Il serait faux de prétendre que les Bengals de Cincinnati forment l'équipe la plus talentueuse de la NFL. En revanche, aucune autre formation n'a plus de profondeur que celle de Queen City.

Si les Bengals ont autant de bons joueurs, c'est surtout grâce à la qualité de leurs quatre ou cinq dernières récoltes au repêchage. Ce n'est pas difficile de choisir un joueur d'exception comme A.J. Green lorsqu'on détient le 4e choix d'un encan, comme ce fut le cas des Bengals en 2011. L'organisation a toutefois également fait quelques belles trouvailles comme Geno Atkins (120e en 2010) et Michael Johnson (70e en 2009), par exemple.

À une époque pas si lointaine, les Bengals étaient pourtant la risée de la NFL lorsqu'il était question du repêchage. Le propriétaire Mike Brown investissait très peu dans le recrutement, de sorte que le groupe de dépisteurs de son équipe était le plus mince du circuit.

Les Bengals ont également longtemps fait rire d'eux parce qu'ils avaient un faible pour les joueurs à problèmes. Il y a sept ou huit ans, il ne se passait pas deux semaines sans que l'un de leurs joueurs se fasse arrêter pour une raison ou une autre. Brown a d'ailleurs avoué qu'il voulait aider ces jeunes joueurs à retrouver le droit chemin.

Le propriétaire a toutefois changé son fusil d'épaule au cours des dernières années. Il a soutenu que c'était la raison principale pour laquelle il avait accepté que son équipe participe à l'émission Hard Knocks du réseau HBO pour la deuxième fois en quatre ans, cet été. Brown tenait à ce que le reste de la NFL voie que l'image dans son club avait changé en mieux. Mission accomplie.

Un maître nommé Zimmer

Les Bengals ont de la profondeur à plusieurs positions, mais c'est particulièrement le cas sur le plan de leur ligne défensive, qui fait assurément l'envie d'une majorité d'équipes.

Le plaqueur Atkins est sans contredit l'un des cinq meilleurs joueurs de ligne défensive du circuit, Johnson a réussi 11,5 sacs en 2012, et Carlos Dunlap, Domata Peko, Robert Geathers, Brandon Thompson et Devon Still apportent tous quelque chose à l'équipe.

Même s'ils sont plus prudents que par le passé, les Bengals prennent encore certains risques calculés. C'est pour cette raison qu'ils possèdent l'un des bons jeunes secondeurs intérieurs de la ligue en Vontaze Burfict, qui n'a même pas été repêché parce qu'on le jugeait trop indiscipliné. Un vol.

La défense des Bengals devrait être très bonne pendant plusieurs saisons. Les chances qu'elle le soit seront toutefois nettement supérieures si son architecte demeure en poste.

Car la grande force de la défense des Tigrés n'est pas Atkins, Burfict ou le demi de coin Leon Hall. C'est Mike Zimmer, excellent et très sous-estimé coordonnateur défensif, qui serait un entraîneur-chef depuis déjà deux ans si on n'était pas à l'ère des matchs de 475 verges par la passe...

Green n'est plus seul

Puisqu'on n'est justement plus dans les années 70 ou 80, remporter un Super Bowl sans avoir une attaque de qualité est presque impossible. Afin de faciliter le travail du quart Andy Dalton - qui s'est essentiellement débrouillé avec Green et pas grand-chose d'autre lors de ses deux premières saisons -, les Bengals ont repêché Tyler Eifert et Giovani Bernard avec leurs deux premiers choix en avril.

Bernard a marqué ses deux premiers touchés, lundi contre les Steelers de Pittsburgh, et est le porteur de ballon explosif et rapide dont les Bengals avaient grandement besoin depuis plusieurs années. Grâce à l'ajout d'Eifert, les Bengals ont maintenant le meilleur duo d'ailiers rapprochés du circuit. Eifert et Jermaine Gresham causeront toutes sortes d'ennuis à l'adversaire, un peu comme le faisaient Rob Gronkowski et Aaron Hernandez.

Lorsque Andrew Hawkins reviendra au jeu, le coordonnateur offensif Jay Gruden aura l'embarras du choix, lui qui peut également utiliser le très fiable BenJarvus Green-Ellis et le polyvalent Mohamed Sanu. C'est sans parler d'une ligne offensive qui est très solide avec Andrew Whitworth, Kevin Zeitler et Andre Smith.

Ce qui nous ramène à Dalton. Même s'il s'améliore constamment, le rouquin est considéré comme le maillon faible de l'équipe par bon nombre d'observateurs.

Dalton n'a pas le bras le plus puissant et n'est pas un très bon athlète. Il est cependant un quart intelligent, qui ne craint pas l'adversité. Les Bengals seraient sages de le laisser poursuivre sa progression avec leurs autres jeunes joueurs, d'autant plus qu'il a démontré qu'il était capable d'être un gagnant avec les Horned Frogs de TCU.

Au fait, la pression, c'est plutôt sur Marvin Lewis qu'elle devrait être. À sa 11e saison comme entraîneur-chef de l'équipe, Lewis n'a toujours pas gagné un match éliminatoire (fiche de 0-4 en séries).

Lewis dirige une formation jeune et talentueuse, qui n'a plus aucune faiblesse importante. Le moment est venu de connaître du succès en janvier. La dernière victoire en séries des Bengals date de 1990. Non, ça ne date pas d'hier, l'«Ickey Shuffle».