Trois jours après l'annonce du départ de Jamel Richardson, qui a été libéré par les Alouettes en fin de soirée samedi, certains joueurs de l'équipe semblaient encore ébranlés par la décision de l'organisation.

«Ma réaction initiale a été très émotive. Ce fut difficile à encaisser, car Jamel a toujours été comme un grand frère pour moi. C'est un peu comme si vous voyiez votre grand frère partir pour l'université sans savoir quand vous alliez le revoir», a imagé S.J. Green.

Toujours pas entièrement guéri de la blessure à un genou qu'il a subie il y a environ un an, Richardson commencera presque assurément la saison sur la liste des blessés s'il signe un contrat avec une nouvelle équipe. Les Argonauts de Toronto ont déjà rencontré le vétéran de 32 ans.

Avant de le remercier, les Alouettes ont offert une diminution salariale à Richardson, mais ce dernier a préféré obtenir son autonomie sous les recommandations de son agent.

«Certaines options ont été proposées, mais elles n'ont pas été acceptées, et c'est correct. La décision revenait au joueur. À mon avis, l'organisation a tout fait en son pouvoir afin que les choses se déroulent du mieux qu'elles le pouvaient. Mais le joueur a jugé qu'il pourrait obtenir une meilleure offre ailleurs», a commenté l'entraîneur-chef Tom Higgins, hier.

«On a beaucoup réfléchi avant de prendre la décision, et [Bob] Wetenhall a participé au processus. Combien de temps une équipe peut-elle patienter lorsqu'un joueur est blessé? C'est l'une des questions qu'on s'est posées. On souhaite toujours que ça se termine comme un conte de fées, mais ça ne se produit malheureusement pas toujours», a ajouté Higgins.

Un duo dominant

De tous les joueurs de l'équipe, Green est probablement celui qui était le plus proche de Richardson. Les deux joueurs ont sans contredit formé le meilleur duo de receveurs de la Ligue canadienne de 2010 à 2012.

«On avait une saine compétition ensemble. On travaillait fort afin de se surpasser et c'est en partie grâce à lui que je suis devenu le joueur que je suis aujourd'hui», a reconnu Green, qui n'a pas hésité le moindrement lorsqu'on lui a demandé quel était son plus beau souvenir de ses six saisons passées aux côtés de Richardson.

«C'est le match de la Coupe Grey en 2010. Il a reçu le titre de joueur par excellence de la rencontre, mais on a tous deux disputé un très bon match.» Richardson avait capté 8 passes pour des gains de 109 verges, alors que Green en avait saisi 9 pour 102 verges.

Brandon London, lui, se souvient plutôt d'un jeu en particulier lorsqu'il est question de celui que l'on surnomme J. Rich.

«C'était lors de ma première saison avec l'équipe, en 2011, et on affrontait les Lions. Jamel s'est défait de quatre ou cinq plaqués avant de marquer un long touché. J'ai su dès lors que je devrais passer plus de temps dans la salle de musculation!», a raconté London, qui a pris soin de souligner que Richardson lui avait toujours montré un appui indéfectible.

«J'ai ressenti de la tristesse et même un peu de colère en apprenant qu'il avait été libéré. Jamel m'a toujours soutenu depuis que je suis arrivé avec l'équipe, et encore plus lorsque les choses n'allaient pas très bien. Il me disait toujours de garder la tête haute et de rester positif. Il était comme un grand frère pour moi.»

Le sort d'une grande majorité

Green a vu Richardson à quelques reprises au cours des derniers jours et n'a pas caché que son ami et ancien coéquipier n'avait pas très bien réagi à son congédiement.

«Compte tenu de tout le travail et de tous les efforts qu'il a investis pour cette organisation, vous pouvez imaginer comment il s'est senti d'être libéré alors qu'il était encore blessé», a laissé tomber Green.

Même s'il n'est évidemment pas d'accord avec la décision de l'organisation de remercier Richardson, Green comprend la situation. Et il sait également qu'il devient maintenant le meneur incontesté du groupe de receveurs. «C'est moi qui possède le plus d'expérience parmi nos receveurs, ce sera donc ma responsabilité de m'assurer que notre groupe restera uni. Ces décisions font partie de notre profession et on doit regarder vers l'avant.»

«C'est la réalité du football professionnel. On perd des amis et des coéquipiers chaque saison. Et tout le monde passe par là un jour. La grande majorité des joueurs se feront retrancher ou seront échangés à un moment ou à un autre», a rappelé London, qui a cependant avoué que les Oiseaux venaient de perdre un très gros morceau.

«C'était déjà étrange de ne pas voir Jamel sur le terrain et dans le caucus la saison dernière. Ce le sera encore plus de ne plus le voir dans le vestiaire et dans nos réunions d'équipe.»