Au football canadien, rares sont les athlètes qui terminent leur carrière en étant indépendants de fortune. Pour la très grande majorité d'entre eux, le passage dans la Ligue canadienne n'est qu'une parenthèse entre la vie d'étudiant et la carrière sur le marché du travail. C'est le cas de Marc-Olivier Brouillette.

Le secondeur des Alouettes de Montréal, diplômé en droit de l'Université de Montréal et récemment reçu au Barreau du Québec, a amorcé son stage final chez Robinson Sheppard Shapiro, un cabinet d'avocats de Montréal. Il a découvert que de jumeler une carrière d'avocat à celle de footballeur professionnel n'est pas de tout repos.

«C'étaient de longues journées, le cadran sonnait pas mal tôt, a raconté Brouillette, qui participe au camp d'entraînement des Alouettes, à l'université Bishop's de Sherbrooke. Je m'entraînais le matin avant d'aller passer plusieurs heures au bureau. Il y a certains jours où je devais aussi retourner pour un deuxième entraînement le soir.

«Mais le cabinet a été extraordinaire. Plus on se rapprochait de la saison, plus on me permettait de diminuer le nombre d'heures que je passais au bureau. Ils ont aussi diminué le nombre de dossiers qui m'étaient assignés afin de me permettre d'être en forme pour le début du camp.»

Dès la course aux stages, alors que Brouillette était toujours étudiant, il a clairement indiqué aux dirigeants de Robinson, Sheppard, Shapiro qu'il entendait poursuivre son rêve de footballeur. Loin d'être rebuté par cette requête, le cabinet était prêt à l'accommoder et n'a pas hésité à l'embaucher comme étudiant, puis pour son stage, raconte Charles E. Flam, associé-directeur et chef de la direction de Robinson Sheppard Shapiro.

«Je me souviens très bien de son entrevue: il nous a clairement dit que son ambition était de jouer au football professionnel et qu'il souhaiterait pouvoir le faire au début de sa carrière d'avocat. On l'a engagé comme étudiant en sachant que c'était possible qu'il joue au football. Le fait qu'il ait été repêché par les Alouettes a facilité les choses pour la tenue de son stage chez nous.»

Le stage, amorcé en janvier, n'est pas techniquement terminé: il doit être d'une durée de six mois pour répondre aux exigences du Barreau. Il a donc été convenu que l'athlète de 27 ans retournera au cabinet, où il a été très apprécié, une fois la saison terminée.

«C'est un jeune homme très intelligent, très travaillant, a ajouté M. Flam. Les gens ont beaucoup apprécié le travail qu'il a fait.»

Brouillette n'a cependant pas l'intention de mettre prématurément fin à sa carrière au football et il croit que de jumeler les deux à temps plein pourrait être difficile sur une longue période.

«La difficulté est de mener un dossier de A à Z. Je suis en discussions avec le bureau pour la prochaine saison morte. On va essayer de trouver quelque chose qui me permettrait de demeurer dans l'entourage du cabinet, mais qui me permettrait en même temps de me préparer pour la saison de football.

«On tenterait de trouver une façon de me faire travailler sans que je sois l'avocat principal sur un dossier. Ce serait de faire des requêtes à la Cour, de la recherche, des interrogatoires, rédiger des procédures: un peu ce que j'ai fait pendant mon stage.

«Je veux continuer de jouer au football le plus longtemps possible. J'ai réalisé pendant la saison morte que de jouer au football de façon professionnelle, c'est probablement le plus beau «job» au monde.»

M. Flam croit quant à lui qu'un accommodement entre le football et le droit est possible, mais prend soin de préciser que Brouillette n'est encore qu'un stagiaire chez Robinson Sheppard Shapiro.

«On n'est pas encore rendus à ce point-là, mais je pense qu'à ce moment-là, j'aurai des discussions avec lui. Je ne sais pas pour combien d'années il a l'intention de jouer au football; c'est une question que je lui poserai. C'est loin d'être exclu qu'il puisse travailler comme avocat et prendre quatre mois par année pour jouer pour les Alouettes ou au football professionnel. Notre cabinet est assez flexible pour accommoder des choix personnels.»