Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les choses ne tournent pas rond chez les Alouettes. Sur le terrain, mais également à l'extérieur. Et ce n'est certainement pas l'arrivée de Don Matthews et de Turk Schonert dans le nid qui changera cette perception.

Si l'entraîneur-chef Tom Higgins n'a jamais été l'homme de confiance de Jim Popp, Don Matthews, lui, a toujours été un très bon ami du DG. Les deux hommes ont remporté la Coupe Grey ensemble à Baltimore (1995) et à Montréal (2002). C'est d'ailleurs la deuxième année de suite que Matthews, 75 ans, agira comme consultant auprès des Als.

Schonert a été un quart-arrière réserviste dans la NFL dans les années 80. Il a également été un entraîneur des quarts et un coordonnateur offensif dans la NFL, et un entraîneur-chef dans la défunte UFL. Autre menu détail, il était l'un des candidats pressentis pour le poste d'entraîneur-chef des Alouettes avant que ceux-ci choisissent Dan Hawkins il y a un an et demi...

«Je ne me sens menacé ni par Don ni par Turk. Je ne vis pas dans la peur. J'aime beaucoup trop la vie pour ça», a soutenu Higgins, hier.

Le pilote des Oiseaux n'est toutefois pas dupe. Il sait très bien que son avenir à moyen terme avec l'équipe est tout sauf assuré. Les Als ont congédié le coordonnateur offensif (Rick Worman) qu'il avait lui-même embauché; Popp a récemment signé une prolongation de trois saisons et a fait plusieurs gestes afin de s'entourer de «son monde» au cours des dernières semaines; et surtout, l'équipe connaît un mauvais début de saison.

«Je n'ai aucune idée de grandeur et je ne me fais pas d'illusions en pensant que je serai ici pour 10 ans. Ça vient avec l'emploi et ça fait partie du sport professionnel. On vit dans le moment présent et il faut gagner», a commenté Higgins.

Un historique avec Matthews

Higgins a mentionné que Matthews était un ami de la maison chez les Alouettes, qu'il avait «aidé à construire cette organisation». C'est toutefois à Edmonton que les deux hommes se sont connus.

Higgins était le DG des Eskimos lorsque Matthews a été congédié en 2000, et c'est lui qui l'a remplacé sur les lignes de côté. Après que Matthews s'est joint aux Alouettes, les deux entraîneurs ont croisé le fer aux matchs de la Coupe Grey de 2002 et 2003, remportant une victoire chacun.

«Don trouve des façons de gagner. Son style est différent du mien, mais il m'a appris plusieurs choses. Il est ici afin d'apporter un nouveau regard. Il apporte également de la confiance et de l'assurance, ce qui est plaisant», a noté Higgins, avant d'ajouter deux phrases qu'on peut interpréter de bien des façons.

«Il (Matthews) a dit qu'il avait déjà remis quelques joueurs à l'ordre en leur parlant pendant quelques minutes, ce que j'apprécie grandement. Je n'ai donc plus à me soucier du match de demain (ce soir), car Don a déjà remis ces joueurs sur le droit chemin», a lancé Higgins.

«Don est quelqu'un d'assez relaxe, mais il est capable de vous dire vos quatre vérités si c'est nécessaire. Et c'est quelque chose dont on avait besoin», a dit quant à lui le vétéran Éric Deslauriers.

Un match charnière

C'était un secret de Polichinelle que les Alouettes cherchaient à embaucher un entraîneur d'expérience afin de donner un coup de pouce au jeune Ryan Dinwiddie, responsable de l'attaque depuis le congédiement abrupt de Worman au camp d'entraînement. Schonert sera finalement cet homme.

«Idéalement, on aurait aimé embaucher un ancien coordonnateur offensif de la LCF, mais ils ne sont pas faciles à trouver», a admis Higgins, qui a pris soin de préciser que Schonert partait de loin dans son apprentissage du football à trois essais.

«Il est un bon ajout, mais l'entraînement d'hier (mercredi) lui a ouvert les yeux. Il ne savait pas qu'on pouvait lancer les receveurs en mouvement avant la remise du ballon», a-t-il raconté.

Schonert regardera le match de ce soir entre les Alouettes et les Argonauts de Toronto sur la galerie de presse du stade de l'Université McGill. Pendant qu'il tentera de se familiariser avec le jeu canadien, les Alouettes tenteront de remettre leur saison sur les rails.

«Tous les matchs sont importants, mais celui-ci l'est particulièrement. La différence entre une fiche de 1-4 et une de 2-3 est grande, a rappelé Higgins. Ce match pourrait très bien décider du genre de saison qu'on connaîtra.»

Duron Carter de retour

En plus d'affronter une défense en reconstruction, l'attaque des Alouettes pourra compter ce soir sur son joueur le plus talentueux pour la première fois depuis le premier match. Duron Carter se dit rétabli à 95% d'une blessure à une cheville et il a bon espoir d'être productif rapidement.

«La saison dernière, les Argos possédaient des joueurs comme Pat Watkins et Marcus Ball qui leur permettaient de jouer d'une certaine façon. C'est un peu différent cette année, et je m'attends à connaître un gros match», a indiqué Carter.

«Des performances désastreuses comme celle d'il y a deux semaines à Vancouver ne doivent pas se produire trop souvent, sinon il y aura de gros changements. On doit commencer à gagner, il n'y a plus d'excuse», a résumé Deslauriers.