Si Ben Cahoon a été le meilleur joueur canadien offensif des 10 ou 15 dernières années dans la LCF, Doug Brown a probablement été l'équivalent en défense.

Après trois saisons dans la NFL avec les Bills de Buffalo et les Redskins de Washington, Brown est arrivé chez les Blue Bombers de Winnipeg en 2001. Plus d'une décennie plus tard, le plaqueur de 37 ans s'apprête à disputer son dernier match en carrière.

«Ce n'est pas comme si j'allais annoncer ma retraite en conférence de presse dès la conclusion du match, dimanche, mais je dis depuis le camp d'entraînement que c'est ma dernière saison», a déclaré celui que l'on surnomme «Big Bird» en raison de sa taille de 6'8.

À l'origine, Brown devait se retirer l'année dernière. En raison de la saison difficile des Bombers, qui n'ont gagné que quatre de leurs 18 matchs, il a plutôt choisi d'en disputer une 11e. Après 14 saisons dans le football professionnel, Brown estime que le moment est venu de passer à autre chose.

«Mon corps est certainement prêt à passer à autre chose! Cela dit, je n'y pense pas trop à l'heure actuelle. Toute notre concentration est sur le match, même si on doit se préparer différemment en raison de tout ce qui entoure la Coupe Grey.»

C'est la troisième fois que Brown participe au match de la Coupe Grey (2001 et 2007), mais il est toujours à la recherche d'un premier titre. Le dernier des Bombers remonte d'ailleurs à 1990. S'ils réussissent à surprendre les Lions de la Colombie-Britannique, le grand meneur de leur défense pourra se retirer au sommet. «Les fins hollywoodiennes ne se produisent pas toujours», a cependant souligné Brown.

Mais si celui qui a été nommé sept fois sur l'équipe d'étoiles de la ligue a décidé de disputer une 11e saison, c'était justement afin de remporter un championnat. Ou à tout le moins, afin de replacer l'équipe sur ses rails. «Notre objectif était de restaurer l'image de l'organisation et de la ramener là où elle se trouvait jadis. Les Blue Bombers ont remporté la Coupe Grey à 10 reprises, et on ne compte plus les membres du Temple de la renommée qui ont porté leurs couleurs», dit-il.

Peu importe comment se terminera le match de dimanche, Brown pourra quitter la conscience tranquille; les Bombers forment l'une des plus jeunes équipes de la ligue, et leur avenir s'annonce prometteur. Selon le coordonnateur défensif Tim Burke, Brown a été un acteur important dans le développement de l'équipe.

«Sans vouloir diminuer son apport sur le terrain, qui est très bon, son leadership et la camaraderie qu'il entretient avec ses coéquipiers ont probablement été encore plus importants à notre succès.»

Compléter la boucle

Originaire de New Westminster, en Colombie-Britannique, Brown disputera le match de dimanche devant parents et amis, dans un endroit qu'il connaît très bien.

«J'ai joué un match de championnat dans ce même stade lorsque j'avais 17 ans. J'essayais encore de me familiariser avec le jeu à cette époque. Je reviens au même endroit, 20 ans plus tard. C'est étrange comment les choses se sont déroulées.»

Le vétéran peine toutefois à reconnaître le BC Place. «Ils ont dépensé plus d'un demi-milliard afin de le revamper, et ils ont investi à peu près 11 dollars et 75 cents de cet argent dans le vestiaire de l'équipe visiteuse», a-t-il lancé.

Avant de sauter sur le terrain pour le plus important match de sa carrière, Brown pensera à ses proches, au chemin parcouru au cours des deux dernières décennies, mais aussi à un ami disparu. L'entraîneur de la ligne défensive des Bombers, Richard Harris, est subitement décédé d'un arrêt cardiaque, le 26 juillet.

«Il demeure dans nos pensées, et je suis sûr que c'est la même chose pour les Lions. C'est d'ailleurs approprié que ce soit ces deux équipes qui participent à la finale. Il a eu un énorme impact sur les deux organisations.»

Avant de se joindre aux Blue Bombers, en 2006, Harris avait été à l'emploi des Lions de 2001 à 2004 et des Renegades d'Ottawa en 2005.

Dans les médias?

Depuis plusieurs années, Brown signe des chroniques dans le Winnipeg Free Press, ce qui laisse supposer qu'il amorcera bientôt sa deuxième carrière dans les médias.

«On peut dire qu'on aimerait faire ceci ou cela, mais on doit trouver une occasion de le faire. C'est un milieu qui m'intéresse, et j'ai essayé de garnir mon C.V. en faisant certains trucs pendant ma carrière, mais faudra voir si je recevrai des propositions. Le milieu des médias est presque aussi instable que celui du sport professionnel.»