Les Alouettes étaient au beau milieu d'une réunion d'équipe, vendredi, lorsque Tom Higgins a reçu un message. Le père de Jonathan Crompton venait de téléphoner. L'ex-conjointe du quart-arrière avait succombé à un cancer des ovaires quelques instants plus tôt. L'entraîneur-chef a aussitôt sorti son joueur de la rencontre afin de lui annoncer la triste nouvelle.

«Ce qui est bien - s'il y a quoi que ce soit de bien là-dedans -, c'est que j'ai pu le lui annoncer personnellement. Son père a appelé au bureau, et ils sont venus nous voir pour m'informer. Je l'ai sorti de la réunion et il a pu l'apprendre personnellement. Sinon, il l'aurait su en regardant son téléphone. Il a pu appeler son père tout de suite, et ce dernier est venu le rejoindre», a raconté Higgins, encore visiblement remué.

À l'évidence, l'annonce de ce drame a bouleversé Crompton. Pendant un moment, il s'est demandé s'il devait rentrer à la maison ou sauter sur le terrain du stade Percival-Molson, comme prévu, afin de disputer le match contre les Tiger-Cats de Hamilton, deux jours plus tard.

«Nous en avons parlé, a indiqué Higgins. La seule chose que je lui ai demandée, c'est de s'assurer qu'il n'aurait pas de regrets.»

Un parallèle avec Calvillo

Comme on le sait, Crompton a finalement choisi d'affronter les Tiger-Cats. Après une première demie difficile, le numéro 18 est apparu revigoré pour la deuxième, avant d'aider les siens à récolter la victoire.

La résilience et la force de caractère dont il a fait preuve au cours de ce duel de la plus haute importance pour les Als, compte tenu du classement dans la division Est, lui ont valu de l'admiration et un grand respect de la part de ses coéquipiers.

«Ça démontre l'attitude que nous avons en tant qu'équipe, de pouvoir se relever et soutenir nos coéquipiers, peu importe ce qui se passe dans leur vie à l'extérieur du football. Sur le plan individuel, la performance de Crompton était extraordinaire. On est extrêmement contents qu'il porte le même chandail que nous», a fait valoir le maraudeur Marc-Olivier Brouillette.

Le centre Luc Brodeur-Jourdain, de son côté, dresse un parallèle avec l'ancien quart des Alouettes, Anthony Calvillo. Quelques mois avant de remporter le match de la Coupe Grey en 2010, il a appris qu'il devait subir l'ablation de la glande thyroïde, touchée par des lésions qui se sont plus tard avérées cancéreuses.

«C'est extrêmement difficile à faire. Tu veux jouer, évidemment. Tu veux faire gagner ton équipe et donner le meilleur de toi-même, mais dès que tu enlèves les épaulettes et le casque, les pensées sont là. Elles seront là même durant le match.

«Crompton a démontré une belle force de caractère, avec une envie de gagner et de donner le meilleur de lui-même, a poursuivi Brodeur-Jourdain. Mais ça ne doit pas être évident. Je n'ai jamais été mis dans cette situation et je crois que ce doit être très, très difficile.»

Rencontré au terme de l'entraînement d'hier, Crompton a poliment refusé d'aborder le sujet.

Bonne nouvelle pour Brouillette

Dans un autre ordre d'idées, les nouvelles sont bonnes en ce qui concerne Brouillette, blessé à un bras lors du match contre Hamilton, dimanche. Des radiographies ont révélé qu'il n'avait subi aucune fracture.

«J'ai reçu un coup sur une ancienne blessure. On pensait que c'était la même chose qui s'était produite. Finalement, tout est correct», a résumé le numéro 10.

Le receveur Éric Deslauriers (genou) s'est entraîné avec ses coéquipiers, hier. La séance, plus légère qu'à l'habitude, s'est toutefois déroulée sans casque ni épaulettes. On devrait savoir aujourd'hui s'il pourra affronter les Eskimos.