Un ancien joueur des Alouettes poursuit la Ligue canadienne de football (LCF), de même que huit formations du circuit, alléguant qu'elles ont volontairement ignoré les symptômes de sa commotion cérébrale.

Dans la poursuite déposée mercredi matin devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique, l'ex-receveur Arland Bruce affirme que le circuit «savait ou devait savoir que de multiples chocs à la tête peuvent mener à des blessures à long terme au cerveau».

Bruce réclame à la LCF des dommages généraux et punitifs, de même que le remboursement de frais médicaux et de pertes de salaire. Aucune somme n'est toutefois précisée dans le document de 48 pages. En plus de la Ligue elle-même, toutes ses équipes sont visées, à l'exception du Rouge et Noir d'Ottawa, qui n'existait pas au moment où Bruce jouait.

«Il désire également informer et éduquer le public au sujet des commotions cérébrales, car la Ligue lui a caché leurs effets», explique l'avocate représentant Bruce, Robyn L. Wishart, lorsque jointe par La Presse jeudi.

C'est la première fois que la LCF est ciblée par une poursuite en lien avec les effets des commotions cérébrales sur les joueurs.

Nombreux symptômes

Bruce a amorcé sa carrière dans la LCF en 2001 avec les Blue Bombers de Winnipeg. Le 29 septembre 2012, alors qu'il évoluait pour les Lions de la Colombie-Britannique, Bruce a perdu conscience après avoir heurté un joueur des Roughriders de la Saskatchewan lors d'un match. Il prétend qu'il n'avait plus aucun souvenir de l'incident à son éveil.

Dans les instants qui ont suivi, il aurait mentionné aux médecins et aux entraîneurs des Lions qu'il souffrait de différents symptômes caractéristiques d'une commotion cérébrale, dont des maux de tête, de l'anxiété, des pertes de mémoire et des étourdissements.

Même s'il ressentait toujours ces symptômes, il aurait reçu le feu vert pour revenir au jeu le 18 novembre afin de disputer la finale de l'Ouest contre les Stampeders de Calgary. Au cours de ce match, Bruce affirme avoir subi plusieurs autres chocs qui ont aggravé son état.

Il s'est joint aux Alouettes l'année suivante et a connu une saison de 64 réceptions et de 851 verges en gains aériens.

 Dans sa poursuite, Bruce soutient qu'il présentait toujours les symptômes d'une commotion cérébrale à ce moment. Les Als l'ont libéré au terme de la campagne, peu de temps après que la LCF l'eut mis à l'amende en raison de propos homophobes tenus à l'endroit de Michael Sam, des Rams de St. Louis.

La poursuite affirme que Bruce souffre toujours de symptômes liés à une commotion cérébrale et qu'il continue de recevoir des soins de la part de médecins et de sa famille.

«Il a un peu peur de ce qu'il va vivre dans le futur», signale Mme Wishart.

Peu de réactions chez les Oiseaux

Les membres des Alouettes interrogés au sujet de cette poursuite après la séance d'entraînement de jeudi semblaient réticents à la commenter. Plusieurs ont affirmé qu'ils n'étaient tout simplement pas au courant de la nouvelle.

Le secondeur Marc-Olivier Brouillette, avocat de formation, assure cependant qu'il gardera un oeil sur cette affaire.

«Je pense que ça devrait intéresser tout le monde, surtout quand il est question de notre ligue. On a vu ce qui s'est passé dans la NFL au cours des dernières années. C'est quelque chose que je vais suivre, mais j'espère seulement pour l'instant qu'Arland est en santé et que tout se déroule bien pour lui.»

Brouillette ajoute qu'il n'a jamais entendu Bruce parler de ses symptômes pendant son séjour chez les Alouettes. «C'est sûr qu'il était l'un de mes coéquipiers, mais je ne l'ai pas côtoyé autant que certains autres», dit-il.

Dans un bref communiqué, la LCF a fait savoir qu'elle ne commenterait pas la poursuite. Elle rappelle toutefois qu'elle «prend très au sérieux la santé et la sécurité de ses joueurs» et qu'elle «a constamment pris des mesures pour prévenir, évaluer et traiter les commotions par l'entremise de (ses) règlements, de l'éducation des joueurs, et des protocoles et procédures médicaux».

Arland Bruce n'était pas disponible pour des entrevues, jeudi. Invitée à réagir, l'Association des joueurs de la LCF n'a pas répondu à la demande de La Presse.