Décidément, les Alouettes sont sérieux lorsqu'ils disent vouloir transformer leur défense, et ne craignent pas de poser des gestes audacieux afin d'y parvenir. L'organisation montréalaise a pris tout le monde par surprise en remerciant Étienne Boulay, hier.

Étienne Boulay et le secondeur Diamond Ferri ont été libérés au lendemain de la défaite de 22-10 des Alouettes contre les Blue Bombers de Winnipeg au Stade Percival-Molson. Ce n'est d'ailleurs sûrement pas un hasard si Boulay et Ferri ont été deux des rares vétérans de la défense à avoir beaucoup joué, jeudi soir.

«On a regardé beaucoup de bandes vidéo aujourd'hui (hier), mais notre décision n'a pas été basée sur un seul match. Il y a eu plusieurs facteurs déterminants, dont la présence de nouveaux entraîneurs», a commenté Jim Popp, hier soir.

Parmi ces nouveaux entraîneurs, il y a Jeff Reinebold. Et il faut croire que le coordonnateur n'a pas aimé ce qu'il a vu de la défense des Oiseaux des dernières années, puisque cinq réguliers se sont fait montrer la porte depuis son arrivée. Anwar Stewart, Eric Wilson et Ramon Guzman ont tous connu le même sort que Boulay et Ferri au cours des derniers mois.

Après avoir raté les 14 dernières rencontres de 2011 en raison d'une commotion cérébrale, Boulay n'aura donc disputé qu'un seul match préparatoire avant d'être remercié après plus de six années de services.

À moins d'une surprise, c'est l'Américain Kyries Hebert qui occupera dorénavant le poste régulier de maraudeur.

Boulay a commenté son renvoi des Alouettes par communiqué. Le joueur de 29 ans rencontrera les médias, ce matin.

«Apprendre cette nouvelle m'a pris par surprise. Je suis déçu. Je me voyais finir ma carrière à Montréal. Je vais digérer le tout et évaluer ce qui s'offre à moi. Chose certaine, je quitte cette organisation la tête haute. Les Alouettes m'ont toujours traité avec respect et ils m'ont permis d'être le joueur que je suis aujourd'hui. J'apprécie la franchise de Jim Popp et la manière avec laquelle ils (Alouettes) ont fait les choses. Je suis confiant pour la suite des choses.»

Un pari risqué

Parmi les joueurs québécois du club, Boulay était incontestablement le plus populaire auprès des partisans, et c'est ce qui rend son départ si étonnant. Surtout à un moment où on sent un certain détachement du public québécois pour les Oiseaux.

Sur le plan du marketing, c'est un pari risqué, même s'il y a d'autres bons joueurs québécois prêts à prendre la relève, notamment Luc Brodeur-Jourdain et Marc-Olivier Brouillette.

«Il était de loin notre joueur québécois le plus apprécié du public, et avec raison. Étienne est un très bon gars et je l'adore. Mais on ne gère pas notre équipe en fonction de la popularité des joueurs», a dit Popp.

Boulay aurait-il pu demeurer avec l'équipe à titre de réserviste? Il lui aurait fallu accepter une diminution salariale substantielle. Les Alouettes ne lui ont pas fait la proposition, mais ne ferment pas la porte à un éventuel retour, ni pour lui ni pour Ferri, qui avait accepté une baisse de salaire afin de rester à Montréal, cet hiver.

Réembauchés?

«Ce sont deux joueurs loyaux, qui nous ont toujours donné leur plein rendement. Ils savaient que leur poste n'était pas assuré dès le début du camp d'entraînement, a expliqué Popp. S'ils n'obtiennent pas un emploi ailleurs, et s'ils acceptent d'occuper un poste moins important avec nous, on accepterait peut-être de les réembaucher.»

Lorsqu'il croit qu'un vétéran ne sera pas en mesure de se tailler une place parmi les 46 joueurs réguliers du club, Popp préfère habituellement le libérer rapidement afin d'améliorer ses chances de se trouver un boulot dans une autre équipe. Le DG a souligné que c'est ce qu'il avait voulu faire dans le cas de Boulay et Ferri.

Un choix de deuxième ronde en 2006, Boulay aura disputé six saisons à Montréal, totalisant 127 plaqués en défense et 43 sur les unités spéciales. Il a réussi 11 interceptions. En cinq saisons avec les Alouettes, Ferri a enregistré 240 plaqués, 9 sacs, et 5 interceptions. Les deux joueurs ont remporté la Coupe Grey en 2009 et 2010.