Nommé entraîneur-chef par intérim des Raiders d'Oakland en début de semaine, Tony Sparano en a fait sourciller plus d'un lors de sa conférence de presse de mardi. «Je suis très excité par la direction de notre équipe et par ce qu'on essaie d'accomplir», a lancé Sparano.

Sceptiques? Vous avez parfaitement le droit de l'être. La défense des Raiders est essentiellement construite autour de joueurs qui auront probablement pris leur retraite dans deux ans. Le joueur le plus dangereux de leur attaque est James Jones, qui n'a jamais été plus qu'un troisième receveur chez les Packers de Green Bay.

Surtout, la dernière saison gagnante du club date de 2002. Les Raiders n'ont pas gagné plus de cinq matchs dans neuf de leurs onze dernières saisons. Ça fait dur.

Dennis Allen a officiellement été congédié, lundi soir, après avoir compilé une fiche de 8-28 en un peu plus de deux saisons. Avant de remplacer Allen, Sparano était son adjoint et l'entraîneur de la ligne offensive. Un ancien protégé de Bill Parcells, Sparano a notamment été l'entraîneur-chef des Dolphins de Miami de 2008 à 2011.

À moins que les Raiders commencent à gagner, ce qui est improbable puisqu'ils n'ont tout simplement pas les chevaux pour le faire, il y a fort à parier que Sparano ne sera qu'une solution temporaire. La définition même de ce qu'est un entraîneur par intérim.

Sparano constatera ce que Bill Callahan, Norv Turner, Art Shell, Lane Kiffin, Tom Cable, Hue Jackson et Allen ont tous constaté avant lui: le succès d'un entraîneur-chef dépend beaucoup de la qualité de la formation qu'il dirige. Celle des Raiders demeure l'une des moins talentueuses de la NFL, ce qui dépasse tout entendement compte tenu de tous les hauts choix dont ils ont pu bénéficier depuis 10 ans.

Des décisions douteuses

Le DG des Raiders, Reggie McKenzie, lui, ne serait pas menacé de perdre son poste, ce qui est assez curieux. C'est du moins ce qu'a rapporté Ian Rapoport, du NFL Network. Le propriétaire de l'équipe, Mark Davis, a même dit au San Francisco Chronicle qu'il n'avait jamais songé à la possibilité de congédier McKenzie.

La grande question qu'il faut se poser, c'est: comment les Raiders ont-ils pu croire que c'était une bonne idée d'embaucher une collection de joueurs sur leur déclin lors de la saison morte? Davis, McKenzie et Allen étaient-ils tous d'accord avec ce plan de match?

Sans que personne à l'extérieur de l'organisation ne sache trop pourquoi, les Raiders étaient très enthousiastes d'obtenir le quart-arrière Matt Schaub. Or, il serait étonnant que Schaub déloge la recrue Derek Carr lorsqu'il pourra enfin jouer.

Maurice Jones-Drew a gagné 12 verges en 11 courses avant de se blesser encore. Les Giants de New York n'ont fait à peu près aucun effort pour garder Justin Tuck, même s'il a été l'un des grands leaders de leurs équipes championnes de 2007 et 2011. Tuck a réussi un sac jusqu'à présent, ce qui est tout de même mieux que LaMarr Woodley qui, lui, n'a récolté qu'un plaqué à ses quatre premiers matchs.

Les Raiders auraient pu commettre une autre gaffe majeure sur le marché des joueurs autonomes en mars. Ils ont accordé un contrat démesuré de 42,5 millions pour 5 saisons au joueur de ligne offensive Rodger Saffold, mais se sont manifestement ravisés après avoir été ridiculisés par à peu près tout le monde. Les Raiders ont soutenu que Saffold avait échoué à son examen physique et ont ainsi pu résilier le contrat. Le garde a ensuite accepté un contrat de 5 saisons pour 31,7 millions avec les Rams de St. Louis...

Normalement, c'est le directeur général d'une équipe qui a le dernier mot quant à la composition de l'équipe sur le terrain. Si c'est le cas, il est assez difficile de croire que l'emploi de McKenzie n'est pas en jeu.

Le retour de «Chucky»?

Dès qu'Allen a été remercié, les spéculations sur un éventuel retour de Jon Gruden à la barre du Silver and Black ont commencé. L'analyste du Monday Night Football a dit qu'il se concentrait sur son travail actuel, mais Davis n'a rien fait pour calmer les rumeurs.

«Il [Gruden] va peut-être me contacter, je vais peut-être le contacter», a dit le fils du regretté Al Davis, qui avait échangé Gruden aux Buccaneers de Tampa Bay en 2002. On se souviendra que celui que l'on surnommait jadis «Chucky» et les Bucs avaient écrasé les Raiders au Super Bowl quelques mois plus tard.

Parce que les Raiders auront approximativement 60 millions à dépenser sous le plafond salarial, l'hiver prochain, Davis estime que le poste d'entraîneur-chef des Raiders sera très convoité si Sparano ne le conserve pas. C'est une façon de voir les choses.

Selon Albert Greer, du NFL Network, Gruden devrait d'abord être certain que les Raiders possèdent un quart-arrière de concession avant d'accepter une offre de leur part. Carr est peut-être cet homme, mais il est encore trop tôt pour en être convaincu.

Ce qui est certain, c'est que les Raiders ont cruellement besoin d'un entraîneur-chef avec de l'expérience, de la prestance et une feuille de route bien garnie pour les aider à sortir de leur marasme. Gruden a ce profil. Et de le revoir arpenter les lignes de côté des Raiders serait du bonbon pour tous les amateurs de football.