-Jourdain confiait avoir appris la nouvelle seulement quelques minutes avant l'entraînement de jeudi. «Ça n'a pas été discuté dans notre réunion (de jeudi) matin. C'est quelque chose qui a été une surprise pour moi. Son chandail était encore dans son casier», a raconté le centre.

Le fait que les Alouettes aient libéré Smith au lendemain de la date limite des transactions dans la LCF n'a toutefois rien d'un hasard. De cette manière, aucune autre équipe ne pourra l'embaucher pour le reste de la saison.

Examen de conscience nécessaire

Son incapacité à générer quoi que ce soit en attaque fut l'une des principales causes du début de saison désastreux des Als. En six départs, Smith n'en a gagné qu'un seul. Durant cette période, il a récolté seulement 989 verges et complété 47,7% de ses passes. Il a réussi 4 passes de touché et été victime du même nombre d'interceptions.

L'équipe l'a ensuite placé sur la liste des blessés pour six matchs, mais on peut supposer sans grand risque de se tromper qu'il s'agissait d'un prétexte pour le tenir à l'écart de l'alignement. Déjà, on pouvait sentir que c'était le début de la fin.

Smith devra se regarder dans le miroir pour comprendre ce qui lui arrive. Certaines de ses décisions sur le terrain et son refus de courir avec le ballon, en dépit de qualités athlétiques évidentes, ont souvent fait rager ses entraîneurs.

«Cette année, il avait clairement des difficultés pour réussir ne serait-ce que 50% de ses passes, construire des poussées offensives, obtenir les premiers essais et utiliser ses jambes. Il a gagné le trophée Heisman et récolté beaucoup de verges par la course à l'université. Et pourtant, nous n'avons jamais vu ça de la saison», a déploré l'entraîneur des quarts, Jeff Garcia.

Il n'y a pas que sur le terrain que Smith a déçu ses patrons. Le coordonnateur offensif, Ryan Dinwiddie, a déjà critiqué son éthique de travail et son manque de préparation avant les matchs par le passé. Et il a réitéré ses doléances, jeudi.

«Vous voulez (que le quart partant) soit celui qui travaille le plus fort dans l'équipe. Quand vous n'avez pas cela, ça vous embête en tant qu'entraîneur et surtout en tant que responsable qui décide des jeux», a-t-il laissé tomber.

Comme marque de reconnaissance, disons qu'on a déjà vu mieux.

Pas le seul à blâmer

Cela dit, il serait injuste de faire porter tout le blâme à Smith. Le chaos qui régnait au sein de l'équipe des entraîneurs de l'attaque après le congédiement de Rick Worman en plein camp d'entraînement a eu des conséquences manifestes au sein de toute l'unité offensive.

Ce n'est que lorsque les Alouettes ont engagé Turk Schonert et Garcia, tout en nommant officiellement Dinwiddie au poste de coordonnateur offensif, que les choses ont commencé à se replacer.

Les joueurs sont d'ailleurs les premiers à reconnaître que l'embauche de Garcia a eu un impact déterminant sur leur renaissance offensive. On n'a qu'à regarder l'émergence de Jonathan Crompton pour le constater.

Smith n'a presque jamais pu bénéficier des enseignements de Garcia. Qui sait ce qui serait arrivé s'il avait eu plus de temps pour travailler avec lui?

Le congédiement de Smith confirme donc que les Alouettes placent désormais tous leurs espoirs en Crompton. On ignore si ce dernier connaîtra du succès à plus long terme, et ses statistiques ne sont pas les plus étincelantes, sauf qu'il réussit là où Smith a échoué: il fait gagner son équipe.

Et pour finir, c'est tout ce qui compte.