La dernière fois que j'ai couvert un match à Foxborough, c'était il y a quatre ans presque jour pour jour. Plusieurs joueurs des Patriots de la Nouvelle-Angleterre ne sont plus là, mais très peu de choses ont changé à l'extérieur du terrain.

La principale différence? Belichick portait cette fois un jeans plutôt qu'un bermuda, ce qui est normalement une bonne idée en janvier. Belichick, Tom Brady, Vince Wilfork et Jerod Mayo se sont tous succédé en conférence de presse, hier, récitant les mêmes paroles arides habituelles - surtout dans le cas des deux premiers. Ils ont passé à peu près tout leur temps à tenter d'endormir les Ravens de Baltimore, les encensant jusqu'à satiété.

«Il est très difficile de se préparer pour affronter une équipe comme les Ravens. Ils possèdent quelques futurs membres du Temple de la renommée en défense, une unité qui domine depuis maintenant une décennie, et ils comptent sur Ray Rice en attaque. Ce sera tout un défi», a marmonné Belichick, levant rarement les yeux vers la cinquantaine de journalistes présents dans la salle.

«Les Ravens ont remporté au moins un match éliminatoire à chacune des quatre dernières années, ce qu'aucune autre équipe dans la ligue n'est parvenue à accomplir. Ça démontre qu'ils sont talentueux, mais également très constants», a poursuivi l'entraîneur-chef.

On s'ennuyait soudainement de Rex Ryan.

L'arrivée de Brady au podium n'a pas changé grand-chose. Il a essentiellement répété le discours de son entraîneur, à la différence qu'il souriait. Le quart-arrière émérite nous a même rappelé, lui aussi, que les Ravens avaient gagné un match éliminatoire à chacune des quatre dernières années.

Or, ni lui ni Belichick n'ont parlé de la raclée que les Corbeaux leur ont servie, il y a deux ans, à Foxborough. Un match qui n'a pas été aussi serré que la marque finale de 33-14 ne l'indique.

Avant d'écraser les Broncos de Denver, samedi dernier, les Pats avaient d'ailleurs perdu leurs trois derniers matchs éliminatoires et n'en avaient pas gagné un seul depuis quatre ans. Sont-ils plus affamés après avoir encaissé ces revers en séries?

«C'est bientôt l'heure du dîner, alors on est affamés», s'est contenté de répondre Brady au journaliste qui a posé la question. Une réponse évasive, qui était en revanche un peu moins lourde que celle offerte par Belichick.

«Le passé ne nous importe pas. On a gagné des matchs et on en a perdu. On se prépare pour les Ravens. Les matchs qu'on a disputés, il y a deux ou cinq ans, n'ont aucune importance.»

Absence de Brady à l'entraînement

La grande nouvelle de la journée est venue après la conférence de presse des Patriots. Brady n'était pas sur le terrain pour l'entraînement, auquel seuls les journalistes locaux pouvaient assister. Le numéro 12 soigne une blessure à l'épaule gauche.

N'ayez crainte, partisans des Pats, Brady sera à son poste, dimanche. Il a d'ailleurs souvent joué en dépit de blessures par le passé.

Brady est capable d'en prendre. N'empêche qu'il aura 35 ans en août, et il n'est pas sans savoir qu'une carrière est vite achevée.

Le meneur des Patriots a d'ailleurs parlé de Peyton Manning et de sa blessure au cou, hier. «Il est l'un de mes bons amis, et je ne lui souhaite que du bien. La NFL se porte mieux lorsqu'il joue. Une blessure comme celle-là nous fait réaliser qu'on est toujours à un jeu près de ne plus pouvoir exercer notre métier. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'apprécie le moment présent et le match qu'on s'apprête à disputer.»

Sauf erreur, Brady a déjà dit qu'il espérait jouer jusqu'à l'âge de 40 ans. Hier par contre, il n'a pas voulu discuter des prochaines années. «Je n'aime pas trop penser à l'avenir, surtout pas lorsqu'on se prépare à disputer un championnat de conférence.»

Il s'agira d'une sixième finale d'association pour Brady, qui a joué sa première, il y a 10 ans. Au cours de cette décennie, il est bien sûr devenu l'un des meilleurs quarts de l'histoire, mais aussi père de famille. Avec tout le temps de préparation qu'exige le football, Brady réussit-il à bien jongler sa vie familiale et sa vie professionnelle?

«Il y a des gens en qui j'ai confiance à la maison, je peux donc me concentrer sur mon boulot la tête en paix. Quand j'étais plus jeune, je n'avais pas à me soucier de trouver des gardiennes, mais ça fait partie de la vie. C'est toutefois beaucoup plus facile lorsqu'on gagne, la qualité de vie de tout le monde à la maison est alors nettement meilleure», a-t-il dit, sourire en coin.

Toujours aussi combatif et intense, le beau Tom.