Que ce soit dans la LCF ou la NFL, les lignes offensives qui ne subissent aucun changement en trois ans sont très rares. C'est un luxe qu'ont toutefois les Alouettes, puisque l'unité composée de Josh Bourke, Andrew Woodruff, Luc Brodeur-Jourdain, Scott Flory et Jeff Perrett joue ensemble depuis 2010.

«Il y a toujours les questions contractuelles, les joueurs autonomes, les retraites... On ne vit pas la même réalité au niveau professionnel que dans les rangs amateurs», a bien résumé Brodeur-Jourdain.

«Notre unité a une cohésion qui ne s'achète pas. On a la capacité de pouvoir communiquer rapidement sur le terrain et d'être sur la même longueur d'onde. Même si on prenait cinq joueurs étoiles et qu'on les réunissait, on ne retrouverait pas cette cohésion.»

Grâce à la stabilité de son personnel, la ligne offensive des Alouettes est l'une des grandes forces du club depuis plusieurs années déjà. Et en concluant de nouvelles ententes avec Perrett, Woodruff, ainsi que les réservistes Kristian Matte et Ryan Bomben au cours de l'hiver, Jim Popp a pris les moyens afin que les choses ne changent pas.

C'est peut-être aussi grâce à cette stabilité si la ligne est demeurée efficace en dépit de plusieurs changements au poste d'entraîneur. Frank Verducci est le cinquième entraîneur de la ligne depuis 2007. Ayant pris part à son premier camp d'entraînement en 2008, Brodeur-Jourdain évoluera sous les ordres d'un quatrième entraîneur différent cette année.

«C'est certain que c'est beaucoup, mais Scott Flory nous dit souvent qu'on verra plusieurs entraîneurs passer, que c'est la réalité du sport professionnel. Il y a toujours une période d'ajustement avec un nouvel entraîneur, mais jusqu'à présent, ça se déroule très bien», dit Brodeur-Jourdain.

Une question de technique

Un vieux routier de la NFL, Verducci n'a pas risqué de changer une recette gagnante en arrivant à Montréal. Selon Brodeur-Jourdain, l'entraîneur se concentre surtout sur le jeu individuel de ses joueurs depuis le début du camp.

«Les choses fonctionnaient bien avec Pat Meyer l'année dernière, alors je pense qu'il veut surtout travailler avec nous au niveau de la technique. Je pense qu'on est conscients de ce qu'on a à faire au niveau de la gestion des fronts défensifs, des blocs et de la protection du quart-arrière.»

«Verducci est un entraîneur qui est assez dur lorsqu'il est question d'erreurs de technique. Par exemple, il va s'assurer que nos pieds soient précisément dans l'angle qu'il souhaite voir sur un jeu au sol. Et si on ne le fait pas lors d'un match, il sera sévère. Il veut s'assurer qu'on applique dans les matchs ce qu'il nous montre pendant les entraînements.»

Matte poursuit son apprentissage

L'une des particularités de conserver la même ligne offensive pendant plusieurs saisons, c'est que les réservistes doivent user de patience. Choisi en première ronde du repêchage de 2010, Kristian Matte continue donc d'attendre son tour, lui qui s'entraîne au poste de centre depuis le début du camp à Sherbrooke.

«On peut voir ça de deux façons. Je peux me dire que ça fait quatre ans que je suis là et que je ne joue pas encore, ou bien je peux me dire que ça fait quatre ans que j'apprends de ce qui est, selon moi, la meilleure ligne offensive de la LCF. Grâce aux conseils de nos vétérans, je serai aussi bon qu'eux lorsque j'obtiendrai l'occasion de jouer», estime Matte.

Ancien bloqueur des Stingers de l'Université Concordia, Matte a amorcé sa carrière professionnelle au poste de garde. Et voilà qu'il est maintenant le réserviste de Brodeur-Jourdain au centre. «J'ai commencé à m'entraîner au centre l'année dernière, mais je me considère encore comme une recrue à cette position. Je peux encore jouer à la position de garde, mais depuis le début du camp, tout mon temps a été consacré à la position de centre.»

Même s'il doit se familiariser avec une nouvelle position, le joueur originaire de Saint-Hubert croit qu'il est maintenant bien préparé à jouer.

«Je me sens nettement plus prêt à jouer qu'il y a quelques années. J'avais un peu de difficulté à analyser les fronts défensifs adverses, mais je me suis beaucoup amélioré à ce niveau. Je suis prêt à jouer si l'occasion se présente.»

Ce n'est pas un hasard si la profondeur et la constance de la ligne offensive des Alouettes font l'envie de la plupart des autres équipes de la ligue. Pendant que les vétérans continuent d'offrir de bonnes performances, Matte, Bomben et quelques autres espoirs continuent d'apprendre.