Kerry Watkins n'entendait pas à rire, hier. L'ailier espacé, qui connaissait déjà une saison difficile, n'a pas capté une seule passe dans la défaite des Alouettes, samedi à Winnipeg. Et selon lui, l'explication pour cette improductivité est fort simple.

Watkins assure qu'il ne traîne aucune blessure, et qu'il est exactement le même joueur qu'il était de 2005 à 2010, alors qu'il a totalisé 480 attrapés en six saisons. D'après lui, la raison de sa baisse de régime (29 attrapés en 11 matchs cette saison) est son utilisation.

«Ce qu'il faut regarder, c'est le nombre de passes qui sont lancées en ma direction. Je fais ce que les entraîneurs exigent de moi, et c'est tout ce que je peux faire. C'est le choix des jeux, ça n'a rien à voir avec moi», a dit Watkins, hier.

Même s'il est âgé de 32 ans et qu'il dispute sa huitième saison dans la LCF, Watkins ne doute pas qu'il possède encore la vitesse et le talent afin d'être un joueur d'impact. «Mes habiletés n'ont pas diminué d'une miette. Ma vitesse et la précision de mes tracés ont toujours été mes plus grandes forces, mais elles ne sont pas mises en valeur cette saison», a-t-il estimé.

«Je sers d'hameçon»

Watkins a confirmé qu'on lui demandait moins souvent d'exécuter des tracés verticaux, qui mènent à des longs jeux, qu'au cours des dernières années. Estime-t-il que les Alouettes utilisent ses talents de la bonne façon?

«Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que la plupart des choses qui sont exigées de moi n'impliquent pas de capter le ballon. La majorité du temps, je sers d'hameçon afin que d'autres joueurs puissent se libérer.»

Et la majorité du temps, Anthony Calvillo lance le ballon en direction de Jamel Richardson ou de S.J. Green, qui occupent respectivement le premier et le troisième rang de la LCF avec 105 et 79 attrapés. Watkins croit d'ailleurs que le manque de variété de l'attaque des Oiseaux n'aide pas l'équipe.

«Si on n'utilise que deux receveurs pendant tout le match, on se complique la tâche. Les défenses adverses ne sont pas stupides. Nos adversaires étudient nos matchs précédents, eux aussi», a-t-il lancé.

Marc Trestman a indiqué que lui et ses adjoints s'efforçaient d'intégrer tous les joueurs de l'attaque dans les stratégies qu'ils conçoivent. «En élaborant nos plans de matchs, on veut toujours s'assurer que tous nos joueurs obtiennent le ballon. On espère toujours que les choses se dérouleront comme prévu, mais ce n'est pas toujours le cas.»

Watkins a toutefois répété à plusieurs reprises qu'il n'avait reçu que deux ou trois passes, samedi. «Lorsqu'on touche au ballon pour la première fois du match alors qu'il ne reste que 30 ou 45 secondes, c'est frustrant. Ça devient difficile de courir pendant tout le match sans jamais recevoir le ballon», a-t-il exprimé.

«Lorsqu'on perd et que je ne contribue pas, il y a toujours un peu de frustration. Mais mes habiletés ne sont pas le problème. Je fais simplement ce que les entraîneurs me demandent de faire. Ce n'est pas ma faute si je ne reçois que deux ou trois passes par match. C'est comme ça depuis le début de la saison, j'en reçois au maximum quatre ou cinq par match.»

Trestman comprend

Lorsque je lui ai parlé de l'insatisfaction de Watkins quant à la manière dont il était utilisé, Trestman a insisté pour dire que ce dernier demeurait un élément important de l'attaque. Mais le pilote a également souligné que les ailiers espacés étaient rarement satisfaits de leur sort.

«Kerry est frustré, et c'est tout à fait normal. Il a été blanchi, samedi. Mais ce n'est pas la première fois que je vis une telle situation avec un receveur, et ils me blâment toujours lorsqu'ils n'obtiennent pas le ballon assez souvent à leur goût. Il doit comprendre que les succès de l'équipe passent avant les siens.»

Bien que sa faible utilisation l'irrite, Watkins continuera de faire son boulot du mieux qu'il le peut en attendant l'occasion de prouver qu'il est encore capable d'être un receveur-étoile.

«Ma confiance n'est pas affectée du tout. Tous mes coéquipiers savent ce que je suis capable de faire sur le terrain. J'exécute mes tracés avec la même précision, j'obtiens la même séparation des joueurs qui me couvrent, rien n'a changé. Je joue à l'intérieur du système offensif, voilà tout.»