Dans le cadre d'une nouvelle offensive contre la Ligue nationale de football au sujet de la santé à long terme de ses athlètes, des joueurs ayant pris leur retraite ont accusé le circuit, dans une poursuite déposée mardi, de leur avoir fourni «avec cynisme» de puissants analgésiques et d'autres médicaments, qui leur ont permis de poursuivre leur carrière avant de leur causer de sérieux ennuis plus tard dans la vie.

La poursuite, qui réclame des dommages non précisés au nom de plus de 500 anciens athlètes, accuse la NFL d'avoir mis l'accent sur les profits avant la santé des joueurs.

Afin d'accélérer le retour sur le terrain de joueurs blessés, les médecins et soigneurs d'équipes donnaient des médicaments illégalement, sans obtenir d'ordonnance et sans avertir de possibles effets secondaires, affirment les plaignants.

Certains joueurs disent n'avoir jamais été avisés qu'ils avaient subi des fractures et qu'ils ont été contraints de consommer des médicaments pour apaiser la douleur. L'un d'eux a déclaré qu'on lui a donné des médicaments anti-inflammatoires, plutôt que le soumettre à une opération, et recevait congé d'entraînement pour ne pas manquer de matchs. D'autres soutiennent qu'après des années de consommation de médicaments gratuits dans la NFL, ils sont devenus dépendants aux analgésiques.

Interrogé alors qu'il participait aux assises printanières de la ligue, à Atlanta, le commissaire Roger Goodell a fait remarquer que les avocats du circuit n'avaient pas pris connaissance de la poursuite et qu'il avait lui-même participé à des réunions tout au cours de la journée.

L'affaire surgit moins d'un an après que la NFL eut accepté de verser une somme de 765 millions $ pour régler des poursuites déposées par des milliers de joueurs à la retraite, qui l'avaient accusée d'avoir caché les risques de commotion cérébrale. Une juge d'une cour fédérale n'a toujours pas approuvé l'entente, car elle se demande si le montant n'est pas suffisamment élevé.

Les athlètes mêlés à la poursuite liée aux cas de commotion cérébrale affirmaient que les violents plaqués qui ont aidé la ligue à atteindre un niveau de popularité inégalée dans son histoire étaient responsables de la démence et des autres problèmes de santé dont ils ont été victimes.

La plus récente poursuite a été déposée en cour fédérale de San Francisco et nomme huit joueurs à titre de plaignants, incluant le quart Jim McMahon, l'ailier défensif Richard Dent et le joueur de ligne offensive Keith Van Horne, trois membres de la formation des Bears de Chicago qui a remporté le Super Bowl en 1985.

Plus de 500 anciens joueurs ont ajouté leur nom à la poursuite, selon des avocats qui visent à intenter un recours collectif. Six des plaignants ont aussi été mêlés à la poursuite liée aux cas de commotion cérébrale, incluant McMahon et Van Horne.

«La NFL était au courant des effets débilitants de ces médicaments sur tous ces joueurs et, dans son entêtement à les pousser à revenir au jeu, a ignoré la santé à long terme des joueurs», a affirmé Steven Silverman, un avocat représentant les joueurs.

«Dû au fait qu'on apaisait leurs douleurs à l'aide de médicaments, des joueurs ont développé des problèmes cardiaques, pulmonaires et nerveux; de l'insuffisance rénale; et des blessures chroniques aux muscles, aux os et aux ligaments», prétend la poursuite.

Selon Kyle Turley, qui a porté les couleurs de trois équipes en huit saisons, les médicaments leur étaient donnés comme s'il s'agissait de bonbons.

McMahon a dit avoir subi des fractures au cou et à une cheville au cours de sa carrière, mais au lieu de demeurer inactif, il a reçu des médicaments avant d'être renvoyé sur le terrain. Les médecins et soigneurs de l'équipe ne l'ont jamais informé de la nature de ses blessures, soutient la poursuite. McMahon est aussi devenu dépendant aux analgésiques, allant jusqu'à consommer plus de 100 pilules de marque Percocet par mois, même pendant l'entre-saison, relate la poursuite.

Van Horne a disputé une saison entière avec une fracture à une jambe et n'en a pas été informé pendant cinq ans, «période durant laquelle il a été soumis à un régime constant de médicaments pour traiter la douleur», peut-on également lire dans la poursuite.