«Ça fait du bien», a lancé Luc Brodeur-Jourdain dans les instants qui ont suivi la victoire des Alouettes contre le Rouge et Noir d'Ottawa, vendredi dernier. Si la phrase tenait de l'euphémisme, il reste qu'elle reflète à la perfection l'état d'esprit actuel dans l'équipe.

Ce n'était peut-être pas le plus élégant de leur histoire, mais ce gain des Moineaux leur aura néanmoins permis de conclure la première moitié de saison sur une note heureuse. Bon, vous direz qu'ils présentent quand même une fiche de 2-7. Mais pour eux, les conséquences de cette victoire vont bien au-delà des deux points au classement.

«C'était très gros. Ça nous donne une impulsion pour la semaine suivante, ce que nous n'avions pas eu depuis notre deuxième semaine. Ça nous permet de bâtir sur quelque chose pour la suite», s'est réjoui le demi inséré S.J. Green, hier, après la séance d'entraînement.

À l'évidence, ce triomphe contre Ottawa a insufflé un fort vent d'optimisme chez les Als. Ça ne leur fera pas oublier pour autant les neuf premiers matchs, mais ils pourront au moins entrevoir la deuxième portion du calendrier de manière beaucoup plus positive.

«Ça faisait quelques semaines que nous y étions presque, a observé le maraudeur Marc-Olivier Brouillette. Finalement, je pense qu'on s'est rendus au sommet de la montagne cette fois, et je crois qu'on y est pour y rester.»

Crompton rassurant

Autre raison pour les Alouettes de renouer avec l'optimisme: le jeu rassurant du quart-arrière Jonathan Crompton.

À l'instar du reste de son équipe, il n'a certes pas disputé un match parfait. Il a toutefois réussi là où Troy Smith et Alex Brink ont échoué avant lui en faisant gagner son club et, surtout, en redonnant vie à une attaque anémique.

Toujours aussi humble, Crompton refuse de s'attribuer le crédit pour la victoire et de s'emballer avec ses succès. «Notre façon de penser ne change pas. Nous gardons une mémoire à court terme. Cette victoire est dans le passé et on ne peut plus rien y faire», a-t-il souligné.

Le numéro 18 s'est toutefois dit heureux d'avoir remporté son premier départ dans la LCF devant des membres de sa famille, qui habitent à Montréal. «Ils étaient très excités. Ils n'avaient jamais eu l'occasion de me voir jouer», a-t-il confié.

On sent d'ailleurs que Crompton est en train de mettre en place une belle chimie avec ses receveurs, à commencer par Duron Carter et S.J. Green. Ce dernier ne s'en plaindra certainement pas, alors qu'il éprouvait toutes les misères du monde à saisir le ballon en début d'année.

«On est en train de construire quelque chose. Nous en sommes à la mi-saison, et je ne parvenais pas à toucher au ballon aussi souvent que je le souhaitais jusqu'ici. C'est bien de pouvoir enfin mettre mes mains sur quelques passes au cours d'un match», a indiqué Green.

Higgins: «Il a gagné du temps»

Avant le duel contre le Rouge et Noir, l'entraîneur-chef Tom Higgins avait signalé qu'il ne faudrait pas s'étonner de voir Brink sauter sur le terrain, en dépit de la performance honorable de Crompton à Winnipeg la semaine précédente. Mais à la lumière de ce qu'on a vu contre Ottawa, le pilote a dû concéder que Crompton a «gagné du temps».

«Je crois qu'en ce moment, nous sommes très contents de pouvoir permettre au quart de commencer et de terminer un match. Il pourrait y avoir une occasion pour qu'il (Brink) apporte quelque chose d'autre à la rencontre, tout comme James Rodgers l'a fait (sur les retours de botté). Mais en ce moment, ce n'est pas nécessairement dans les plans», a-t-il fait savoir.

Malgré ces signes encourageants, on se gardera quand même de mettre la charrue devant les boeufs et de s'emporter trop rapidement. Plusieurs obstacles se dressent toujours sur la route des Alouettes d'ici la fin de la saison.

À commencer par les Tiger-Cats de Hamilton, qui seront de passage en ville dimanche après-midi, ragaillardis par le retour au jeu de leur quart Zach Collaros.