Même si les négociations sont rompues entre la Ligue canadienne de football et l'Association des joueurs, le programme suit son cours dans le camp des Alouettes de Montréal, qui ont tenu vendredi leur tournoi de golf annuel, au club Elmridge.

Si tous ont déploré que les négociations en soient arrivées à ce point, bien peu étaient surpris de cette impasse.

«Compte tenu de l'ampleur de ce qu'il y avait à négocier, je ne m'attendais pas à ce que ce soit fait dans un court laps de temps, a noté le receveur de passes Chad Johnson. La différence (dans la LCF) est que même sans convention collective, nous aurons le droit de nous entraîner et c'est ce que nous comptons faire. Nous allons travailler sur ce que nous devons travailler afin d'être prêt quand tout sera réglé.»

D'ailleurs, tous les joueurs présents ont déclaré qu'ils comptaient se rapporter au camp d'entraînement, dimanche, à l'université Bishop's de Sherbrooke.

«Il y a des enjeux importants pour les deux parties et c'est très important de trouver un terrain d'entente, a avancé le quart-arrière Troy Smith. Mais tout ce que je peux faire, c'est de garder toute ma concentration sur les choses que je contrôle et ces choses, ce sont de m'entraîner, d'apprendre à mener cette attaque et d'être prêt quand la saison s'amorcera.»

Sans surprise, bien peu ont voulu commenter les points d'achoppement de ces négociations. Mais on sent que la sécurité des joueurs est un point majeur. Les joueurs souhaiteraient n'avoir qu'un entraînement par semaine avec équipement, tandis que la LCF voudrait pouvoir en mettre 28 au calendrier.

«Assurément que c'est important, a dit S.J. Green. Nous jouons 18 matchs et, parfois, nous avons tendance à vouloir trop en faire à l'entraînement. Il y a aussi ces semaines au cours desquelles vous jouez le dimanche et dès le jeudi suivant. Je pense qu'il y a des points importants à aller chercher de ce côté.»

«Plus qu'une question de sécurité, c'est davantage la façon dont les revenus sont partagés et la façon dont la ligue utilise notre image, a par contre fait valoir Duron Carter. Je crois que les joueurs souhaitent être rémunérés de façon juste sur ces points.»

Mais les différends ne sont pas assez importants pour que les joueurs boudent le camp pour l'instant. Et l'un de ceux qui est le plus heureux de cela est le directeur général, Jim Popp.

«Quand vous avez un nouvel entraîneur-chef, un nouveau coordonnateur à l'attaque et un nouveau quart, c'est certain que le camp d'entraînement est crucial.

«Je pense que tout le monde négocie de bonne foi, a-t-il ajouté. Souhaitons que ce sera réglé bientôt et qu'on aille de l'avant. De notre côté, c'est business as usual: les joueurs et les entraîneurs seront sur le terrain dès dimanche et j'espère que plus le camp progressera, moins on parlera du conflit et qu'on contentera les partisans.»

Tous souhaitent que ce soit le plus rapidement possible, particulièrement chez les Alouettes, qui répètent année après année à quel point tous les matchs à domicile, y compris ceux en séries, ont une importance capitale sur leur budget.

«S'il devait y avoir des matchs annulés, il y aurait des conséquences pour les deux parties, tout le monde en est très conscient, a indiqué le président Mark Weightman. C'est évident et c'est pour ça qu'on garde espoir que ce soit réglé avant les matchs. Il reste encore amplement de temps et je pense qu'il y a eu beaucoup de négociations ces derniers temps, nous verrons. Je ne peux pas commenter davantage que de dire que les deux parties ont intérêt à ce que ça se règle bientôt.»

À ce point-ci, Weightman n'est pas encore inquiet pour la suite des choses.

«Personne ne souhaite la grève, c'est certain. Mais ça arrive souvent que ça se règle à la dernière minute. C'est plate, mais c'est normal. Nous avons bon espoir que tout se règle avant que les matchs ne commencent.»

Déçu de l'attitude des joueurs

Autant le président que le directeur général ont déploré l'absence de certains joueurs au tournoi de golf, organisé pour financer le programme Ensemble à l'école avec le CN, qui vise à prévenir le décrochage scolaire chez les jeunes.

«Je trouve cela désolant que des joueurs aient décidé de transformer cet événement en un mouvement de protestation, alors que ça n'a rien à voir avec les négociations», a indiqué Popp, visiblement irrité.

Le receveur S.J. Green voyait par contre cela d'un autre oeil.

«Je ne crois pas que ce soit un mauvais message que les joueurs souhaitent envoyer. Chacun a droit de faire ce qu'il entend avec ces activités (...) Personne n'était obligé d'être ici, mais c'est une bonne cause et c'est pour ça que personnellement, je suis ici. Je suis ici pour montrer mon appui à la cause et à la communauté.»