Le patron de la NFL Roger Goodell a reconnu vendredi qu'il n'avait jusque là pas trouvé les bonnes réponses aux affaires de violences conjugales impliquant plusieurs joueurs de la Ligue de football américain (NFL).

Après deux semaines de silence, le commissionnaire de la NFL a d'abord fait, lors d'une conférence de presse de 45 minutes, son mea culpa.

«Nous allons remettre de l'ordre dans notre maison», a-t-il martelé, le visage fermé.

«Lors des dernières semaines, la NFL a fait trop d'erreurs et cela commence par moi (...) Je n'ai pas bien géré l'affaire Ray Rice. J'en suis désolé, j'ai fait des erreurs à de nombreux niveaux et dans la décision qui a été prise. Mais maintenant, je vais prendre les bonnes décisions», a promis M. Goodell qui traverse la crise la plus grave depuis sa nomination en 1996.

Quatre joueurs de la NFL, le championnat professionnel le plus populaire et prospère aux États-Unis, ont eu à faire à la justice ces dernières semaines après avoir frappé leur épouse ou compagne, ou dans un autre cas fouetté son fils avec une branche.

Tolérance zéro

L'affaire la plus médiatisée concerne Ray Rice, un joueur des Ravens de Baltimore qui avait frappé au visage sa compagne en février dans un casino d'Atlantic City (New Jersey).

La NFL lui avait infligé, en juillet, une suspension minime de deux matches, mais la diffusion début septembre d'images de vidéo-surveillance ont montré la violence de l'agression et le comportement de Rice qui avait laissé inanimée sa fiancée, devenue depuis son épouse.

Rice a depuis été limogé par les Ravens de Baltimore et suspendu jusqu'à nouvel ordre par la NFL.

Goodell a par ailleurs annoncé que tous les employés de la NFL et des franchises NFL allaient suivre un programme de sensibilisation à la question des violences conjugales.

Il a répété que la NFL avait adopté une politique de «tolérance zéro» pour les joueurs coupables de violences conjugales avec une suspension de six matches, portée à une suspension jusqu'à nouvel ordre en cas de récidive.

Le grand patron de la NFL qui a assuré n'avoir  «jamais songé à démissionner», a également annoncé la création d'un comité pour surveiller les comportements des joueurs, souvent millionnaires et prompts à des excès en tout genre, comme la détention d'armes ou la conduite en état d'ivresse.

Un milliard de dollars en commandite

«Il n'y a pas de raisons qu'il n'y ait pas la même transparence pour ces questions que pour les questions concernant le jeu et le terrain», a-t-il reconnu.

La NFL a recruté des experts, comme un ancien directeur du FBI placé à la tête d'une enquête interne sur les dysfonctionnements de la NFL, ou encore une ancienne responsable d'une unité de police de New York spécialisée dans les crimes sexuels.

«Nous n'avions pas les bonnes personnes lorsque nous avons décidé de suspendre Ray Rice pour deux matches», a-t-il reconnu, en référence notamment à l'absence jusque-là de femmes dans l'organigramme de la NFL.

Le grand patron de la NFL est loin d'avoir convaincu ses nombreux critiques: le président de l'association de protection des victimes de violences domestiques Now, Terry O'Neill, l'a exhorté à démissionner: «Il n'a rien dit et fait qui permet de croire en ses capacités à gérer cette crise.»

Alors que plusieurs partenaires commerciaux de la NFL, dont le géant de la bière Anheuser-Busch et PepsiCo ont fait part de leur mécontentement à propos des dommages en termes d'image de ces affaires, Goodell a assuré qu'il avait le soutien des 32 propriétaires d'équipes.

«Ils me soutiennent, c'est clair, mais ils attendent de nous qu'on fasse du meilleur boulot», a-t-il insisté.

Goodell a fait beaucoup pour assurer la prospérité de la NFL qui a par exemple encaissé en 2013 un milliard de dollars, rien qu'en recettes de commandite.

Il joue gros, personnellement et pour son sport: «Nous avons déçu beaucoup de monde, à nous maintenant de réagir», a-t-il conclu.

Mais à peine avait-il terminé sa conférence qu'une nouvelle polémique éclatait.

Selon plusieurs médias américains, dont la chaîne de télévision ESPN, les dirigeants des  Ravens de Baltimore, en particulier le propriétaire Steve Bisciotti et le président Dick Cass, connaissaient depuis le début, et avant même la diffusion des images de vidéo-surveillance, la gravité des actes commis par Rice.

Ils ont tenté de le protéger en faisant jouer leurs relations au sein de la police locale et de la NFL.

Ravens: les partisans échangent le chandail de Rice

Des milliers de partisans des Ravens ont fait la file au M&T Bank Stadium pour échanger leur chandail de Ray Rice pour celui d'un autre joueur, vendredi.

Certains ont attendu pendant une heure avant de pouvoir procéder au troc.

Les amateurs pourront aussi échanger le chandail en question samedi, au même endroit.

Bryce Krasauskis de Frederick, en banlieue de Baltimore, est reparti avec un chandail du secondeur Elvis Dumervil.

«Je ne voulais plus avoir le chandail de Ray Rice dans mon garde-robe, a dit l'adolescent de 14 ans. Je trouvais que ça me donnerait une mauvaise image si je continuais de le porter.»

Ceux de Joe Flacco, Terrell Suggs et Dennis Pitta étaient aussi parmi ceux offerts par les Ravens. Les stocks étant devenus limités en fin de journée, les partisans qui n'ont pas eu le gilet souhaité ont reçu des bons différés et la consigne de revenir le 25 octobre.

Le club a récemment libéré le demi-offensif Rice, après la diffusion du vidéo où on le voit frapper violemment celle qui était alors sa fiancée, en février. La NFL a suspendu l'athlète de 27 ans pour une période indéfinie.

- Associated Press