J'avais 13 ans, en 1994, lorsqu'Anthony Calvillo a lancé sa première passe de touché pour le Posse de Las Vegas - une équipe qui n'a évolué qu'une seule saison dans la Ligue canadienne de football. Calvillo avait 22 ans. Et j'ai eu le privilège de devenir son coéquipier lorsque j'avais 24 ans. Calvillo en était à sa 12e saison et à sa 214e passe de touché.

Il était déjà considéré comme un vétéran à cette époque, et tous se demandaient pendant combien de saisons il allait encore jouer au football. Certains craignaient que ses meilleures années ne soient derrière lui. Mais comment est-il arrivé à jouer si longtemps?

Évidemment, on ne peut pas passer sous silence le fait qu'il a joué avec d'excellentes équipes, et qu'il a été épargné de blessures majeures pendant la plus grande partie de sa carrière. L'arrivée de l'entraîneur Marc Trestman a également contribué à donner un deuxième souffle à la carrière du numéro 13.

Mais Anthony Calvillo a fait bien plus. Comme plusieurs de mes coéquipiers, je l'ai surveillé méticuleusement afin de percer le secret de sa longévité. Il savait que sa carrière prendrait fin tôt ou tard, mais il n'était toujours pas question pour lui d'accrocher ses crampons. Il avait compris que le corps vieillit, mais qu'avec une préparation adéquate et intense, il serait en mesure d'ajouter quelques exploits à son curriculum vitae, déjà bien étoffé.

Ainsi, il s'est adjoint une équipe complète pour superviser et mettre en place une structure d'entraînement et d'alimentation optimale. Avec l'aide de cette équipe, il a changé son régime alimentaire de façon considérable. Il a commencé par éliminer le gluten. D'ailleurs, je me souviens d'un voyage à Edmonton au cours duquel Anthony cherchait désespérément un restaurant qui répondrait à ses exigences bien précises. Il m'a accroché dans le lobby de l'hôtel et m'a dit: «Proulx, tu vas m'aider à trouver une place pour manger des pâtes sans gluten et tu m'accompagnes, c'est moi qui paye!» Pas besoin de vous dire que j'ai suivi les «ordres» de mon quart-arrière.

J'ai compris à ce moment-là qu'il n'y a pas d'exception ni de raccourci pour lui. Quand il a un plan en tête et une méthodologie bien définie, il n'en déroge pas. On dit en anglais que les athlètes sont des «creatures of habits», des créatures de routine. Anthony ne fait pas exception à la règle.

Comme partisans, vous pouvez le remarquer lors des rencontres: il s'assoit toujours au même endroit sur le banc des joueurs, il boit ses boissons sportives bien particulières. Il a d'ailleurs inclus une série de boissons naturelles à sa préparation physique. Il en boit une lors des rencontres matinales, une pendant les entraînements et une autre pour les matchs. Sa routine et son régime alimentaire sont donc bien établis, et il y adhère avec une discipline militaire.

Son entraînement hivernal a également bien changé depuis le début de sa carrière. Il est maintenant beaucoup plus rigoureux et mieux adapté à sa physionomie et à ses besoins. Calvillo est un disciple de la préparation physique... malgré son physique de comptable!

Cette attitude par rapport à l'alimentation et à l'entraînement n'est qu'un exemple de ce qu'il maîtrise à la perfection dans son quotidien. Il applique la même approche avec chacune des facettes de sa préparation. Voilà les clés de son succès: la rigueur et le professionnalisme. Anthony Calvillo est le modèle idéal pour n'importe quel athlète qui désire connaître une longue carrière.

Aujourd'hui, j'ai 31 ans et je suis retraité depuis deux saisons. Anthony Calvillo franchit le cap de la quarantaine et la marque des 435 passes de touché. Malgré les doutes qui planent encore sur lui, au rythme auquel il se prépare et joue au football, il serait bien possible que bien des jeunes encore voient leur carrière naître et prendre fin alors que Calvillo sera toujours en uniforme.

Longue vie à toi, mon ami AC!